Loin d’être en mesure de généraliser pour tout le continent, j’observe néanmoins quotidiennement l’homme africain. Que ce soit au Lesotho ou en Zambie, il y a une distribution inégale flagrante du pouvoir entre hommes et femmes. C’est toutefois en Zambie que j’ai eu le dégoût de la masculinité. Une révulsion qui me ferait préférer, et de loin, être une femme en Afrique.

Première rencontre et impression masculine | Lesotho, décembre 2016

Les hommes des villages du Lesotho sont presque tous soit bergers, soit travailleurs dans des mines lointaines, soit inaptes au travail, soit trop vieux. Lorsqu’ils ne sont pas au travail, et encore, ils sont absents, saouls et/ou errent telles des âmes vides d’énergie et de buts. Ils ne font rien… ils ne sont rien.

Ce sont pourtant eux qui prennent les décisions relatives au village, à la maison et à la famille. Ce sont eux qui font acte de présence sporadiquement, dans cette société majoritairement de femmes et d’enfants, et qui imposent leurs points de vue, leurs alignements et leurs puissances. Ils prennent des décisions dont les femmes et les enfants n’auront d’autre choix que de respecter ou de tricher en cachette. Ces femmes et enfants qui se lèveront à 5 h 30 du matin pour y accomplir les dizaines de tâches quotidiennes telles : le ménage, le lavage, la cuisson, le jardinage, le travail au champ, l’entretien de la maison, les soins des bébés, l’éducation des enfants, pour ensuite s’occuper d’eux-mêmes. Ces femmes et ces jeunes prioriseront toutefois toujours l’homme (l’adulte) et subiront sa puissance aveugle.

Dans une société à proportion égale et à puissance équilibrées, je suis pleinement pour l’égalité, mais lorsque l’homme est absent et en flagrante minorité, plus de pouvoir devrait être donné aux femmes.

Heureusement, cette injustice tend à disparaître. On ne la retrouve presque plus dans les villes, en diminution dans les villages et quasiment inexistante chez les jeunes générations. Nous ne sommes pas encore à même de voir « La femme au travail, l’homme à la maison », mais ça ne serait tarder.

Déchéance du mâle | Zambie, février 2017

La Zambie est un pays tout d’abord plus pauvre, mais avant tout, enraciné dans des valeurs familiales moyenâgeuses, sexistes et oppressives. Tout comme au Lesotho, beaucoup d’hommes sont absents, saouls et/ou mazettes. Malheureusement, même si je ne suis ici que depuis peu, j’entends déjà des histoires de grossesses précoces, de sida, de viols et même de pédophilie. Ici, sans être une pratique « officielle », l’homme a plusieurs femmes, provenant de différents villages. Il peut donc, les posséder sexuellement comme bon il lui semble, sans protection, sans obligation et sans respect. Les familles sont donc surpeuplées et sous-alimentées (Je vous mets, à la fin de cet article, une liste de certains comportements que l’on voit encore ici en Zambie).

De plus, devant un contexte de l’emploi difficile à la grandeur du pays, l’homme est souvent chômeur et se fait littéralement vivre par la femme, elle-même sans-travail ou agricultrice d’un petit lopin de terre.

Qui plus est, cette pratique est normale et tolérée, voire acceptée par certaines femmes. Elles se soumettent donc à la volonté des hommes et font leur possible pour vivre avec les conséquences d’un enfant pendant l’adolescence, du sida, du traumatisme d’un viol et/ou d’un enfant de plus à nourrir.

Tranquillement, les générations féminines plus jeunes refusent et luttent contre ce comportement animal. Lorsque nous serons à même de constater un changement important de mentalité chez les femmes zambiennes, nous pourrons ensuite envisager l’évolution culturelle chez l’homme. Ce ne sera cependant pas de sitôt.

De mon côté, je me retiens tout d’abord de vomir devant de tels récits (particulièrement ceux de pédophilie). Je me cache ensuite honteusement le pénis entre les jambes, honteux d’être un homme ici, et je me concentre à encourager et promouvoir la puissance de la femme accomplie dans un monde équitable d’humains.


Exemples de comportements encore observables en Zambie

  • Priorité de l’éducation aux garçons;
  • Tâches ménagères attitrées aux filles, tandis que les garçons sont libres de jouer;
  • En âge, on enseigne aux jeunes femmes que leur but dans la vie devrait de toujours rendre l’homme heureux;
  • L’homme devrait toujours avoir priorité sur la femme;
  • Si la femme a de la difficulté à donner naissance, elle peut être battue parce qu’elle est perçue comme lâche;
  • Les nouvelles mères peuvent être punies si le sexe de l’enfant n’est pas comme prévu;
  • Ne pas être marié ou être stérile est vu comme le pire destin qu’une femme puisse subir;
  • Les femmes doivent garder le silence lorsqu’elles sont battues par leur mari;
  • Les femmes ne peuvent pas refuser les avances sexuelles;
  • Les femmes ne devraient pas s’attendre à aucune aide financière de la part du père de leur enfant;
  • Beaucoup d’entre elles croient encore à la sorcellerie et une femme avec une carrière à succès peut être perçue comme une sorcière;
  • Certains enseignants croient que les étudiantes peuvent offrir des faveurs sexuelles en échange de bonnes notes.

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