Bulungula | Afrique du Sud (Photos)
Bulungula | Afrique du Sud
Après deux nuits à Coffee Bay et une randonnée de deux jours, je me suis enfin retrouvé dans un village typique comme je les aime. Bulungula abrite une communauté traditionnelle Xhosa et ses habitants se maquillent régulièrement le visage avec de la terre glaise et parlent le xhosa, une langue composée de "clics". Je m’y suis arrêté sept jours et j'en suis tombé amoureux.
Résumé de mes activités
- Habiter dans une auberge colorée et paisible: Bulungula Lodge;
- Déjeuner aux crêpes sur la plage pendant le lever du soleil;
- Me permettre une randonnée équestre;
- Participer à une journée "Pouvoir aux femmes" pendant laquelle j’ai :
- Été maquillé selon la tradition Xhosa;
- Réparé les murs d’une hutte avec un mélange de terre et de caca de vache;
- Transporté du bois et de l’eau sur ma tête;
- Broyé du grain de maïs pour les poulets;
- Découvrir un village, une langue et un peuple traditionnel Xhosa, dont je suis tombé amoureux;
- Avoir l’honneur d’être invité à un rituel Xhosa, pendant lequel on sacrifie et mange une des vaches familiales afin de purifier les nouveaux enfants nés depuis le dernier rituel.
Marcher avant de courir
Entre Coffee Bay et Bulungula, il y a 56 km de route, mais si on s’en croit capable, on peut endosser notre sac à dos et chausser nos souliers de trek pour parcourir cette distance à pieds, en longeant la côte. Je m’en croyais capable, j’ai donc accepté le défi, en ne sachant pas trop dans quoi je m'embarquais.
En résumé, c’est un total de huit heures de trek rapide tout le long de la côte de l’océan indien. La distance se fait en deux jours (quatre heures par jour), en passant une nuit à Lubanzi, un petit village de quelques centaines d’habitants.
Jour 1
Je quitte mon auberge de jeunesse (http://www.coffeeshack.co.za/) vers les huit heures du matin et on m’explique en deux ou trois phrases comment me rendre jusqu’à Lubanzi. Mon sac à dos sur les épaules, je commence à marcher.
Comme c’était ma première vraie longue distance à la marche, je savais que je devais me donner une chance en adaptant mon défi. La veille, j’avais divisé le contenu de mon sac pour en réduire son poids à environ 10 kg au lieu de 15. J’avais beaucoup plus que le strict nécessaire pour les deux jours de trek, mais c’était pour moi le moyen de définir mes limites. Le reste de mes trucs seraient livrés par l’auberge de jeunesse jusqu’à Bulungula. J’avais aussi ajouté une bouteille d’eau de 500 ml, un sandwich, 2 fruits, 2 barres tendres, en plus d’avoir rempli ma gourde de 1.8 L. On m’avait aussi averti qu’il y avait un grand risque de pluie. J’avais donc mon imperméable et j’avais scellé tous mes papiers et mes électroniques dans mon sac à dos.
J’entame donc mon chemin en suivant les indications de base qu’on m’a données. Il ne se passe pas 10 minutes que j’ai l’étrange impression d’être sur le mauvais chemin. Effectivement, c’est en demandant à un habitant que j’apprends que j’aurais dû tourner à gauche il y a de cela huit minutes… ça commençait bien. Malgré tout, une fois le bon chemin repris, le trajet était assez facile à suivre. On m’avait dit : « tant et aussi longtemps que tu gardes l’océan à ta gauche, tu es dans la bonne direction. »
Comme le sentier est étroit et légèrement en pente, le degré de difficulté en est augmenté comparativement à une marche dans la forêt. De plus, le chemin monte et descend en alternance, ce qui me permet de reprendre mon souffle, mais qui, à la longue, fatigue mes cuisses et endommage mes articulations. Ces deux petites contraintes sont toutefois vite oubliées face à mon admiration des paysages qui se présentent devant moi.
À partir de la troisième heure, mon corps s’est toutefois permis de me rappeler ces deux contraintes. Mes pieds se sont mis à élancer le long des arches et sur le dessus. Ajoutez à cela mes genoux, qui en ont assez des impacts des descentes et mes cuisses de l’effort des montées. Chaque pas me fait souffrir le martyre et me fait plier les genoux sous la douleur.
Comme si ce n’est pas assez, la marée haute d’aujourd’hui rend la traversée de la rivière impossible et m’oblige à faire un détour de 15 minutes, pendant lequel je me perds bien sûr à quelques reprises (ce détour m’a toutefois permis de croiser quelques huttes isolées et de demander mon chemin à leurs habitants). Je suis donc là, épuisé et souffrant, avec la pluie qui s’est mise de la partie, à espérer mon arrivée à Lubanzi le plus tôt possible.
J’ai toutefois quand même réussi à me rendre à Lubanzi dans le délai prévu de quatre heures, mais complètement vidé d’énergie et en douleur.
Jour 2
Malgré l’intensité du jour 1, qui avait eu raison de mon corps et de mon moral, un bon souper, un massage personnel de pieds, quelques ibuprofènes et une excellente nuit de sommeil à Lubanzi, m’ont remis sur pieds. Je suis donc prêt à affronter cette deuxième moitié de ma randonnée. Cependant, cette fois-ci, je l’affronte d’une façon différente. Je suivrai les conseils de mes hôtes à Lubanzi en contournant les sommets des collines, en suivant les trajets déjà piétinés par les habitants locaux (qui savent comment économiser leur énergie) et en prenant le temps nécessaire pour compléter heureux et en forme.
C’est donc d’un pas lent, mais régulier que je traverse des contrées aussi belles et sereines que la première journée. Pendant cette deuxième, j’ai l’honneur de croiser plus de petits villages accueillants et le plaisir de sillonner de longues plages. Je croise aussi plusieurs animaux (vaches, chevaux, poneys, moutons, chèvres et poulets) et je me permets une petite baignade (et douche) dans un lagon sur mon chemin, qui me causera ma première otite de vie d’adulte. Cette dernière journée se passe donc sans réelle embuche, même s’il y a encore quelques averses, que je me perds une ou deux fois, et que je prends six heures au lieu des quatre habituelles. Tout dépend de l’état d’esprit dans lequel j’avais fait le choix de me mesurer à cette épreuve.
Ainsi, j’aperçois pour la première fois Bulungula Lodge à la suite du dernier tournant, juste à l’entrée d’une longue et dernière plage. Je suis à une heure de marche de mon objectif lorsqu’un étrange sentiment s’empare de moi. Je suis soudainement envahi par une grande nostalgie et tristesse en même temps. Tout au long de mes parcours des deux derniers jours, mes douleurs physiques m’ont fait rêver à mon arrivée, mais maintenant que j’y suis, j’ai envie de rebrousser chemin. Ce processus psychologique et mental me manque déjà. J’ai l’impression que je commençais tout juste à toucher à quelque chose de profond. Que j’étais sur le point d’en découvrir plus sur moi. Je crois même, ne soit qu’une seconde, avoir touché au bien-être personnel que j’étais venu chercher ici.
Au fur et à mesure que l’auberge se rapproche de moi, je ralentis le pas, je m’arrête, je me trouve des raisons pour ne plus avancer : un beau coquillage, mon sac à réajuster, du sable dans mes sandales, une photo à prendre, etc.
Je suis présentement à 500 mètres de l’apogée de cette première aventure de deux jours et je me mets déjà à rêver à la prochaine.
Cape Town | Afrique du Sud (Photos et vidéos)
Cape Town | Afrique du Sud
Cape Town se veut un mélange parfait entre l’Europe et l’Afrique. Il est facile d’y voyager en tout point (transports, logements, visites, activités) et il y en a pour tous les goûts. Selon moi, elle m’a permis un doux passage culturel entre mon Canada et l’Afrique. Toutefois, au bout de quelques jours, je me sens prêt à continuer mon chemin. Je vous présente donc mes points forts en images et vidéos.
Résumé de mes activités
- Visites guidées gratuites du centre-ville, sur l’historique de Cape Town, et du quartier de Bo-Kaap;
- Montée de « Lion’s head » pour y piqueniquer et y voir un magnifique coucher de soleil;
- Visite guidée à bord du « Cape Town Sightseeing Bus » me permettant d’atteindre des endroits tels :
- Kirstenbosch Garden;
- Hout Bay Market;
- Camps Bay;
- V&A Waterfront.
- Assister à une messe chrétienne particulière (voir mon article Le Pasteur est là!).
- Location d'une voiture pour un "road trip" vers le sud:
- Mzolis, restaurant de BBQ situé dans la commune de Gugulethu;
- Boulder's Bay et ses pingouins;
- Cape Point.
Vue panoramique du haut de Lion's Head, Cape Town
Quand tu oublies ta fourchette... tu improvises.
Le Pasteur est là!
Lorsque Yonga, une amie de l’auberge, m’invita à l’accompagner à l’église ce dimanche, j’étais loin de m’attendre à une telle expérience. Nous sommes loin des célébrations catholiques québécoises d’une durée d’une heure, en silence, sur des bancs en bois, ou même d’une messe gospel auquel on ajoute des chants et des prières. C’était LA célébration, celle qu’on voit seulement dans les documentaires.
L'église
Elle est loin et isolée. Nous avons dû marcher pendant 20 minutes, pour ensuite prendre un taxi pendant 30 minutes. Celui-ci nous a déposés dans un quartier industriel, à partir duquel nous devions marcher encore 15 autres minutes parmi les multiples entrepôts pour enfin atteindre « l’église ».
Malgré l’interdiction, j’ai réussi à prendre cette courte vidéo. Ce n’est vraiment pas grand-chose, mais ça vous donnera une petite idée de l’église et son ambiance.
Cette église, improvisée dans une ancienne usine abandonnée et délimitée par une clôture gardée, pouvait contenir approximativement 1000 personnes et croyez-moi, elle était pleine. Des centaines de chaises en plastique étaient alignées par groupe d’environ 300 personnes et faisaient toutes faces à l’autel improvisé. Celui-ci se limitait à des rideaux bleus, un tapis rouge, un orchestre et des caméras pour filmer le tout.
J’espère réussir à vous décrire adéquatement cette expérience et à vous faire vivre les mêmes émotions que moi, sans aucune teinte de jugement que ce soit, car je vous assure que c’était particulier et mystérieux, mais tout aussi unique et inspirant à la fois. J’ai été chanceux d’avoir accès à une telle expérience.
La célébration
Chaque dimanche, des centaines de croyants et croyantes, d’un peu partout à Cape Town, se déplacent pour assister à la célébration. Il n’y a pas vraiment de début, ni de fin, et les gens arrivent quand ils peuvent et repartent quand ils sont fatigués. Même si des activités diverses tels des chants, des prières, des témoignages et des sermons se déroulent constamment entre 9h et 16h, l’attraction principale de cet événement est la présence du Pasteur.
Nous arrivons donc vers 10h, avec une entrée remarquée, car je suis le seul blanc parmi toutes et tous. Deux organisateurs me demandent si je suis journaliste et m’avertissent qu’il m’est strictement interdit de prendre des photos ou des vidéos. L’église est déjà presque pleine et on nous attitrent chacun une chaise.
Le Pasteur
Depuis environ deux heures, les prêtres et les organisateurs animent la foule dans une ambiance de fête et nous préparent à l’arrivée du Pasteur. Nous ne savons ni quand, ni d’où il arrivera. Face au mystère entourant ce fameux personnage, je demande à Yonga comment je saurai que le Pasteur est arrivé, et celle-ci de me répondre « Ne t’en fais pas… tu sauras ».
Il faut comprendre que les Pasteurs sont les personnes les plus importantes de toutes les branches de cette communauté catholique. Il n’y en a que quelques-uns dans toute l’Afrique du Sud et ils se promènent d’une église à l’autre. On les appelle aussi les prophètes. Ils sont ceux qui amènent la bonne nouvelle, qui connaissent la prophétie et qui représentent le lien direct entre Dieu et les disciples. Ils permettent aussi les miracles.
On m’avait laissé savoir que le Pasteur d’aujourd’hui était spécial, et qu’il venait très rarement à Cape Town; il arrivait justement du Malawi. Spécial ou non, ce Pasteur allait provoquer une véritable commotion auprès de la communauté.
La commotion
Sans avertir, en plein milieu d’un témoignage, une personne crie « THE PASTOR IS HERE! ». À ce moment même, les 1000 personnes se lèvent simultanément et se mettent toutes et tous à crier « THE PASTOR IS HERE! THE PASTOR IS HERE! THE PASTOR IS HERE! »; le tout entremêlé d’applaudissements, de sifflements, de sauts, de cris, de pleurs et d’une musique épique. Tous regardent dans la même direction pour ne pas manquer l’entrée de la vedette du jour.
Dès l’ouverture de la porte, le Pasteur apparait, entouré d’une dizaine de gardes du corps (c’est presque autant que le président des États-Unis, ça). Un homme, noir, bien sûr, imposant, avec une bonne carrure et habillé d’un complet beige… un homme comme tout le monde quoi. Accompagné du band, il entre en chantant un hymne que tous s’empressent de chanter avec lui en levant les bras dans les airs et en se balançant de gauche à droite.
Imaginez 1000 personnes qui explosent d’émotion et de joie en même temps. Il ne faut toutefois pas comparer ce moment à l’admiration qu’on voue et manifeste à vedette lors d’un spectacle. Ici, je suis témoin de centaine d’hommes, de femmes et d’enfants qui, du plus profond de leur cœur, livrent un acte d’amour sincère à l’homme représentant leur Dieu. Le Dieu miséricordieux qui les a mis au monde, qui les a fait grandir, qui les a marié, qui leur a permis de tomber enceinte. Le Dieu qui les a aidé à passer à travers tant d’épreuves, le Dieu qui était avec eux lors de la rémission de leur cancer, le Dieu qui leur ont offert un travail pour subvenir aux besoins de leur famille, le Dieu qu’ils prient tous les jours et celui avec qui ils mourront.
Ce sont toutes ces émotions, multipliées par l’entrainement des centaines d’autres personnes qui passent à travers moi et qui font monter la boule dans ma gorge et les larmes dans mes yeux. C’est l’énergie dégagée par la foule qui m’envahit, me submerge et me désoriente complètement. Je ne suis pas vraiment catholique, ni vraiment croyant, et je ne connaissais même pas l’importance d’un Pasteur il y a de cela deux heures, mais en face de tant d’émotions, je suis énormément touché.
La goutte de trop
Après cette entrée phénoménale, je redescends de mon nuage et je prends conscience de l’état des gens autour de moi. Pendant que le Pasteur fait le tour de l’église et qu’il demande à Dieu d’effacer les péchés et la misère des gens, certains se mettent à trembler, d’autres se laissent tomber sur leurs voisins. Des hommes pleurent à en perdre la force de leurs jambes et des femmes hurlent à s’en arracher les cordes vocales. Les organisateurs et caméramans se ruent sur les « élus » pour nous permettre à tous de constater l’intensité du moment. Tous les autres continuent à lever les bras vers le ciel et répondent en criant aux appels du Pasteur. Celui-ci pointe alors des individus supposément choisis par Dieu pour ensuite les tirer vers lui, leur déposer la main sur le front et les repousser d’un mouvement vif en criant « IT IS GONE! ».
Il revient ensuite à l’avant, l’ambiance se calme et il demande aux gens de montrer leurs portefeuilles, leurs téléphones et leurs papiers d’identité bien haut, à bout de bras. C’est alors qu’il invite Dieu à exaucer les prières d’une personne dans la salle. Une femme crie alors qu’on vient de lui transférer 2000 rands (environ 200 $) dans son compte en banque. Elle montre ensuite son téléphone à la caméra pour qu’on puisse constater le transfert, provenant d’une source inconnue. Le Pasteur invite finalement les gens à venir prier avec lui à l’avant et à déposer des offrandes (monétaires, bien sûr) dans l’énorme calice.
Reconnaissance
Malgré cette fin quelque peu déstabilisante, je suis extrêmement reconnaissant envers cette communauté de m’avoir permis d’assister à un événement aussi intime. J’étais un étranger à qui ils ont, avec certaines précautions, offert une place dans leur communauté. J’y ai croisé des gens bons, des âmes blessées, des sourires sincères et, à mon grand bonheur, des enfants adorables et curieux.
Je voulais terminer en vous montrant le genre de manifestations auxquelles j’ai assisté (sauf que mon Pasteur ne le faisait pas à distance, et il les prenait un par un):
Crédit images: https://images3.alphacoders.com/106/106195.jpg (En-tête), https://static01.nyt.com/images/2007/12/17/us/18witch-600.jpg