Aujourd’hui, un an après le grand départ, j’ai visionné des vidéos d’avant et de pendant mon aventure. Plein de sentiments sont venus me visiter et beaucoup de questionnements ont fait surface. Ils se sont toutefois concrétisés en deux émotions contradictoires : le doute et la certitude. Leur dissonance m’a permis de faire le point sur la vision de mon avenir.

Le doute

Un premier doute à savoir si j’étais si malheureux que ça avant de partir. Assez malheureux pour provoquer un si grand changement dans ma vie? Et un second doute à savoir si une partie de mon objectif a été atteint. Les changements sur ma personne sont incontestables; c’est impossible que je n’aie pas changé, et j’ai la certitude que c’est pour le mieux. Mon objectif d’amélioration intrinsèque est donc en progrès.

Pourtant, qu’en est-il de mon objectif d’accomplir quelque chose de significatif chez les autres? Dans le monde? J’ai peut-être changé la vie de quelques personnes et j’en ai peut-être inspiré d’autres, mais j’ai toutefois l’impression que je n’ai fait qu’accaparer tout ce que j’ai vu et vécu. Que mon impact, en Afrique ou au Canada, n’a été que superficiel et effervescent. Qu’on parle déjà de moi au passé : « Il a été courageux de tout vendre », « Il est parti seul en Afrique pendant 1 an. », « Il a aidé, de son mieux, beaucoup de gens ». Aussi, je présume qu’on se pose des questions telles : « Mais où est-il maintenant? », « Que fait-il? », « Continue-t-il? », « Pousse-t-il le défi encore plus loin? », « Où puis-je voir les traces de son passage? », « Quel héritage a-t-il laissé aux gens qu’il a aidés? », « Et demain? »… Quoi demain!?

C’est probablement encore beaucoup trop tôt pour penser à demain. Si j’y vais toutefois par élimination, je sais que je ne retournerai pas à un emploi permanent à temps plein; au mieux par contrats, idéalement quatre jours par semaines. Je ne retournerai certainement pas encore aux études, j’ai assez donné; au mieux des formations. Je ne m’installerai pas en grande ville, car je déteste; au mieux en banlieue. Non. Mon demain sera plutôt un heureux mélange de mes ancrages sacrés : en présence d’enfants, avec un impact chez les autres, créant pour moi ou mon organisation, et idéalement à un endroit fixe. Je ne sais toutefois pas encore quoi, où, quand, avec qui, etc. Tant de choix. Trop de choix. Je peux bien avoir de la difficulté à choisir.

La certitude

Je veux des enfants! Mon enfant, mes enfants. J’ai beau travailler avec 90 tous les jours et en côtoyer d’autres sur une base personnelle, ça reste que le soir, quand le soleil se couche, ce n’est pas chez moi qu’ils dorment. Ce n’est pas moi qui les verrai grandir toute leur vie et ce n’est pas à moi qu’appartiennent la responsabilité et la gratitude de leur éducation (au sens large). Et c’est loin d’être égoïste. C’est simplement que je suis certain aujourd’hui que je serai un bon père (pas parfait) et que je suis prêt à donner de moi de la façon dont doit le faire un parent pour son enfant.

Je n’en peux plus d’attendre de trouver la « bonne » personne. Je suis épuisé de « chercher », ou pire, de « choisir » l’amour (relation de couple). Je vais laisser l’amour entrer dans ma vie de la même façon dont mes ancrages sacrés se sont révélés à moi : tout d’abord en me surprenant au moment où je m’en attendais le moins; à naître au plus profond de ma poitrine pour lentement monter dans ma gorge; à me décrocher un sourire unique; à atterrir dans la lueur de mes yeux et à me faire pleurer de joie. En attendant que ce moment magique survienne, j’entreprendrai surement des procédures d’adoptions. Bien que le processus soit des plus difficiles et long, encore plus spécialement pour un père célibataire… ce n’est pas grave, il n’y a rien à mon épreuve et je suis très patient.