C’est quand même fou de penser que je n’ai jamais aussi bien mangé qu’ici en Afrique. C’est aussi assez étonnant que je sois revenu à mon poids d’il y a 10 ans (185 lb; 84 kg). Une chose est toutefois certaine, je n’y vois que des avantages.
Les gens qui me connaissaient avant mon départ l’ont tous remarqué et certains m’en ont même fait part : j’ai perdu beaucoup de poids. J’ai littéralement fondu de plus de 50 lb (23 kg) en seulement cinq mois, faisant ainsi passer mon poids corporel de 240 lb (109 kg) à 185 lb (84 kg). Une masse qui avait déserté ma vie depuis près de 10 ans.
Pourtant, je ne fais absolument rien pour perdre du poids. Je ne manque de rien et, quelques fois, je m’oblige même à manger plus pour freiner ma perte de poids. Je crois y être parvenu depuis les dernières semaines.
Je me suis alors mis à réfléchir aux raisons qui expliquent cette transformation.
Je sais ce que je mets dans ma bouche
Pour réduire considérablement mes dépenses, j’ai une alimentation indépendante et je cuisine mes propres repas (« Self-catering »); sauf lorsque je suis en déplacement d’une destination à l’autre. J’achète donc toujours mes propres aliments : fruits, légumes, pain, œufs, riz, pâtes, épices, condiments, breuvages, gâteries, etc. Nécessairement, en Afrique, il est difficile d’obtenir des aliments qui ne sont pas cultivés ou produits à l’intérieur du pays. La mangue ou le piment vert n’a donc que quelques heures de route dans le corps lorsque je l’achète au marché local. Encore, il m’est très fréquent d’acheter mon oignon ou mon maïs littéralement aux abords du champ où il a grandi. Fraîcheur garantie!
Ensuite, je rentre à la maison et je cuisine mes propres repas, à partir des ingrédients de base que je viens de me procurer : rien de transformé, de précuit ou de pré assaisonné. De plus, aucun agent de conservation, ce qui peut cependant compliquer la préservation et qui me fait presque jouir à la vue d’un réfrigérateur. Je sais donc TOUT ce que je mets dans mes recettes, dans mon assiette et dans ma bouche.
Tous les jours, je dois faire preuve d’imagination et de débrouillardise, car les conditions que je viens d’énumérer ne facilitent pas toujours une cuisine facile et rapide. Malgré tout, je réussis à profiter de délicieux repas tels des salades fraiches, des sauces maison, des sandwichs, des sautés de légumes et j’en passe. De temps en temps, je me permets aussi des viandes et poissons comme du poulet, du mouton, du tilapia ou du chambo.
Le temps que ça prend
Pourtant, je n’avais pas l’impression de mal manger lorsque j’étais au Québec. Oui, je me permettais un peu de « merde de clown » de temps en temps et beaucoup trop de Subway® (c’est vraiment économique lorsque tu te limites aux six pouces du jour, souvent sans trio), sinon je mangeais à la maison. Cependant, je réalise que je mangeais souvent de la nourriture prête à consommer, cuite au micro-onde, sans aucune variété et surtout BOURRÉE de sucre. Je présume que j’adoptais ces habitudes par manque de temps ou par lâcheté.
Pouvez-vous croire que c’est en Afrique, où la faim affecte une grande partie de la population, que je mange le mieux, en bonne quantité et d’une étonnante variété? Est-ce que c’est parce que j’ai le temps de cuisiner? Est-ce parce que je PRENDS le temps de mieux me nourrir?
Plus léger qu’une plume de 185 lb
Je peux affirmer que je me sens très bien dans mon corps, que j’ai de super belles selles odorantes (connaissez-vous quelqu’un évacue du caca à l’odeur de lilas vous?) et que le poids que j’ai perdu n’a que des avantages :
- Réduire la charge endurée par mon dos, mes hanches, mes genoux et mes pieds. Ce qui m’a permis de supporter de plus longues marches et randonnées (voir mon article « Marcher avant de courir »)
- Me permettre d’ajouter une tente et un matelas de 6 lb (2,7 kg) à mon sac à dos sans trop en souffrir;
- Perdre mes seins de bas de dos ;
- Rendre mes vêtements amples et confortables (trop des fois);
- Donner une deuxième vie à ma ceinture.
Changer pour s’améliorer
Je n’écris pas cet article dans un but de faire la leçon à qui que ce soit. Je ne dis pas non plus de tout changer et de tous devenir gourou de l’alimentation. Je constate seulement qu’il est possible de changer ses habitudes alimentaires comme on peut le faire avec nos habitudes comportementales ou de consommation. Il faut seulement faire le choix. Dans mon cas, le choix a été plus facile à faire dans un souci d’économie et dans un contexte de rationnement de l’offre en Afrique. J’espère cependant avoir la force de faire le même choix à mon retour à la maison.