Ici en Tanzanie, je souffre continuellement de la faim car celle-ci présente deux problèmes : elle passe avec le temps et elle disparaît peu importe ce que tu ingères.

Le problème avec la faim c’est qu’avec le temps, elle passe. Tu n’en souffres donc que quelques minutes, ensuite elle disparait et tu te sens mieux; au pire tu as moins d’énergie, mais de quelle énergie as-tu vraiment besoin quand tes journées se résument à rester assise devant ta table à tomates à attendre un client aux deux heures?

Et si jamais tu te décides à manger lorsque la faim se présente, tu avales ce que tu as sous la main, aussi malsain que ça puisse être : boule de pâte frite (« fatball »), triangle de friture avec trois minuscules graines de viandes à l’intérieur (« Mandosi »), canne à sucre (eau sucrée naturellement), beigne, etc. Sinon, tu attendras ton plus copieux repas, sans diversité nutritionnelle, qui sera la même chose qu’hier et que demain : Nsima (pâte à base de cassava ou de maïs) accompagné de fèves et d’une minuscule portion de légumes verts (feuille de citrouille, chou vert ou moringa). Car l’autre problème de la faim, c’est que peu importe ce que tu ingéreras, elle va aussi disparaître.

Ici en Afrique, ça prendrait plus d’éducation pour mieux comprendre les besoins nutritionnels du corps et les apports nutritifs d’une alimentation diversifiée, mais aussi plus de temps pour cuisiner au lieu de s’emparer de la malbouffe vendu dans la rue. Toutefois, ça prendrait avant tout de l’argent et l’argent, on n’en chie pas (encore).

Mais moi, qu’est-ce que j’en sais? Encore qu’ici, en Tanzanie, j’ai la connaissance, le temps et l’argent, je soufre quand même de la faim et d’une mauvaise alimentation à tous les jours.