Cette deuxième famille ne remplacera jamais ma vraie famille, mais elle comble des besoins capitaux à mon bonheur. Mon amitié avec Alice et mon rôle parental envers Vanessa et Doreen correspondent à mes ancrages sacrés. Deuxième article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenu occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.
Plusieurs d’entre vous le savez, je rêve d’avoir des enfants. J’ai beau être entouré de plus de 150 quotidiennement, j’ai besoin d’une plus grande proximité avec « mes » enfants et j’aime savoir qu’ils ont besoin de moi, autant que je dépends d’eux.
Pendant mes premiers mois ici, j’ai tranquillement développé une amitié avec la manager de Butterfly, Alice. Ce qui était de simples « Bonjour, comment ça va? » est devenu des visites de plus en plus fréquentes chez elles et des vacances en famille. Nous avons, entre autres, fait de la peinture faciale, passé une journée d’équitation, et été en aventure camping, trois jours à Usisya. J’habite aujourd’hui avec elles, nous partageons une maison des plus modestes, dans un village annexé à Nkhata Bay (voir les quelques photos à la fin de cet article)
Alice
Alice a deux filles, Doreen (12 ans) et Vanessa (6 ans), de deux pères différents, 100% absents. Le père de Vanessa a été présent pendant les 3 premières années de sa vie, pour ensuite avoir été « gentiment » invité à quitter la maison, à la suite de continuelles disputes, de batailles et maltraitances physiques de sa femme et de sa fille, prétextant être saoul (ce qui semble pardonner de presque tout comportements stupides ici au Malawi). Aujourd’hui, ni le père de Vanessa, ni celui de Doreen, ne subviennent aux besoins de leurs propres enfants.
Alice a un copain, qu’elle voit occasionnellement, et est ma meilleure amie. Elle ne veut vraiment pas se réengager sérieusement avec quelqu’un et je la comprends. Elle est indépendante et adore sa liberté. Plusieurs femmes devraient prendre exemples sur elle, au lieu de pâtir dans une relation de couple malsaine. Elle subvient à ses propres besoins, et ceux de ses filles. Elle travaille chez Butterfly, mais effectue aussi un retour aux études pour terminer son secondaire et ensuite devenir comptable. Elle n’avait pas encore pu terminer ses études parce que, très jeune, elle était tombée enceinte de sa première fille.
Doreen et Vanessa
À travers mes visites, je me suis attaché à elles. Doreen à 12 ans, a un comportement très féminin et veut toujours bien paraître. Elle est aussi super responsable et mature pour son âge. En connaissez-vous beaucoup des jeunes filles de 12 ans qui se lève à 5h30 tous les matins pour laver la vaisselle familiale avant de se rendre à l’école, pour ensuite faire les courses et cuisiner pour le souper de toute la maisonnée?
Il n’est toutefois pas question pour elle de marcher en ma compagnie pour se rendre en ville, ni de se montrer de l’affection en public. Elle me réserve tous les câlins et les « je t’aime » dans l’intimité de notre maison. Comme elle est plus agée, l’attachement a été plus long, mais combien fort maintenant. Elle me le démontre d’une façon différente que Vanessa, mais j’ai quelques fois l’impression que c’est plus fort.
Vanessa, elle, c’est tout le contraire. Elle n’a aucune gêne à me serrer dans les bras ou me donner des bisous devant les autres. Elle est constamment près de moi, toujours en contact physique avec une quelconque partie de mon corps. Des fois on marche main dans la main, d’autres elle s’assoit trop près de moi, ou sur moi, et d’autres fois elle s’immobilise et espionne au-dessus de mon épaule lorsque je travaille à mon bureau. Elle a une personnalité majoritairement masculine, n’accorde presque aucune importance à son allure et est extrêmement intelligente pour 6 ans.
Je les appelle mes filles, elles m’appellent papa, elles sont les enfants dont j’ai toujours rêvé. Les enfants qui, peut-être, empêcheront l’éventualité de mon retour au Québec, pour un processus d’adoption… Sinon, je devrai affronter la situation la plus difficile de ma vie: dire adieux à mes deux filles d’adoption et une amie qui m’est très chère (Juste à en parler aujourd’hui, j’en ai la boule à la gorge).
À suivre... Mon travail
3 Comments
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C’est très intéressant Francis! 🙂 J’aime beaucoup te suivre. Pardonne mon français, mais je trouve la décision que tu as prise (de partir du Québec, de t’établir en Afrique) franchement sua’coche. 😉 Prends soin de toi!
Merci beaucoup Midorie. L’important c’est surtout d’accepter les choix qu’on fait. J’ai fais le choix de quitter mon pays natal pour m’établir dans un autre pays. J’ai accepté la plupart des avantages que ça m’apportait, mais surtout accepté les renoncements qui accompagnaient mon choix. C’est beaucoup plus facile comme ça! 🙂
L’art des “trade-offs” n’est pas facile à maîtriser. Tu sembles grandir dans cet art depuis plusieurs années, notamment depuis ton départ pour l’Afrique. C’est admirable, et je pense que les Nord-Américains (en général) gagneraient à apprendre le jeu des “trade-offs”. L’abondance, voire la surabondance, fait perdre de vue l’essentiel.