Un ciel ÉTOILÉ
Le 22 novembre dernier, un ciel magique s’est ouvert devant mes yeux. Le ciel étoilé de Makhapung et sa splendeur a réussi à me donner un orgasme émotionnel.
C’était le ciel le plus incroyable que j’ai vu de toute ma vie! Il y avait des millions d’étoiles. On aurait dit que je pouvais TOUTES les voir. Je voyais même les galaxies et des étoiles filantes. Plusieurs des étoiles brillaient et clignotaient sous le reflet de la lune sur la Terre. C’était tellement impressionnant et gigantesque que j’en avais le vertige.
J’en fus bouche bée et je me suis allongé au beau milieu du terrain pour l’apprécier différemment. Il m’était impossible d’ouvrir les yeux assez grand pour laisser entrer ces millions de petites lumières étincelantes. Je ne pouvais même plus distinguer l’étoile Polaire, la Grande et la Petite Ourse tellement il y en avait partout. Ce ciel de Makhapung aurait été le ciel idéal pour un cours d’astronomie.
Désolé, l’image ne fait aucunement honneur au spectacle féérique auquel j’ai assisté. Il doit manquer sur la photo au moins 200 000 étoiles et beaucoup de magie.
Faire la différence autrement
Le principal objectif de mon voyage est de faire la différence aux endroits que je visiterai. Que ce soit en enseignant, en construisant ou en aidant, j’avais une petite idée des possibilités qui pourraient s’offrir à moi. Toutefois, j’étais loin de m’attendre à une telle opportunité. Ce n’est ni auprès d’une école, ni auprès des enfants, ni même auprès d’une communauté, mais plutôt auprès d’une seule personne. De plus, aucune de mes formations scolaires ou de mes expériences professionnelles ne sera sollicitée. Seuls mon admiration de l’autre et mon amour de la vie me seront utiles.
Le pire des malheurs
J’ai été confronté au pire des malheurs et des souffrances qu’un humain ne devrait jamais avoir à affronter : la perte du goût de vivre. Cette vie si précieuse et merveilleuse qui mérite qu’on y accorde chaque seconde de son temps et qu’on l’apprécie. Cette vie remplie tous les jours de millions de raisons pour qu’on la chérisse et qu’on y fasse attention. Avoir envie de cette vie est une nécessité absolue que l’on soit pauvre, malade, éduqué ou non. Peu importe les malheurs auxquels tu dois faire face au quotidien ou peu importe dans quelles conditions tu vis, si tu perds le goût de vivre, tu n’as plus rien… rien du tout.
Elle-même
De ce que je connais jusqu’à présent sur le passé de cette personne, c’est qu’après 8 ans de relation amoureuse, l’achat d’une maison et la naissance d’un petit garçon, elle a découvert que son partenaire, en plus de l’avoir trompé depuis plusieurs années, avait aussi mis enceinte leur propre voisine, à quelque mois de différence de leur propre enfant. Ayant des soupçons, elle l’a interrogé pendant plusieurs mois, sans aveu. C’est seulement en juin passé qu’elle a finalement obtenu confession.
Le choc fut tel qu’elle tenta une première fois de s’enlever la vie en mettant le feu à leur maison. Heureusement, quelqu’un la trouva à temps. Elle déménagea alors chez sa mère, avec son fils. Malgré la distance et le temps qui passa, la douleur était tellement intense qu’elle prenait racine à l’intérieur et mena à une deuxième tentative de suicide en début octobre.
Être aveugle face à nous-mêmes
Sous cette coquille souriante et charismatique se cache une personne qui n’a plus peur de mourir. Une personne qui n’a aucune attache et qui ne voit plus en quoi sa présence fait la différence pour ses proches. Toutefois, moi, avant même de connaître le moindre détail de son histoire, j’ai vu en cette personne un humain extraordinaire. Une personne confiance, optimiste, instinctive, fonceuse et rayonnante. Une personne belle de corps et de cœur. À travers moi, elle a sût ce que je voyais en elle, mais se le faire dire et y croire sont deux choses différentes.
Promesse à moi-même
J’ai donc vu une porte grande ouverte à ce que je puisse tente de faire la différence pour elle. Je me suis ainsi promis qu’avant de quitter le Lesotho, je m’assurerais qu’elle voit en elle ce que j’ai vu dès les premiers jours de notre rencontre. Je veillerai à ce qu’elle croie, sans avoir besoin de moi, en sa confiance, son optimisme, son instinct, sa force et son rayonnement chez les autres. Je ne sais pas encore comment j’y parviendrai, mais j’espère que mes efforts lui redonneront le goût à la vie.
Les plans changent
Il faut croire que les plans sont faits pour être changés. J’aurais pourtant dû le savoir après 3 ans à travailler pour la réinvention des ressources humaines chez BRP. Dans mon esprit, je ferais le touriste en Afrique du Sud et en profiterais pour un petit passage au Lesotho, un pays montagneux entouré par l’Afrique du Sud dont j’avais entendu parler en bien sur plusieurs points.
Lesotho
Premièrement, Lesotho semble avoir été figé dans le temps avec ses villages parcimonieux d’où s’érigent quelques dizaines de huttes de pierres et de paille. C’est toutefois explicable lorsque pour y entrer, on doive affronter l’une des routes les plus cahoteuses et abruptes de l’Afrique du Sud. Ce fameux passage, appelé Sani Pass est un fleuron pour les Basotho (habitants du Lesotho) qui se voient menacé(e)s par la reconstruction entière et l’asphaltage. Cette initiative provoquerait automatiquement la destruction d’un paysage unique et la perte de centaines d’emplois, car beaucoup de Basotho ont développé une business en s’équipant d’un véhicule à quatre roues motrices et en transportant les visiteurs et habitants d’un côté à l’autre du passage.
Basotho
Deuxièmement, la majorité des touristes se limitent à entrer au pays par le Sani Pass afin d’y atteindre le fameux Sani Top , l’un des sommets les plus élevésdu Lesotho, qui offre une vue imprenable sur les environs et le passage, pour ensuite retourner en Afrique du Sud et continuer leur voyage. De ce fait, il suffit de s’enfoncer quelques centaines de kilomètres pour y rencontrer un peuple ultra accueillant et peu habitué aux rencontres étrangères.
Le peuple Basotho est connu comme le plus à la couverture, car ils et elles ont l’habitude de se couvrir d’une grande couverture et d’une tuque ou d’un passe-montagne. Il vit principalement d’agriculture, de fermes et d’artisanat. Les femmes restent principalement à la maison et s’occupent de la besogne familiale, tandis que les hommes quittenttôt le matin avec le bétail (moutons, vaches, ânes ou chevaux) et s’aventurent dans les vallées montagneuses, offrant la nourriture quotidienne nécessaire aux animaux.
Et moi dans tout ça?
Quelques jours avant le Lesotho, Michelle et moi rencontrons Mapaseka, une guide locale, sur le chemin entre Duran et Sani Lodge, un hébergement à 30 minutes du Lesotho, duquel nous effectuons notre randonnée de 2 jours dans les montagnes du Drakensberg. Michelle, c’est la fille de Singapour avec qui j’ai voyagé quelque temps.
Mapaseka nous invite donc, à la suite de notre randonnée, dans son village natal où elle y offre un hébergement en milieu familial, deux heures après avoir traversé Sani Pass et les douanes lesothanes, le bus local nous débarque sur le bord de la route. Autour de nous, deux montagnes et une vingtaine de huttes, à peine visibles au loin. Nous voilà donc à Makhapung. N’essayez pas de trouver l’endroit sur Google, Makhapung ne se définit même pas comme village… c’est un « secteur d’habitations ». Vous ne pourrez que trouver Mokhotlong à 15 km d’ici.
Nous dormons dans une petite hutte privée, nous avons notre propre cuisine, la toilette se limite à un profond trou, on se lave dans un bac d’eau de 50 cm de diamètre, la famille habite dans les huttes adjacentes, les voisins nous saluent, les villageois sont curieux et les enfants courent, rient, jouent et nous observent. Il y a aussi une école primaire à 20 minutes à pieds et ils sont ouverts aux genres d’échanges que je recherche. Après deux nuits, je me sens déjà chez moi… c’est décidé, je reste! Michelle continuera son voyage sans moi.