Quand je regarde derrière moi, je ne peux m’empêcher d’être fier de cette aventure aussi édifiante que celle d’Aider Sans Compter. Après sept mois de voyage, de découvertes, de bénévolats, de hauts et de bas, incluant les évènements survenus dans les dernières semaines, je ressens le profond besoin de prendre des décisions courageuses et radicales qui provoqueront un nouveau déséquilibre.

Hier

Je suis fier d’avoir eu le courage de prendre une telle décision, d’avoir tout vendu et d’avoir fait le saut dans cette aventure.

Au tout début, l’Afrique du Sud fut une excellente introduction en m’offrant un bel avant-goût de l’Afrique tout en douceur. Cape Town, quoique très européenne, avait une tonne d’activités vacancières à offrir, ce dont j’avais besoin après tant de mois à travailler et à préparer mon voyage. Ensuite, mes deux grandes randonnées, Bulungula et Drakensberg, ont, quant à elles, défié mes capacités physiques. J’étais toutefois encore dans un état d’esprit de voyage limité par le temps. Le genre de voyage que l’ont fait en vacance, avec un billet d’avion de retour.

Le Lesotho est venu à la rescousse de ce rythme devenu malsain pour le type d’aventure à laquelle je m’étais engagé avec moi-même. Ce pays dynastique, si contrastant du pays qui l’entoure, avec ses montagnes vides d’industrialisation, ses paysages d’antan et ses habitants se contentant de vivre une vie qu’ils, comme plusieurs Africains, n’ont pas choisis. J’en garde le souvenir d’avoir accompli si peu en deux mois, sans aucune culpabilité, ce qui n’est pas rien chez moi. Le Lesotho a également répondu à beaucoup de mes questions au sujet de l’amour (de couple), un aspect de ma vie pour lequel j’ai l’aperception d’accumuler échec sur échec. Il m’a aussi permis d’accepter l’absence de ma famille et de mes ami(e)s pendant la période des Fêtes, en m’entourant d’une famille d’accueil intégrante et aimante. Le Lesotho a finalement ralenti ma vitesse de croisière, une nécessité avant de continuer mon chemin vers le nord.

Comme j’avais été au Lesotho plus longtemps que prévu, j’ai pris la décision de me simplement traverser le dispendieux Zimbabwe. Je garde toutefois d’excellents souvenirs de mon safari à vélo dans le parc national de Matopos et de ma locomotion en train vieux de 50 ans. C’est également dans ce pays que j’ai introduit le camping dans mon voyage pour me permettre de mieux improviser mes destinations et de réduire les coûts d’hébergement.

C’est ensuite en Zambie que j’ai rejoint quelqu’un avec qui je prévoyais voyager pendant quelques semaines. J’ai appris de cette expérience que j’ai maintenant des idées plus arrêtées sur ma vision de la vie, du voyage et plus particulièrement du bénévolat. Les règles du bénévolat éthique (voir les règles 1, 2 et 3) font maintenant partie intégrante de ma manière de voyager et il m’est difficile de développer une amitié sincère avec des voyageurs qui n’acceptent pas ou contredisent ces règles. C’est en Zambie que j’ai également eu l’opportunité d’observer une organisation solide (Tikondane) qui, selon moi, ne saura pas survivre à la passation de pouvoir entre la fondatrice et la relève. La Zambie m’avait cependant bien préparé à ce qui m’attendait au Malawi, car, sur papier, les deux pays se ressemblent énormément, mais je garde un ressenti plus froid et impersonnel de la Zambie. Cette dissonance est toutefois fondée sur mes expériences personnelles et j’ai entendu de très belles choses au sujet de la Zambie de la part d’autres voyageurs que j’ai croisés.

En définitive, le Malawi fut mon pays préféré jusqu’à présent. Ce pays extraordinaire correspond sur tous les aspects à la description préconçue que j’avais de l’Afrique avant mon arrivée, mais est quand même parvenu à me surprendre sur plusieurs points. Un beau mélange de simplicité, de pauvreté, de chaleur humaine et de paysage. Son lac couvre 20 % de la surface totale du pays et sa population entière dépend littéralement de cette étendue d’eau douce tant pour la pêche que pour l’irrigation et le nettoyage. Il fait partie du quotidien des Malawiens, comme il a fait partie de mon quotidien pendant les trois mois de mon séjour.

Ce sera au Malawi que j’aurai enseigné l’anglais et que j’aurai monté et présenté une pièce de théâtre sur le VIH avec de fabuleux élèves du primaire. Ce sera aussi ici que j’aurai postulé pour un contrat d’un an comme coordinateur de bénévoles internationaux pour H.E.L.P. Malawi, mais pour lequel je n’aurai pas été choisi. Et ce sera finalement ici que je n’aurai pas été choisi comme gagnant pour la Bourse « Osez l’Aventure » de Frédéric Dion 2017. Cette bourse aurait, oui, été une aide financière précieuse et une belle visibilité dans les médias, mais elle aurait surtout été une belle reconnaissance de grands aventuriers Québécois qui croient en mon projet et qui veulent m’encourager.

Après sept mois de voyage, de découvertes, de bénévolat, de hauts et de bas, incluant les évènements survenus dans les dernières semaines, je ressens le profond besoin de prendre des décisions courageuses et radicales qui provoqueront un nouveau déséquilibre.