Ma vie au Malawi | Introduction

Peut-être que mon quotidien et ma routine pourront intéresser quelques-uns d’entre vous? J’ai été encouragé à vous partager quelques articles sur ma vie au Malawi (famille, maison, travail, budget, alimentation). Sur cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.

J’ai publié mon dernier article il y a de cela un an. La raison est simple, je croyais que le quotidien de ma nouvelle vie au Malawi ne pouvait intéresser personne. Je pensais que je n’avais rien de captivant à partager. Que, malgré que je n’eusse jamais été aussi heureux, personne n’aimerait m’entendre parler de mon quotidien et de ma routine. On m’a toutefois dit que j’avais tort. Que ce qui pouvait me paraitre normal et monotone était passionnant pour mes lecteurs et lectrices.

C’est sur cette idée que j’ai décidé de publier quelques articles sur ma vie au Malawi. Ils exposeront et décriront les détails de ma famille, ma maison, mon travail, ma routine, mon budget, ma nourriture et peut-être plus. Ensuite, je serai plus actif sur Facebook. Je prendrai régulièrement le temps de relater des événements au fur à mesure qu’ils surviennent. Ce blogue servira alors aux partages de plus longues ou profondes réflexions ou événements.

Faire le choix

L’objectif n’étant pas de vous convaincre que je suis comblé ou que la vie est meilleure au Malawi. J’ai personnellement fait le choix d’être heureux ici et d’accepter les avantages et les irritants de ma vie ici. Je crois que nous pouvons tous faire les mêmes choix, peu importe où nous nous trouvons dans le monde.

Apprendre à être heureux

Pour moi, le Malawi m’a permis de trouver et accueillir certaines composantes de ma définition du bonheur. Il m’a introduit à une meilleure alimentation, à un rythme ralenti, à des responsabilités valorisantes, à des attentes raisonnables de mes performances, à un amour familial inconditionnel, à un côté humain souvent déstabilisant.

Tous des apprentissages qui seront applicables indépendamment de l’endroit où je me trouverai plus tard. Tous des acquis cruciaux pour m’éviter de revenir à ma vie précédente meublée de surplus de poids, d’anxiété, d’épuisement professionnel et de solitude. Et attention! Je ne blâme ABSOLUMENT pas mes emplois, mes collègues, ma famille ou mes amis. Je n’avais aucune raison d’être malheureux. Je n’avais simplement pas appris à être heureux. Ce à quoi j’espère m’être amélioré depuis les deux dernières années.

Sur ce, je vous laisse découvrir mon nouveau bonheur dans ces articles à venir…


Ma vie au Malawi | Quotidien

Je ne pensais jamais dire cela un jour, mais une routine ça s’apprivoise. Le quotidien monotone évolue et devient engageant. Mon quotidien, je l’aime heures après heures. Quatrième article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.

Notez que depuis Janvier 2019, j’ai délaissé mon rôle d’enseignant (sauf pour informatique) pour me concentrer à celui de directeur.

Jours de semaine

5h45

Se lever + Café! + Déjeuner

6h30

Pousse pousse pousse de la crotte, pour oublier la honte

7h00

Conduire 80 enfants à l’école

Autobus scolaire plein

8h00

Enseigner aux 5e année

11h00

Servir 100 dîners

11h30

Enseigner « Computer » et « Life skills »

14h30

Reconduire 80 enfants à la maison et travail administratif

17h00

Préparer le souper

18h30

Souper en famille

19h00

Se doucher

19h30

Jouer et passer du temps en famille

Discussions, cartes, jeux de société, films, etc.

20h30

Se coucher

Fins de semaine

Samedi

Varie entre aller à la plage, faire le ménage ou mon lavage (à la main), magasinage à Mzuzu, temps en famille

Dimanche

Préparation de mes cours pour la semaine

À suivre... Mon budget


Le don de soi

Donner. Un acte si simple et fréquent. On s’imagine souvent qu’on donne beaucoup, mais dans la plupart des cas, on pense plus souvent à nous qu’aux autres. J’ai élaboré une échelle beaucoup trop simpliste des étapes du don de soi. J’ai cependant besoin de votre collaboration pour la mettre à l’épreuve et l’améliorer. Tout particulièrement important en ce début de la nouvelle année.

Donner. Un acte destiné à se départir d’un peu de nous dans l’espoir de combler un besoin, de satisfaire un désir ou de réjouir l’autre. Il est malheureusement devenu un geste d’échange ou de négociation entre deux entités avares de pouvoir, de possessions, d’attention, etc. En voici quelques exemples :

Une compagnie partage une portion (plus ou moins infime) de ses profits pour une bonne cause, mais s’empresse de placarder tous les canaux de communications possibles afin de faire briller leurs actes et, impérativement, soutirer un capital de sympathie d’une clientèle actuelle ou potentielle. Ce capital se traduira inévitablement en une hausse des ventes.

À l’approche de Noël, on s’oblige à se rendre dans les magasins et on fait toutes les allées à la recherche d’une idée de cadeau à offrir à l’une de nos connaissances qui (on le sait) nous aura acheté quelque chose.

Dans toutes nos discussions, nous prenons un malsain plaisir d’étaler tout ce que nous avons fait pour les autres, d’énumérer tout ce que nous avons donné et de citer tous les compliments que nous avons reçus en retour. Nous oublions souvent que rester humble est aussi un signe d’altruisme.

Pour flatter notre propre égo, nous acceptons d’aller souper avec un(e) ami(e) avec l’arrière-pensée que cette personne le mérite. Que nous sommes une personne tellement spéciale que de lui octroyer un peu de notre temps est nécessairement lui faire le don ultime de soi. On imagine qu’on pose se geste purement pour l’autre.

Nous partons pour un voyage humanitaire dans un pays sous-développé dans l’espoir de changer le monde à nous seul. Rendus sur place, nous ne faisons rien pour que nos actions persistent après notre départ. Nous avons besoin de savoir que cette communauté nécessite notre aide et que sans nous, elle serait perdue. C’est flatteur, mais tellement égocentrique. (Pour plus d’allocentrisme, lisez mon article « Q & R : Comment pratiquer le bénévolat éthique? 7 règles »)

Mon échelle beaucoup trop simpliste

J’ai élaboré une échelle beaucoup trop simpliste des étapes du don de soi. Dans cette échelle, ne percevez pas seulement le côté matériel ou palpable du mot « donner ». Le terme peut signifier un objet oui, mais surtout donner de son temps, de son écoute, de son admiration, de son respect ou de son amour.

1. Tu reçois toujours et ne donnes jamais.

 

2. Tu donnes si tu reçois immédiatement après, ou seulement si tu sais que tu recevras en retour, sous peu.

 

3. Tu donnes et espères recevoir plus tard. (Plus tu avances dans cette étape, plus le terme « tard » devient élastique)

 

4. Lorsque tu reçois, tu te sens obligé de donner en retour. (Dans le sens où tu ne mérites pas d’avoir reçu et qu’une force intérieure te pousse à redonner en retour)

 

5. Tu donnes et n’attends rien en retour.

 

6. Donner te rend plus heureux que de recevoir, à tous les coups.

Dépendamment de la situation, à quelle étape êtes-vous? Allez, soyez honnêtes avec vous-même. Il n’y a aucun problème à être à l’étape 1. Le problème est lorsque nous sommes à l’étape 1, qu’on le sait, et qu’on ne fait rien pour passer au niveau 2.

Peut-être désirez-vous améliorer mon échelle? J’attends vos idées et suggestions.


Q & R : Comment pratiquer le bénévolat éthique? (7 règles)

De nos jours, il ne suffit plus de faire du bénévolat; il faut le faire adéquatement et éthiquement. Toutefois, avec tout le marketing qui est fait autour du sujet, il est difficile de s’y retrouver et de bien choisir. En m’inspirant de mes lectures exhaustives sur le sujet, ainsi que de mes expériences sur le terrain, je vous dresse mon propre portrait du bénévolat éthique, en sept règles.

Règle 1 : Éviter les vacances de câlins pour orphelins

(Don't go on a 'Hug an orphan' vacation)

C’est agréable des câlins. On aime tous se serrer dans nos bras et je suis moi-même un fervent adepte du câlin. Se pourrait-il toutefois que certains de nos câlins aient comme conséquence de blesser au lieu d’aider? Lorsqu’on serre un orphelin dans nos bras, le faisons-nous pour eux ou pour soi-même?

C’est malheureusement possible que l’on ait un impact négatif sur les gens qu’on a l’intention d’aider, volontairement ou non. Les bénévoles sont souvent attirés par le travail auprès des orphelinats, car ce genre d’implication est perçu comme une façon directe et concrète d’aider. Toutefois, les présences transitoires de nombreuses personnes non qualifiées à travailler auprès des enfants vulnérables peuvent avoir d’énormes effets négatifs chez l’enfant.

Beaucoup de projets de protection de l’enfance sont d’excellents projets, mais si vous n’êtes pas un professionnel formé et qualifié, il se peut que vous ne soyez pas le meilleur candidat pour venir en aide aux orphelins vivant des situations particulières et difficiles. Réfléchissez d’abord à ce que vous êtes qualifié à faire. Peut-être existe-t-il d’autres tâches importantes où vous seriez vraiment utile pour le projet?

Le bénévolat auprès des orphelinats cache aussi un autre problème encore plus sournois : l’explosion de la commercialisation et de la profitabilité du bénévolat. Comme dans n’importe quelle organisation à but lucratif, la règle de l’offre et de la demande s’applique, malheureusement avec une approche beaucoup plus perverse. Le passé a montré que si vous construisez un orphelinat, les orphelins deviendront disponibles. Les opportunistes peuvent donc profiter de la situation en exploitant des enfants vulnérables afin d’attirer les bénévoles. Les instances gouvernementales sont même souvent contre la création des orphelinats et préfèrent de loin le placement des enfants chez les proches de la famille ou dans d’autres milieux familiaux, plutôt que de les séparer de leur communauté.

Nécessairement, je serre constamment des enfants dans mes bras (même si je me freine souvent par préoccupation des différences culturelles). Toutefois, je n’ai pas encore travaillé auprès d’orphelinats et ma description de tâche ne se limite pas à « envoyer la main aux enfants », « jouer à se taper dans les mains » et « serrer dans ses bras un enfant par heure ». J’ai une implication primaire souvent pleine de sens et je garde en permanence une conscience sur l’impact de mes actions. Je m’assure aussi que les gens avec qui je travaille, particulièrement les enfants, savent que je suis ici pour un temps déterminé et qu’un jour, bientôt, je les quitterai.

Règle 2 : Ne bâtissez pas un bâtiment vide avec votre nom dessus

(You people love empty buildings with your name on them)

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Plusieurs organisations sont souvent accusées, par les communautés locales, d’aimer les bâtiments vides avec le nom du commanditaire en grosses lettres sur leurs murs. L’organisation s’installe, construit une école, rapporte le succès de leur projet aux donateurs et retourne dans leurs pays. Malheureusement, la communauté locale n’est pas impliquée dans le processus de prise de décisions et est souvent, par la suite, incapable d’entretenir le bâtiment ou de payer les salaires des professeurs. En plus d’être un gaspillage important d’argent, cette situation est facilement évitable.

Soyez sensible aux besoins de la communauté locale. Assurez-vous que le projet pour lequel vous travaillez répond aux réels besoins de la communauté locale et pas seulement aux besoins des bénévoles. Sans l’accord, la complicité et la responsabilisation des habitants de la région, la durabilité du projet devrait être mise en question.

Lorsque la nature même de l’organisation est fondée sur la profitabilité, la satisfaction des besoins des bénévoles passe souvent avant ceux de la communauté d’accueil. En faisant bien vos devoirs et en vous impliquant un minimum d’un mois pour l’organisation sélectionnée, vous pourrez réduire les risques de travailler dans le vide.

Règle 3 : Soyez un atout, pas une nécessité

(Be an asset, not a necessity)

Soyez réaliste. Vous ne serez pas là à l’infini. Si le projet devient dépendant à votre présence et que vous quittez, comment aurez-vous aidé au final? Vous ne devriez jamais remplacer un professeur, un ouvrier ou tout autre membre de la communauté capable de faire le travail. Votre présence pourrait entraver la création d’emplois locaux et le succès d’un programme d’aide se mesure souvent par sa pérennité.

Certains diront que de faire quelque chose est toujours mieux que de ne rien faire. Oui, mais n’est-ce pas une belle façon de se trouver une excuse? Pourquoi se limiter à « faire quelque chose »? Je croise beaucoup trop souvent de bénévoles venus en Afrique principalement pour peinturer les murs d’une école, pour construire une route ou pour nettoyer les champs. Sauf dans les cas où votre expertise est nécessaire pour ce genre de tâches, vous devriez laisser la place à un habitant de la communauté. Vous pouvez faire tellement mieux si vous le voulez vraiment.

Tentez d’avoir une meilleure vue d’ensemble. Mettez à profit votre expertise et, surtout, transférez vos connaissances à une personne qui pourra prendre la relève lorsque vous ne serez plus là.


Prochaines règles à venir...

Règle 4 : L’homme blanc dans une armure brillante

(White in Shining Armour)

C’est le fameux syndrome du héros blanc en habit kaki.

Encore aujourd’hui, le bénévolat international est souvent vu comme une nouvelle forme de colonialisme. L’homme blanc, venu pour sauver le pauvre monde de leur pauvreté. « Sauvez le monde », « Faites une différence colossale », « Sauvez les victimes » sont quelques-unes des formules marketing qui encouragent un déséquilibre malsain dans une relation « donneur » et « receveur ».

Avant même d’arriver en Afrique, je suis passé en mode « enfant » afin d’ouvrir mon esprit, d’apprendre davantage et de rester humble dans mes approches. En tant qu’enfant, j’ai tout à apprendre de cette société bien différente de la mienne et les gens que je rencontre se font un plaisir à m’enseigner ce qu’ils connaissent beaucoup mieux que moi.

Soyez honnête avec vous-même. Tenez-vous loin des doctrines du genre « Nous avons tout et ils n’ont rien ». Évitez de voir votre expérience comme un acte de « don », mais plutôt d’échange. Et tout échange est constitué d’une part de « donner » et d’une part de « recevoir en retour ». C’est en apprenant plus sur l’autre et en comprenant mieux leur culture que vous serez en mesure de bâtir une réelle solidarité. En adoptant un rôle d’enfant (ou d’apprenant), vous donnez aux habitants de votre communauté d’accueil le respect qu’ils méritent.

Uniquement à travers les rencontres que vous faites, vous seriez surpris de l’échange culturel qui peut se créer. Beaucoup de gens que vous rencontrez n’ont pas la chance de voyager à l’étranger comme vous et moi. Certaines personnes n’ont même jamais rien vu d’autre que leur propre village. Vous leur apportez donc l’opportunité d’en apprendre plus sur votre propre culture, en même temps qu’ils vous en enseignent sur la leur.

Par exemple, en étant une femme libre et indépendante, vous démontrez et promouvez les progrès et les droits de la femme. Les femmes de la localité remarquent assurément que vous voyagez en toute égalité à l’homme. Ne sous-estimez pas l’effet positif que cela puisse avoir chez elles. Vous êtes peut-être même un modèle pour certaines et vous en inspirez certainement plusieurs autres.

Règle 5 : Profiter de la pauvreté

(Profiteering from Poverty)

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Si le but d’une organisation est de maximiser les profits en soutenant l’image de la pauvreté et de la misère, il y a un problème fondamental dans le modèle de cette organisation. Plusieurs d’entre elles utilisent la pauvreté pour assurer une profitabilité et encourager une raison d’être de l’organisation. Qu’arrivera-t-il à long terme à cette « entreprise » si la pauvreté est réduite, voire éliminée dans la communauté où elle œuvre? Si les revenus de cette organisation dépendent de la misère des gens qu’elle « aide », il n’est pas dans l’intérêt de celle-ci d’éradiquer le problème à jamais.

Il ne faut toutefois pas confondre profitabilité et autosuffisance. Il est dans l’avantage de toute organisation de développer des activités génératrices de revenus. Celles-ci réduiront la dépendance aux donateurs et permettront certainement de développer l’emploi local.

Règle 6 : Faire une énorme différence… en deux semaines?

(Make a huge difference"… in two weeks?)

Ça prend du temps pour un bénévole avant d’être vraiment utile. Même le plus compétent et éduqué des bénévoles devra passer par une période d’ajustement préalable; que ce soit pour s’adapter à la culture locale que pour se sentir à l’aise autour du projet pour lequel il est impliqué. Soyez conscient des énergies et des ressources qui doivent être mises en place par l’organisation afin d’organiser votre accueil et votre intégration. N’oubliez pas aussi que le bénévolat de courte durée nécessite probablement plus de ressources pour l’organisation qu’elle lui en permettra de bénéficier. Plus longue sera votre immersion, plus grande sera votre réelle contribution à la cause.

Vous vous demandez alors probablement combien de temps vous devriez accorder pour votre bénévolat afin d’espérer faire une réelle différence. Répondre à cette question est un peu comme répondre à la question : « Combien longue devrait durer une relation amoureuse? ». Dans les deux cas, le mieux étant le plus longtemps possible, mais d’autres facteurs entrent en jeu : le type de projet, l’endroit, vos talents, vos responsabilités, vos attentes, etc.

Je crois beaucoup à une durée minimale d’un mois. Toutefois, je réalise qu’en un mois, je commence tout juste à mieux comprendre la réalité de l’endroit où je suis. Je recommande, ainsi que TheEthicalVolunteer, une durée d’au moins trois mois. Le premier vous permettant de vous adapter et d’en apprendre plus sur l’endroit, la culture, les gens, le projet et vos responsabilités. Le deuxième pour vous poser des actions concrètes et adaptées, et bâtir un programme solide et adapté. Finalement le troisième vous permettant de transférer vos connaissances et responsabilités à un habitant local afin d’assurer une continuité de vos efforts. Ne vous en faites pas, comme dans tout emploi, vous aurez du temps libre pour vous permettre de visiter et de profiter de tout ce que votre pays d’accueil aura à vous offrir. De plus, durant ces quelques mois, vous aurez le temps de développer des relations d’amitié avec les habitants locaux. Ces amitiés enrichiront votre expérience de bénévolat et constitueront des souvenirs inoubliables.

S’il vous est absolument impossible de le faire pour un minimum d’un mois, rester simplement réaliste sur les changements que vous pourrez apporter. Peut-être une implication locale à plus long terme, dans votre ville, serait plus bénéfique autant pour vous que pour les gens que vous désirez aider.

Règle 7 : Faites vos devoirs

(Do your homework)

Ça prend une arrogance aveugle pour s’imaginer pouvoir sauver le monde en ne connaissant presque rien sur la culture, les politiques, l’histoire et l’économie du pays que l’on prévoit visiter. Faites vos recherches. Connaissez les facteurs qui ont favorisé le développement du pays et ceux qui ont contribué à ses difficultés passées et futures. Choisissez aussi des organisations et des projets qui encouragent la durabilité de ses résultats, qui insistent sur l’implication des membres de la communauté, qui aspirent à se retirer de l’endroit dans un futur plus ou moins rapproché et qui respectent les sept règles du bénévolat éthique.

Sites de recherche pour bénévolat

Pendant mes recherches colossales d’organisations pour lesquels je pourrais, dans les 11 pays que je prévoyais visiter en Afrique, je me suis retrouvé avec certains sites préférés pour la recherche de bénévolat. Ceux-ci sont souvent gratuits pour les organisations et affichent des projets dont les coûts sont réalistes et minimes pour les bénévoles.

 

Comme vous pourrez le constater, je trouve difficile de m’y retrouver sur les sites trop populaires tels que Workaway.info , Wwoof.net ou Helpx.net . Je crois que l’on peut assurément trouver d’excellents projets sur ces sites, mais il faut y accorder plusieurs heures de recherches et de tris afin d’éliminer les offres de types « Vacances de câlins pour orphelins » (voir la règle no 1 du bénévolat éthique ), « Venez construire et peinturer une classe vide » (voir la règle no 2 du bénévolat éthique) ou « Venez sauver le monde » (voir la règle no 3 du bénévolat éthique).

 

Sans prendre la responsabilité de leurs affichages, je retrouve plus facilement le genre de projets que je recherche sur les sites suivants:

Montrer aussi du respect pour la culture que vous visitez en apprenant quelques mots de la langue locale. L’effet sera instantané. Vous déclencherez souvent la surprise, régulièrement les rires, mais vous profiterez incontestablement d’un capital de sympathie de la part des gens avec qui vous interagirez.

Finalement, ne pensez pas atterrir dans un pays, sans connaissance de leur réalité, y passer quelques mois et escompter le sortir de la misère. Par exemple, ça fait des milliers d’années que l’Afrique est touchée par la pauvreté et des millions de personnes tentent constamment de résoudre le problème, au niveau local et international. Je ne dis pas que vous ne pourrez rien faire pour l’Afrique. Vous pourrez sans aucun doute améliorer la vie d’une partie de la population ou d’une cause, mais gérez vos attentes et ayez des rêves réalistes.

En faisant vos devoirs correctement toutefois, vous serez plus préparé, plus confiant et vous augmenterez vos chances d’avoir une influence positive auprès de la communauté que vous visitez.

Librement inspiré de TheEthicalVolunteer.com

Cet article est grandement inspiré des 7 péchés capitaux du mauvais bénévole (« 7 Deadly Sins of bad volunteering ») décrits sur le site TheEthicalVolunteer.com/Education. Sans toutefois valoriser tout le contenu du site, je crois que ses énoncés représentent bien ma vision du bénévolat. À ces péchés, j’ajoute mon opinion, mes commentaires, mes expériences ou mes propres histoires.


Inutile et sans espoir

Certains jours, je me sens littéralement inutile et sans espoir. Je n’ai pas besoin de vous dire que ces jours sont difficiles et douloureux, mais ils sont surtout provocants. Ils engendrent souvent une suite de décisions et d’actions inspirantes et marquantes dans ma vie. Sans savoir si mes sentiments noirs d’aujourd’hui sauront créer la lumière de demain, je vous amène avec moi dans ma petite déprime.

J’ai beau être débordé de tâches et d’objectifs avec Stepping Stones, l’école où j’enseigne, j’ai quand même un étrange d’impression que j’en fais si peu lorsque je vois tout ce qui pourrait être accompli autour de moi. Stepping Stones est un OBNL et, en plus de posséder des centaines de ressources uniques au pays et d’offrir un enseignement considérablement progressif, accepte gratuitement un enfant pauvre pour chacun des étudiants payants. Ce ratio est aussi vrai pour le programme de repas scolaire : 30 élèves mal nourris mangent gratuitement tous les jours un diner complet et nutritif. Alice, la directrice de l’école, supporte aussi financièrement et matériellement deux écoles préscolaires, des regroupements de femmes et des dizaines de jeunes handicapés de la région. Je ne compte plus le nombre d’actions qu’elle a posées pour aider tous ces gens.

Nécessairement, moi, ici, je fais partie de ce mouvement d’entraide et d’amélioration du sort de plusieurs jeunes et moins jeunes. Je permets à des mères de rêver qu’un ou plusieurs de leurs enfants aient accès à une excellente éducation, de ce fait même à un avenir prépondérant. J’ai aussi, il y a deux mois, été touché par deux petits diamants d’enfants pour qui j’ai défendu leurs acceptations dans notre école gratuitement, malgré que l’ordre était de suspendre les nouveaux étudiants sans frais, le temps qu’Alice était absente.

Mphatso, l'un des 3 diamants que j'ai accepté gratuitement à l'école

Malgré tout, je suis payé pour faire tout cela, et quand même mieux que la majorité des gens qui m’entourent; avec mes maigres 120 $ par mois. Je vis aussi comme une princesse, avec de l’électricité (la majorité du temps), une douche (quelques fois chaude), une toilette qui chasse et un lit à deux places. J’ai mes repas cuisinés pour moi et une alimentation complète et variée. Malgré tout, je continue de recevoir des demandes personnelles de soutiens monétaires, d’investissement ou d’aide chaque jour. Malgré tout, je suis témoin de dizaines de situations difficiles où mon aide serait appréciée; si j’avais plus de temps, d’argent ou de contacts. Malgré tout, j’ai toujours un pincement au cœur égoïste lorsque j’offre mon argent personnel. Et, malgré tout, j’ai régulièrement une dissonance que mon apport est minime, presque inutile.

Nécessairement, si mes actions inutiles d’aujourd’hui n’auront aucun impact demain, je perds espoir... des fois. Je me dis trop souvent « à quoi bon ». À quoi bon continuer de cogner sur un clou qui s’enfonce dans une planche dont l’autre extrémité est en train de brûler?

Ce n’est pas toujours évident d’accepter de pouvoir en faire si peu, ou de réaliser qu’on ne sera jamais un Gandhi ou une mère Thérésa de ce monde. Quand on prend conscience de tout ce qui est mis en place dans le monde pour tenter de le changer et de le rendre meilleur, mais que personnellement, nous n’améliorons pas grand-chose, on finit par se sentir inutile et sans espoir.

Certain(e)s me disent que je dois simplement accepter que je ne sois pas en mesure de changer ce qui ne peut pas être changé. Cependant, où se situe la limite entre l’abandon et le lâcher-prise? Le savez-vous?


Exposition sélective

J’ai fait le choix, plus ou moins conscient, de ne plus m’exposer à la négativité et aux noirceurs de notre monde. Ainsi, je reste positif, plein d’espoirs et capable de trouver des solutions.


Les émotions de la mise au point

Aujourd’hui, un an après le grand départ, j’ai visionné des vidéos d’avant et de pendant mon aventure. Plein de sentiments sont venus me visiter et beaucoup de questionnements ont fait surface. Ils se sont toutefois concrétisés en deux émotions contradictoires : le doute et la certitude. Leur dissonance m’a permis de faire le point sur la vision de mon avenir.

Le doute

Un premier doute à savoir si j’étais si malheureux que ça avant de partir. Assez malheureux pour provoquer un si grand changement dans ma vie? Et un second doute à savoir si une partie de mon objectif a été atteint. Les changements sur ma personne sont incontestables; c’est impossible que je n’aie pas changé, et j’ai la certitude que c’est pour le mieux. Mon objectif d’amélioration intrinsèque est donc en progrès.

Pourtant, qu’en est-il de mon objectif d’accomplir quelque chose de significatif chez les autres? Dans le monde? J’ai peut-être changé la vie de quelques personnes et j’en ai peut-être inspiré d’autres, mais j’ai toutefois l’impression que je n’ai fait qu’accaparer tout ce que j’ai vu et vécu. Que mon impact, en Afrique ou au Canada, n’a été que superficiel et effervescent. Qu’on parle déjà de moi au passé : « Il a été courageux de tout vendre », « Il est parti seul en Afrique pendant 1 an. », « Il a aidé, de son mieux, beaucoup de gens ». Aussi, je présume qu’on se pose des questions telles : « Mais où est-il maintenant? », « Que fait-il? », « Continue-t-il? », « Pousse-t-il le défi encore plus loin? », « Où puis-je voir les traces de son passage? », « Quel héritage a-t-il laissé aux gens qu’il a aidés? », « Et demain? »… Quoi demain!?

C’est probablement encore beaucoup trop tôt pour penser à demain. Si j’y vais toutefois par élimination, je sais que je ne retournerai pas à un emploi permanent à temps plein; au mieux par contrats, idéalement quatre jours par semaines. Je ne retournerai certainement pas encore aux études, j’ai assez donné; au mieux des formations. Je ne m’installerai pas en grande ville, car je déteste; au mieux en banlieue. Non. Mon demain sera plutôt un heureux mélange de mes ancrages sacrés : en présence d’enfants, avec un impact chez les autres, créant pour moi ou mon organisation, et idéalement à un endroit fixe. Je ne sais toutefois pas encore quoi, où, quand, avec qui, etc. Tant de choix. Trop de choix. Je peux bien avoir de la difficulté à choisir.

La certitude

Je veux des enfants! Mon enfant, mes enfants. J’ai beau travailler avec 90 tous les jours et en côtoyer d’autres sur une base personnelle, ça reste que le soir, quand le soleil se couche, ce n’est pas chez moi qu’ils dorment. Ce n’est pas moi qui les verrai grandir toute leur vie et ce n’est pas à moi qu’appartiennent la responsabilité et la gratitude de leur éducation (au sens large). Et c’est loin d’être égoïste. C’est simplement que je suis certain aujourd’hui que je serai un bon père (pas parfait) et que je suis prêt à donner de moi de la façon dont doit le faire un parent pour son enfant.

Je n’en peux plus d’attendre de trouver la « bonne » personne. Je suis épuisé de « chercher », ou pire, de « choisir » l’amour (relation de couple). Je vais laisser l’amour entrer dans ma vie de la même façon dont mes ancrages sacrés se sont révélés à moi : tout d’abord en me surprenant au moment où je m’en attendais le moins; à naître au plus profond de ma poitrine pour lentement monter dans ma gorge; à me décrocher un sourire unique; à atterrir dans la lueur de mes yeux et à me faire pleurer de joie. En attendant que ce moment magique survienne, j’entreprendrai surement des procédures d’adoptions. Bien que le processus soit des plus difficiles et long, encore plus spécialement pour un père célibataire… ce n’est pas grave, il n’y a rien à mon épreuve et je suis très patient.


Se sentir aussi vivant, depuis longtemps

Malgré mes aventures de la dernière année, il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant. Cette excursion en direction de Livingstonia se révéla beaucoup plus difficile que je ne l’aurais imaginée, mais comment plus révélatrice du dépassement de soi et éloquente de la force du mental et du corps humain.

Mushroom Farm | Livingstonia, Malawi

Le 14 octobre dernier, nous partions pour une fin de semaine à Livingstonia. Nous étions trois adultes et deux enfants : deux bénévoles (Leah et Bridget), moi et deux enfants (Matthews et Natasha) de ma classe à qui je voulais offrir une fin de semaine spéciale. Rappelons que presque tous les Malawiens et Malawiennes, spécialement les enfants, n’ont jamais eu la chance de voir autre chose que leur propre village natal. Je voulais les faire rêver et leur donner l’espoir qu’ils puissent découvrir le monde un jour.

S’y rendre

Il fallait d’abord se lever à 4 h du matin afin d’attraper les premiers minibus vers Mzuzu et ensuite vers Chitimba, d’où nous amorcerions une randonnée de trois heures. Pour sauver des sous, j’avais décidé de ne payer que deux places et d’assoir un des enfants sur moi. Rappelons aussi que les minibus africains sont reconnus pour « packter » les gens pire que des grains de riz dans une canne de DaintyTM (les gens qui l’ont expérimenté sauront de quoi je parle). Je me suis ainsi retrouvé sur le dernier siège au fond du véhicule, assis sur une planche de 2 par 8 avec un enfant de 12 ans sur mes genoux… pendant 6 heures.

J’étais au fond, à gauche, avec un enfant de 12 ans sur mes genoux
« packter » les gens pire que des grains de riz dans une canne de Dainty

L’ascension

À notre arrivée à Chitimba, après m’être déplié huit fois et avoir donné 15 minutes à mon cul et mes jambes pour revenir à la vie. Nous commencions notre ascension vers Livingstonia. Ce petit village perdu à 3000 pieds (900 m) d’altitude dans les montagnes du nord du Malawi offre une vue imprenable sur la chaine de montagnes de la région et sur le lac. Fallait toutefois s’y rendre.

Nous voulions effectuer la montée seuls, sans guide, en suivant le chemin le plus facile, sans raccourci, pour ne pas nous perdre. Pendant les premières deux heures, nous avons monté un dénivelé important, à un bon rythme, zigzagant le flanc de la montagne. Sauf que le soleil jouait contre nous. Sans vent pour nous rafraichir, la chaleur accablante nous vidait de toute notre énergie. C’est pourquoi nous avons décidé de tenter de prendre quelques raccourcis. Ceux-ci, beaucoup plus apiques, nous auraient toutefois fait sauver du temps si ça n’avait été des risques que nous prenions.

Malgré un doute qui s’était planté dans mon esprit en voyant un énorme tronc d’arbre à l’entrée du dernier raccourci, qui semblait dire « ne pas emprunter ce raccourci », nous avons commencé notre ascension. Que dis-je… notre escalade. J’étais en tête du groupe, à utiliser les techniques d’escalade que j’avais apprises à Vancouver, et à tester la sureté du chaque pas et chaque poigne. Chaque pas comportait un risque énorme de faire glisser la terre sous mes pieds. Chaque poigne risquait de faire décrocher la pierre ou la racine que ma main venait de saisir. À mi-chemin de ce long raccourci, nous aperçûmes des babouins traverser le passage à quelques dizaines de mètres au-dessus de nous. C’est alors qu’une énorme pierre venue s’écraser, à pleine vitesse, sur ma main gauche, sans que je puisse la voir venir. Un des singes avait dût la faire rouler (non intentionnellement je l’espère).

Les dégâts de la pierre roulante sur mon bras
Les dégâts de la pierre roulante sur mon pouce

L’effet de l’adrénaline sur mon corps et mon esprit

Après m’être assuré que mes compagnons n’étaient pas blessés, je constatai que la peau de mon pouce et de mon avant-bras gauche avant été arraché (voir broyée) par la pierre. J’ai tout d’abord vérifié si un os s’était brisé en bougeant mes doigts et ma main. Heureusement, tout semblait fonctionner.

C’est là que magie de l’adrénaline opéra. Comme je n’étais pas dans une position pour m’assoir et en faire plus, je me remis instantanément à monter quelques mètres supplémentaires. En seulement quelques secondes, j’atteignis une petite plateforme qui me permit d’analyser les dégâts plus en profondeur.

Curieusement, les plaies ne saignaient pas énormément, probablement parce qu’elles étaient en surface. Dans mes bagages, j’avais eu la brillante idée d’apporter un peu d’iode et d’onguent antiseptique, car ce qui m’inquiète le plus des plaies, c’est le risque d’infection dans un environnement aussi hostile que l’Afrique. L’adrénaline me fit trembler de tout mon corps pendant que je versai de l’iode directement sur les plaies. Toutefois, cette même hormone réduisit la douleur. J’appliquai ensuite de l’onguent antiseptique et un bandage temporaire, le temps que je puisse atteindre le sommet.

Pour la suite, j’avais le courage d’un enfant et la détermination de mon ex quand elle voulait me convaincre de quelque chose. Sans pouvoir utiliser mon bras gauche, je procédai chaque enjambée technique avec une précision chirurgicale, en aidant Matthews, Natasha, Bridget et Leah à monter à leurs tours. En à peine dix minutes, nous atteignîmes le sommet, et du coup, l’auberge où nous allions passer les deux prochains jours.

Se sentir si vivant dans la survie

Cette montée, qui dura quatre heures au lieu de trois, malgré les raccourcis, me fit sentir plus vivant que jamais. J’avais accompli un exploit que peu de gens peuvent se vanter et, avec l’événement de la pierre, j’avais encore plus d’honneur d’avoir complété cette randonnée. J’aurais pu abandonner plusieurs fois, prétextant la fatigue ou l’incapacité à utiliser ma main gauche. Non. J’avais fait le choix de continuer et de me surpasser.

Depuis cet événement, j’ai l’impression d’être plus vivant. Je connais le sentiment du dépassement de soi. Je comprends, ne soit qu’un tout petit peu, les émotions que peuvent ressentir les aventuriers extrêmes. Ceux qui montent les montagnes les plus élevées ou celles qui s’aventurent dans des milieux arides et éloignés. Ceux et celles qui poussent les limites du corps humain; cette machine tellement performante, capable de s’améliorer constamment et de s’adapter à toutes conditions, si on lui donne la chance et le temps de le faire.

Lancez-vous dans l’aventure. Peu importe ce que le mot « aventure » signifie pour vous. Si elle est physique, faites confiance à votre corps. Il saura vous permettre de vous surpasser et vous rendre fiers. Si elle est psychologique, laissez tomber les limites que vous vous mettez et refusez les craintes qui vous sont imposées par les autres. Et n’oubliez pas…

Nos peurs n’existaient pas au départ, elles ont été acquises et sont simplement la concrétisation de nos limites. Si nous ne les affrontons jamais, elles perdureront.


Mes premières semaines en images (Photos et vidéos)

Être à la fois directeur, gérant et professeur d’une école primaire occupe la totalité de mon temps. Je tiens à m’excuser du peu de nouvelles que je vous donne en ce moment. J’ai espoir que je prendrai le dessus dans les prochaines semaines. D’ici là, je vous invite à visionner mes premières semaines en images.

Ne manquez pas l’histoire des paniers pour nouveau-nés au bas de cet article.

Butterfly Space | Nkhata Bay | Malawi

Stepping Stones School | Nkhata Bay | Malawi

L’histoire des paniers pour nouveau-nés

Butterfly, l’endroit où j’habite, a mis en place plusieurs programmes d’aide à la communauté locale depuis les dix dernières années. L’un d’entre eux est la distribution de paniers pour nouveau-nés aux nouvelles mères à l’hôpital du village. Ce qu’il y a encore de plus honorable dans ce geste, c’est que les paniers sont fabriqués par un groupe de femmes qui ont précédemment participé(e)s à un autre programme de Butterfly : le regroupement des femmes atteintes du VIH et du sida.

Dans cet autre programme, les femmes suivent une formation de dix semaines sur la maladie, l’hygiène et sur l’alimentation adéquate. À la fin de ces dix semaines, Butterfly leur remet une somme d’argent pour qu’elles puissent démarrer leur propre entreprise. L’un de ces groupes a décidé de fabriquer des paniers pour ensuite les vendre dans le village. Butterfly leur achète aussi près de 25 paniers par mois pour les redonner aux nouvelles mères lors de la journée de dons des paniers de nouveau-nés.

Un exemple parfait de soutien éthique et durable de l’aide à la communauté (voir mes articles sur le bénévolat éthique : règle #1, règle #2, règle #3, règle #4 et règle #5!


Q & R : Comment pratiquer le bénévolat éthique? | Règle 5

De nos jours, il ne suffit plus de faire du bénévolat; il faut le faire adéquatement et éthiquement. Toutefois, avec tout le marketing qui est fait autour du sujet, il est difficile de s’y retrouver et de bien choisir. En m’inspirant de mes lectures exhaustives sur le sujet, ainsi que de mes expériences sur le terrain, je vous dresse mon propre portrait du bénévolat éthique, en sept règles.

Règle 5 : Profiter de la pauvreté

(Profiteering from Poverty)

Si le but d’une organisation est de maximiser les profits en soutenant l’image de la pauvreté et de la misère, il y a un problème fondamental dans le modèle de cette organisation. Plusieurs d’entre elles utilisent la pauvreté pour assurer une profitabilité et encourager une raison d’être de l’organisation. Qu’arrivera-t-il à long terme à cette « entreprise » si la pauvreté est réduite, voire éliminée dans la communauté où elle œuvre? Si les revenus de cette organisation dépendent de la misère des gens qu’elle « aide », il n’est pas dans l’intérêt de celle-ci d’éradiquer le problème à jamais.

Il ne faut toutefois pas confondre profitabilité et autosuffisance. Il est dans l’avantage de toute organisation de développer des activités génératrices de revenus. Celles-ci réduiront la dépendance aux donateurs et permettront certainement de développer l’emploi local.

Librement inspiré de TheEthicalVolunteer.com

Cet article est grandement inspiré des 7 péchés capitaux du mauvais bénévole (« 7 Deadly Sins of bad volunteering ») décrits sur le site TheEthicalVolunteer.com/Education. Sans toutefois valoriser tout le contenu du site, je crois que ses énoncés représentent bien ma vision du bénévolat. À ces péchés, j’ajoute mon opinion, mes commentaires, mes expériences ou mes propres histoires.