Depuis déjà un mois, je partage le quotidien d’une communauté extraordinaire : Makhapung au Lesotho. Cette communauté m’a ouvert une place dans leur vie et m’a offert ma première opportunité d’échange équitable. Alors, je compte y rester jusqu’en janvier 2017. Je vous en donne TOUS les détails.

Lesotho

Je vous ai déjà un peu parlé du Lesotho et des Basotho dans mon article "Les plans changent"

Le Lesotho est le seul pays du sud de l’Afrique dont toutes les frontières sont entourées par un seul pays, l’Afrique du Sud, et seulement quelques postes frontaliers permettent d’y accéder. Environ deux millions de Basotho y habitent et près de 40 % de ceux-ci vivent sous le seuil de la pauvreté. Depuis 2013, une route flambant neuve sillonne les nombreuses montagnes du pays. Celle-ci fut heureusement construite par les habitants, mais sous un investissement chinois.

Au Lesotho, on y retrouve le sommet le plus élevé au sud du Kilimandjaro : Thaba Ntlenyana. Je l’ai grimpé le 14 novembre. Sans toutefois être extrêmement difficile comme montée, au sommet, on se retrouve au-dessus des nuages et le vent qui y domine est très intense. J’en ai eu le visage et les lèvres brulés pendant quelques jours.

Maseru est la capitale du Lesotho et j’ai pu la visiter le 26 novembre 2016. Comme je n’affectionne pas particulièrement les villes, j’en ai profité pour me promener au centre-ville et refaire le plein de certains trucs essentiels qu’on ne trouve pas à Mokhotlong : du Nutella, du chocolat et du vin. Je ne suis aussi permis un luxe : une douche, et chaude en plus (je vous promets bientôt un article sur mes expériences de bains).

Makhapung

On peut diviser le Lesotho en deux : les hauts plateaux et les bas plateaux. En haute altitude, on retrouve le populaire Sani top, des villes telles que Qacha’s Nek, Mohale’s Hoek et Mokhotlong (endroit où je vais faire mes courses). Il y a aussi un été froid, un hiver « frette » et du vent, beaucoup de vent. En basse altitude, le vent souffle aussi, mais à plus faible vélocité. Les étés sont chauds, les hivers froids et on y trouve les villes de Maseru, Butha-Buthe et Hlotse. C’est aussi en basse altitude qu’on peut, si on porte bien attention, y apercevoir le village de Makhapung, où je réside.

Une moyenne de 100 Basothos habite Makhapung, incluant un étranger : moi. On y trouve une proportion presque égale d’hommes et de femmes, ainsi qu’une quantité plus élevée d’enfants. Les femmes s’occupent de la maison, de la cuisine, du jardin et des enfants. Les hommes, eux, travaillent dans les villes aux environs, ou sont bergers et promènent le bétail le jour durant afin de lui offrir une alimentation et un exercice adéquat. Ils et elles parlent tous et toutes sesotho et quelques-uns et unes anglais, de base. Comme dans tout bon village du Lesotho, il y a des petits commerces, un bar, un puits, des jardins, des animaux, et une guérisseuse traditionnelle.

Mon quotidien

Au quotidien, j’ai longtemps été en mode « observation » et je le suis encore. J’apprends à cuisiner, à nettoyer, à aller aux toilettes, à me laver et à laver mes vêtements… des tâches si simples au Canada. Régulièrement, j’aide à la maison en buchant, en jardinant, en allumant le feu ou en peinturant. Rappelons aussi que tout se fait sans aucune électricité. Donc l’éclairage, la cuisson et le chauffage de l’eau se font au gaz ou au bois.

Lorsque les nuages s’absentent la nuit, j’ai droit à l’un des plus beaux spectacles de ma vie : un ciel incroyablement étoilé! Je m’étire donc le coup pendant plusieurs minutes et je consomme les astres. J’ai justement écrit un article sur le sujet : « Un ciel ÉTOILÉ ».

Une fois par semaine, c’est l’épicerie. On prend le taxi-bus vers 8 h 30 le matin et on se rend à Mokhotlong, la ville la plus proche, à 20 km de Makhapung. Comme il n’y a pas encore de supermarché où on peut tout trouver au même endroit, chaque commerce offre une partie de ce qu’on a besoin : fruits, légumes, fèves, riz, pain, du porridge, des œufs, cannages divers, etc. Afin de tout obtenir, nous devons compter trois à cinq endroits différents et environ trois heures. On revient ensuite les mains pleines en taxi-bus. C’est pendant cette même journée que je m’installe dans un café internet et que j’en profite pour vous partager mes expériences.

Visite guidée de ma maison à Makhapung

Mon implication

Je suis constamment à la recherche de différentes façons de m’impliquer. Comme le village n’a jamais reçu de bénévoles, ils n’ont jamais réfléchi à ce qu’un étranger comme moi peut leur apporter. Pour les aider, je leur ai fourni une copie de mon CV simplifié. Toutefois, ce n’est pas toujours évident de provoquer du nouveau tout en respectant leurs habitudes journalières des villageois et le rythme africain.

Pour le moment, l’école primaire locale et l’école de bergers m’ont demandé de donner des cours d’informatique (Introduction, Word, Excel, PowerPoint, Paint, etc.) aux professeurs, aux 3es années (brève introduction seulement) et aux 6es années. L’école étant maintenant terminée depuis le début décembre, j’ai mis en place un horaire hebdomadaire de classes ouvertes à tous, ainsi que quelques activités supplémentaires les samedis. Cet horaire couvrira toute la période pendant laquelle je crois rester à Makhapung. Oui, j’ai décidé de passer le temps des fêtes au Lesotho. Mon appartenance et mon attachement à cette petite communauté me permettront de supporter la distance qui me sépare de ma famille et de mes proches, surtout en cette période particulièrement philanthropique de l’année.

École de bergers

Comme je vous le disais, les hommes (et souvent les jeunes garçons) s’occupent des animaux du village et quittent la maison très tôt le matin pour y revenir en fin de journée. Une femme du village trouvait désolant qu’ils n’aient pas accès à une éducation adéquate. Plusieurs ne savaient pas lire ni écrire, autant en anglais qu’en sesotho. Elle a donc commencé à inviter les bergers des environs chez elle à la tombée du jour, vers 19 h, pour leur offrir un bon repas et de nouvelles connaissances. Quelques années ensuite, des missionnaires canadiens lui ont offert de construire une école spécialement pour les bergers. Aujourd’hui, c’est une moyenne quotidienne de 65 bergers (30 seulement en été) qui se déplacent à cette école pour apprendre.

En parallèle, j’aide aux activités du village comme à l’accueil des visiteurs ou la reconstruction de la route principale. J’ai aussi entrepris d’apprendre le français à Mapaseka, car elle a régulièrement des groupes de la France à guider.