C’est connu, le racisme peut prendre toute sorte de formes. On pense souvent qu’une personne raciste est un blanc qui ne respecte pas l’égalité d’un noir. Toutefois, ici en Afrique, je constate que je suis moi-même victime quotidiennement de racisme.

Une aversion grandissante à l’égard du racisme africain

Dans plusieurs langues africaines, le mot « Musungu » désigne « homme blanc ». Ça peut sembler banal à première vue, mais chaque fois qu’un Africain cri « Musungu » pour m’interpeller dans la rue, ou qu’il utilise le mot dans une conversation avec son encourage, il m’identifie par le simple faire de ma couleur e peau. Et ça, c’est du racisme.

La presque totalité du temps, les hommes m’arrêtent pour me demander de l’argent ou une bourse canadienne pour immigrer/étudier au Canada. Allez savoir pourquoi, les femmes ne m’adressent presque jamais la parole d’elles-mêmes.

Les plus directs diront « Give me money » et répliqueront à mon refus avec « But it’s not a lot for you ». Ils oublient malheureusement que bien que 10 000 shillings tanzaniens ne représentent que six dollars canadiens, et que le salaire minimum du Canada est probablement vingt à cinquante fois plus élevé que celui des Africains, ma bouteille de boisson gazeuse à la maison me coûte quatre fois plus cher, en plus de mon appartement, de ma nourriture, de mes taxes, etc.

Les plus subtiles eux commenceront par tenter de créer un lien entre nous du genre :

  • Hey my friend. How are you? Where are you from?
  • I am from Canada.
  • Oh Canada… Toronto? Vancouver?
  • No! Montreal.
  • Oh yes Montreal. I have a friend living in Montreal.

J’ai déjà fait le test avec Kuujjuaq et il avait aussi un ami qui habitait là-bas.

L’autre jour même, un homme, qui s’est présenté comme le gardien de nuit de l’hôtel où je dormais, est venu me réveiller à 6 h du matin pour me dire que ma moto était en sécurité, qu’il avait terminé son quart et qu’il retournait à la maison. Il n’a toutefois par manqué de souligner que sa famille était malade et qu’il voulait que je lui donner de l’argent.

Parce que je suis blanc, j’ai de l’argent à donner. Parce que je suis blanc, et que je voyage, je suis riche. Parce que je suis blanc, que je voyage et que je porte un gilet sans trou (j’en ai des trous, mais je les répare), je dois croire et financer les dizaines et dizaines d’histoires qu’on me raconte pour soutirer la pitié. Parce que je suis blanc, que je voyage, que je porte un gilet sans trou et que j’ai un sourire avec toutes mes dents, je peux me permettre de donner le peu d’argent que j’ai réussi à économiser pendant deux ans en limitant toutes mes dépenses, en vivant simplement et en vendant tout ce que j’avais comme possession matérielle au Canada. Tous les jours, plusieurs me voient comme un énorme portefeuille. Rares ont été les fois où une personne est venue me parler pour réellement en apprendre plus sur moi et pour, peut-être, développer une amitié.

Le racisme c’est aussi présumer les faits en se basant sur nos préjugés. C’est de s’imaginer tout savoir de l’autre selon son apparence ou sa couleur de peau.

Il faut bien qu’on s’entende, je ne suis pas contre le soutien financier de personnes dans le besoin. Je tiens seulement à soulever le point qu’on ne devrait pas le faire à l’aveugle au premier venu. On devrait choisir notre cause et éviter de le faire aux mendiants, car nous encourageons ce genre de conduite et nuisons au développement de meilleurs comportements tels la créativité, l’initiative ou l’entrepreneuriat. De toute façon, il n’y a rien de plus gratifiant que de créer une relation étroite avec quelqu’un dont nous connaissons la réelle histoire, en qui nous avons confiance et pour qui nous saurons que l’argent sera utilisé pour des ambitions durables.

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