Le principal objectif de mon voyage est de faire la différence aux endroits que je visiterai. Que ce soit en enseignant, en construisant ou en aidant, j’avais une petite idée des possibilités qui pourraient s’offrir à moi. Toutefois, j’étais loin de m’attendre à une telle opportunité. Ce n’est ni auprès d’une école, ni auprès des enfants, ni même auprès d’une communauté, mais plutôt auprès d’une seule personne. De plus, aucune de mes formations scolaires ou de mes expériences professionnelles ne sera sollicitée. Seuls mon admiration de l’autre et mon amour de la vie me seront utiles.

Le pire des malheurs

J’ai été confronté au pire des malheurs et des souffrances qu’un humain ne devrait jamais avoir à affronter : la perte du goût de vivre. Cette vie si précieuse et merveilleuse qui mérite qu’on y accorde chaque seconde de son temps et qu’on l’apprécie. Cette vie remplie tous les jours de millions de raisons pour qu’on la chérisse et qu’on y fasse attention. Avoir envie de cette vie est une nécessité absolue que l’on soit pauvre, malade, éduqué ou non. Peu importe les malheurs auxquels tu dois faire face au quotidien ou peu importe dans quelles conditions tu vis, si tu perds le goût de vivre, tu n’as plus rien… rien du tout.

Elle-même

De ce que je connais jusqu’à présent sur le passé de cette personne, c’est qu’après 8 ans de relation amoureuse, l’achat d’une maison et la naissance d’un petit garçon, elle a découvert que son partenaire, en plus de l’avoir trompé depuis plusieurs années, avait aussi mis enceinte leur propre voisine, à quelque mois de différence de leur propre enfant. Ayant des soupçons, elle l’a interrogé pendant plusieurs mois, sans aveu. C’est seulement en juin passé qu’elle a finalement obtenu confession.

Le choc fut tel qu’elle tenta une première fois de s’enlever la vie en mettant le feu à leur maison. Heureusement, quelqu’un la trouva à temps. Elle déménagea alors chez sa mère, avec son fils. Malgré la distance et le temps qui passa, la douleur était tellement intense qu’elle prenait racine à l’intérieur et mena à une deuxième tentative de suicide en début octobre.

Être aveugle face à nous-mêmes

Sous cette coquille souriante et charismatique se cache une personne qui n’a plus peur de mourir. Une personne qui n’a aucune attache et qui ne voit plus en quoi sa présence fait la différence pour ses proches. Toutefois, moi, avant même de connaître le moindre détail de son histoire, j’ai vu en cette personne un humain extraordinaire. Une personne confiance, optimiste, instinctive, fonceuse et rayonnante. Une personne belle de corps et de cœur. À travers moi, elle a sût ce que je voyais en elle, mais se le faire dire et y croire sont deux choses différentes.

Promesse à moi-même

J’ai donc vu une porte grande ouverte à ce que je puisse tente de faire la différence pour elle. Je me suis ainsi promis qu’avant de quitter le Lesotho, je m’assurerais qu’elle voit en elle ce que j’ai vu dès les premiers jours de notre rencontre. Je veillerai à ce qu’elle croie, sans avoir besoin de moi, en sa confiance, son optimisme, son instinct, sa force et son rayonnement chez les autres. Je ne sais pas encore comment j’y parviendrai, mais j’espère que mes efforts lui redonneront le goût à la vie.

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