Q & R : Comment pratiquer le bénévolat éthique? | Règle 2

De nos jours, il ne suffit plus de faire du bénévolat; il faut le faire adéquatement et éthiquement. Toutefois, avec tout le marketing qui est fait autour du sujet, il est difficile de s’y retrouver et de bien choisir. En m’inspirant de mes lectures exhaustives sur le sujet, ainsi que de mes expériences sur le terrain, je vous dresse mon propre portrait du bénévolat éthique, en sept règles.

Règle 2 : Ne bâtissez pas un bâtiment vide avec votre nom dessus

(You people love empty buildings with your name on them)

Plusieurs organisations sont souvent accusées, par les communautés locales, d’aimer les bâtiments vides avec le nom du commanditaire en grosses lettres sur leurs murs. L’organisation s’installe, construit une école, rapporte le succès de leur projet aux donateurs et retourne dans leurs pays. Malheureusement, la communauté locale n’est pas impliquée dans le processus de prise de décisions et est souvent, par la suite, incapable d’entretenir le bâtiment ou de payer les salaires des professeurs. En plus d’être un gaspillage important d’argent, cette situation est facilement évitable.

Soyez sensible aux besoins de la communauté locale. Assurez-vous que le projet pour lequel vous travaillez répond aux réels besoins de la communauté locale et pas seulement aux besoins des bénévoles. Sans l’accord, la complicité et la responsabilisation des habitants de la région, la durabilité du projet devrait être mise en question.

Lorsque la nature même de l’organisation est fondée sur la profitabilité, la satisfaction des besoins des bénévoles passe souvent avant ceux de la communauté d’accueil. En faisant bien vos devoirs et en vous impliquant un minimum d’un mois pour l’organisation sélectionnée, vous pourrez réduire les risques de travailler dans le vide.

Librement inspiré de TheEthicalVolunteer.com

Cet article est grandement inspiré des 7 péchés capitaux du mauvais bénévole (« 7 Deadly Sins of bad volunteering ») décrits sur le site TheEthicalVolunteer.com/Education. Sans toutefois valoriser tout le contenu du site, je crois que ses énoncés représentent bien ma vision du bénévolat. À ces péchés, j’ajoute mon opinion, mes commentaires, mes expériences ou mes propres histoires.


Q & R : Comment pratiquer le bénévolat éthique? | Règle 1

De nos jours, il ne suffit plus de faire du bénévolat; il faut le faire adéquatement et éthiquement. Toutefois, avec tout le marketing qui est fait autour du sujet, il est difficile de s’y retrouver et de bien choisir. En m’inspirant de mes lectures exhaustives sur le sujet, ainsi que de mes expériences sur le terrain, je vous dresse mon propre portrait du bénévolat éthique, en sept règles.

Règle 1 : Éviter les vacances de câlins pour orphelins

(Don't go on a 'Hug an orphan' vacation)

C’est agréable des câlins. On aime tous se serrer dans nos bras et je suis moi-même un fervent adepte du câlin. Se pourrait-il toutefois que certains de nos câlins aient comme conséquence de blesser au lieu d’aider? Lorsqu’on serre un orphelin dans nos bras, le faisons-nous pour eux ou pour soi-même?

C’est malheureusement possible que l’on ait un impact négatif sur les gens qu’on a l’intention d’aider, volontairement ou non. Les bénévoles sont souvent attirés par le travail auprès des orphelinats, car ce genre d’implication est perçu comme une façon directe et concrète d’aider. Toutefois, les présences transitoires de nombreuses personnes non qualifiées à travailler auprès des enfants vulnérables peuvent avoir d’énormes effets négatifs chez l’enfant.

Beaucoup de projets de protection de l’enfance sont d’excellents projets, mais si vous n’êtes pas un professionnel formé et qualifié, il se peut que vous ne soyez pas le meilleur candidat pour venir en aide aux orphelins vivant des situations particulières et difficiles. Réfléchissez d’abord à ce que vous êtes qualifié à faire. Peut-être existe-t-il d’autres tâches importantes où vous seriez vraiment utile pour le projet?

Le bénévolat auprès des orphelinats cache aussi un autre problème encore plus sournois : l’explosion de la commercialisation et de la profitabilité du bénévolat. Comme dans n’importe quelle organisation à but lucratif, la règle de l’offre et de la demande s’applique, malheureusement avec une approche beaucoup plus perverse. Le passé a montré que si vous construisez un orphelinat, les orphelins deviendront disponibles. Les opportunistes peuvent donc profiter de la situation en exploitant des enfants vulnérables afin d’attirer les bénévoles. Les instances gouvernementales sont même souvent contre la création des orphelinats et préfèrent de loin le placement des enfants chez les proches de la famille ou dans d’autres milieux familiaux, plutôt que de les séparer de leur communauté.

Nécessairement, je serre constamment des enfants dans mes bas (même si je me freine souvent par préoccupation des différences culturelles). Toutefois, je n’ai pas encore travaillé auprès d’orphelinats et ma description de tâche ne se limite pas à « envoyer la main aux enfants », « jouer à se taper dans les mains » et « serrer dans ses bras un enfant par heure ». J’ai une implication primaire souvent pleine de sens et je garde en permanence une conscience sur l’impact de mes actions. Je m’assure aussi que les gens avec qui je travaille, particulièrement les enfants, savent que je suis ici pour un temps déterminé et qu’un jour, bientôt, je les quitterai.

Librement inspiré de TheEthicalVolunteer.com

Cet article est grandement inspiré des 7 péchés capitaux du mauvais bénévole (« 7 Deadly Sins of bad volunteering ») décrits sur le site TheEthicalVolunteer.com/Education. Sans toutefois valoriser tout le contenu du site, je crois que ses énoncés représentent bien ma vision du bénévolat. À ces péchés, j’ajoute mon opinion, mes commentaires, mes expériences ou mes propres histoires.


Comment puis-je faire mieux?

Ça fait déjà plusieurs mois que je voyage et que je partage mes expériences sur mon blogue et ma page Facebook. Depuis le tout début, je reçois de très beaux messages et d’excellents commentaires positifs, mais j’aimerais m’améliorer; faire mieux. Pour ce faire, je vous pose donc la question : Comment puis-je faire mieux?

J’interpelle votre sens critique, je réquisitionne votre expérience, je revendique votre franchise et je sollicite votre créativité. Je veux vos commentaires surtout sur ma façon de voyager et de m’impliquer, mais aussi sur mes techniques et méthodes de partages sur mon blogue ou sur ma page Facebook.

Voici certains aspects qui me viennent à l’esprit et dont j’aimerais avoir votre avis. Je suis toutefois très ouvert aux autres idées.

  • Voyage : Lieux, durées, activités, idées, etc.
  • Implication : Lieux, durées, activités, approche, idées de jeux, techniques d’enseignement, etc.
  • Blogue et Facebook : Fréquence, contenu, diversité, équilibre images/vidéos/textes, qualité des récits, structure des textes, etc.

Pour vous manifester vous pouvez (allez, ne soyez pas gêné(e)s!):

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Prélude à Thabiso

Un mélange d’amertume, de fierté et d’excitation s’empare de moi au moment où je m’apprête à quitter l’endroit qui aura été mon premier chez moi hors Québec. L’endroit qui m’aura accueilli, nommé Thabiso (rend heureux ) et qui provoquera un serrement de cœur. J’y aurai donné, aidé, appris et partagé. Je sens maintenant que je suis prêt à continuer et à avancer.

Objectif atteint?

Il y a de cela déjà presque deux mois, dans mon article « Faire la différence autrement », je vous ai fait part d’une promesse que je m’étais faite. Lors de mon arrivée à Makhapung au Lesotho, j’avais rencontré une personne qui avait perdu le goût de vivre et je ne pouvais pas me résoudre à la quitter sans avoir tenté de lui transmettre un peu de mon optimisme et de ma joie de vivre. Dès les premières fois où j’avais jeté mon regard dans ses yeux, j’avais vu en elle une personne forte, rayonnante et merveilleuse; il ne me suffisait alors que de lui faire voir à elle aussi.

Chaque matin, tout au long de mon séjour, je lui préparais le café et attachais, à l’anse, un petit papier. Sur ce papier, y était inscrit un compliment. Un compliment très simple, mais véridique et profondément significatif. Ensuite, tout au long de la journée, je m’appliquais à lui faire voir comment elle est une personne extraordinaire et comment la vie pouvait être d’une beauté rare quand on prenait temps de s’y attarder. En ignorant les laideurs du quotidien et en accentuant les joies, j’ai tenté de lui faire voir le bon côté de chaque moment. Aussi, un jour, j’ai été surpris par le rapprochement de son histoire avec celle des paroles de la chanson « Les elles » d’Ingrid St-Pierre. Je me suis donc empressé de traduire les paroles et de lui faire découvrir à son tour. Je vous offre de la découvrir aussi.


Petite moi rafistolée
Un peu plus grande
Un peu plus forte
Reprends la route la tête haute
Pour ne plus jamais la rendre
Et les quelques plumes perdues
Je les rattraperai doucement
Ficelles et papiers collants
Je bricolerai mes ailes d’avant
Et tout le ciel espère
Des envolées sans les volières
Un peu plus grande un peu plus forte
Et les quelques plumes perdues
Je les rattraperai doucement
Ficelles et papiers collants
Je bricolerai mes ailes d’avant

Tout en restant humble sur mon impact lors de mon absence, je crois avoir atteint une grande partie de mon objectif. Tout d’abord, du côté non verbal, j’ai observé une attitude différente de jour en jour : plus de sourires, rires plus fréquents, acceptation de son passé, lexique relatif à « demain », etc. De plus, je me permets de citer quelques-uns de ses partages : « Depuis 3 semaines que je te connais, tu as changé ma vie. », « Pendant de courts laps de temps dans ma journée, je me sens heureuse. Le reste du temps, je n’ai plus de pensées suicidaires. » ou « J’ai le goût de remettre ma vie en ordre et de me bâtir un futur. », mais surtout : « Avant de te rencontrer, j’avais planifié laisser mon fils à son père et mettre fin à mes jours. Tu as tout changé. Tu m’as rendue plus forte, tu m’as redonné confiance en moi et tu m’as donné des raisons de continuer. Dans quelques jours, je vais aller porter mon fils et je vais revenir à Makhapung fière, la tête haute et plus vivante que jamais. ».

Je ne sais pas ce qu’elle deviendra ou si elle continuera à croire en elle indéfiniment à la suite de mon départ, mais mon optimisme me permet d’espérer que les graines de bonheurs que j’ai réussi à semer dans son cœur continueront à faire des petits. Je me permets du moins d’y rêver, car rien ne pourra jamais empêcher le rêve.

Les dernières semaines

Même si la liste de mes accomplissements des dernières semaines ne fera jamais rayonner une énumération d’exploits de voyageur, ils n’en sont pas moins vrais, authentiques ou empreints de fierté : ma relation avec les membres de la famille s’est développée, j’ai tissé des liens avec une grande partie de la communauté et mon quotidien était chargé de partages, d’accolades, de rires, de jeux et de joies.

Dans mon quotidien, j’ai vécu des événements spéciaux comme la présence des autres membres de la famille de Mapaseka (frère, sœurs, neveu et nièce) ou le 25 décembre lorsque nous nous sommes tous rendus en ville pour célébrer le baptême du plus jeune enfant de son frère. C’est au retour, lorsque nous étions tous dans le caisson du pickup à crier « Merry Christmas! » à tous les passants, lorsque nous avons dansé aux abords de la route et lorsque nous avons chanté pendant notre longue montée à la maison que j’ai compris que je faisais vraiment partie de cette merveilleuse famille.

C’est aussi lorsque j’ai traversé le village à cheval et que les villageois criaient mon nom à tour de bras, surpris de me voir aussi à l’aise, que je compris qu’on m’acceptait et m’appréciait à Makhapung. C’est aussi lorsqu’une trentaine d’enfants faisaient la file pour se faire nettoyer les oreilles et se voir offrir une manucure maison que j’ai me suis senti flatté et utile. C’est également la veille du jour de l’an où l’on m’invitait à me joindre aux danses traditionnelles et aux célébrations que j’éprouvais un énorme privilège. Ou bien, c’est le jour où les enfants du village ont décidé de me bâtir une propre petite maison à Makhapung, que je me suis senti comblé.

C’est finalement, lors du dénouement de mon aventure à Makhapung, le jour de mon départ, lorsque les enfants nous voulaient pas retourner à la maison au coucher du soleil, lorsque je reçus les plus beaux messages d’adieux de la famille et lorsque chaque membre de la communauté me gratifiait d’accolades, de sourires et de larmes que je pris conscience de l’énorme deuil que j’aurais à faire.

Un manque se crée, un vide se comble

Je ne regrette pas d’avoir accepté cette invitation incongrue de cette passagère de Makhapung, dans cet autobus à Underberg. Je suis content d’avoir développé une nouvelle grande amitié avec Mapaseka. Je suis fier d’avoir eu le courage, seulement après deux jours, de changer mes plans, de demander à rester plus longtemps et de vouloir m’impliquer. M’impliquer dans un village où il n’y avait jamais eu de visiteurs plus de trois jours, ni même de programme de bénévolat déjà mis en place. D’avoir offert un peu de mes connaissances, mais surtout de mon humour et de mon ouverture d’esprit. D’avoir tranquillement gagné la confiance de la famille, des enfants et, ensuite, des adultes du village. Mapaseka me manquera, sa famille me manquera, Makhapung me manquera, les gens me manqueront, les enfants me manqueront aussi.

Tous ces manques seront, je l’espère, comblés par ce qui m’attend dans les prochaines semaines. Je commencerai par traverser le Zimbabwe; un pays dispendieux dont j’ai décidé d’annuler la visite, étant donné que je viens de m’arrêter plus longtemps que prévu au Lesotho. Ensuite, je visiterai la Zambie pendant quelques semaines, pour finalement m’arrêter, une seconde fois, faire du bénévolat à l’est du pays. Je ne sais pas encore où exactement ni pour combien de temps… je laisserai l’imprévu me conseiller, comme je l’ai laissé m’orienter au Lesotho.


Makhapung et moi (Photos et vidéos)

Depuis déjà un mois, je partage le quotidien d’une communauté extraordinaire : Makhapung au Lesotho. Cette communauté m’a ouvert une place dans leur vie et m’a offert ma première opportunité d’échange équitable. Alors, je compte y rester jusqu’en janvier 2017. Je vous en donne TOUS les détails.

Lesotho

Je vous ai déjà un peu parlé du Lesotho et des Basotho dans mon article "Les plans changent"

Le Lesotho est le seul pays du sud de l’Afrique dont toutes les frontières sont entourées par un seul pays, l’Afrique du Sud, et seulement quelques postes frontaliers permettent d’y accéder. Environ deux millions de Basotho y habitent et près de 40 % de ceux-ci vivent sous le seuil de la pauvreté. Depuis 2013, une route flambant neuve sillonne les nombreuses montagnes du pays. Celle-ci fut heureusement construite par les habitants, mais sous un investissement chinois.

Au Lesotho, on y retrouve le sommet le plus élevé au sud du Kilimandjaro : Thaba Ntlenyana. Je l’ai grimpé le 14 novembre. Sans toutefois être extrêmement difficile comme montée, au sommet, on se retrouve au-dessus des nuages et le vent qui y domine est très intense. J’en ai eu le visage et les lèvres brulés pendant quelques jours.

Maseru est la capitale du Lesotho et j’ai pu la visiter le 26 novembre 2016. Comme je n’affectionne pas particulièrement les villes, j’en ai profité pour me promener au centre-ville et refaire le plein de certains trucs essentiels qu’on ne trouve pas à Mokhotlong : du Nutella, du chocolat et du vin. Je ne suis aussi permis un luxe : une douche, et chaude en plus (je vous promets bientôt un article sur mes expériences de bains).

Makhapung

On peut diviser le Lesotho en deux : les hauts plateaux et les bas plateaux. En haute altitude, on retrouve le populaire Sani top, des villes telles que Qacha’s Nek, Mohale’s Hoek et Mokhotlong (endroit où je vais faire mes courses). Il y a aussi un été froid, un hiver « frette » et du vent, beaucoup de vent. En basse altitude, le vent souffle aussi, mais à plus faible vélocité. Les étés sont chauds, les hivers froids et on y trouve les villes de Maseru, Butha-Buthe et Hlotse. C’est aussi en basse altitude qu’on peut, si on porte bien attention, y apercevoir le village de Makhapung, où je réside.

Une moyenne de 100 Basothos habite Makhapung, incluant un étranger : moi. On y trouve une proportion presque égale d’hommes et de femmes, ainsi qu’une quantité plus élevée d’enfants. Les femmes s’occupent de la maison, de la cuisine, du jardin et des enfants. Les hommes, eux, travaillent dans les villes aux environs, ou sont bergers et promènent le bétail le jour durant afin de lui offrir une alimentation et un exercice adéquat. Ils et elles parlent tous et toutes sesotho et quelques-uns et unes anglais, de base. Comme dans tout bon village du Lesotho, il y a des petits commerces, un bar, un puits, des jardins, des animaux, et une guérisseuse traditionnelle.

Mon quotidien

Au quotidien, j’ai longtemps été en mode « observation » et je le suis encore. J’apprends à cuisiner, à nettoyer, à aller aux toilettes, à me laver et à laver mes vêtements… des tâches si simples au Canada. Régulièrement, j’aide à la maison en buchant, en jardinant, en allumant le feu ou en peinturant. Rappelons aussi que tout se fait sans aucune électricité. Donc l’éclairage, la cuisson et le chauffage de l’eau se font au gaz ou au bois.

Lorsque les nuages s’absentent la nuit, j’ai droit à l’un des plus beaux spectacles de ma vie : un ciel incroyablement étoilé! Je m’étire donc le coup pendant plusieurs minutes et je consomme les astres. J’ai justement écrit un article sur le sujet : « Un ciel ÉTOILÉ ».

Une fois par semaine, c’est l’épicerie. On prend le taxi-bus vers 8 h 30 le matin et on se rend à Mokhotlong, la ville la plus proche, à 20 km de Makhapung. Comme il n’y a pas encore de supermarché où on peut tout trouver au même endroit, chaque commerce offre une partie de ce qu’on a besoin : fruits, légumes, fèves, riz, pain, du porridge, des œufs, cannages divers, etc. Afin de tout obtenir, nous devons compter trois à cinq endroits différents et environ trois heures. On revient ensuite les mains pleines en taxi-bus. C’est pendant cette même journée que je m’installe dans un café internet et que j’en profite pour vous partager mes expériences.

Visite guidée de ma maison à Makhapung

Mon implication

Je suis constamment à la recherche de différentes façons de m’impliquer. Comme le village n’a jamais reçu de bénévoles, ils n’ont jamais réfléchi à ce qu’un étranger comme moi peut leur apporter. Pour les aider, je leur ai fourni une copie de mon CV simplifié. Toutefois, ce n’est pas toujours évident de provoquer du nouveau tout en respectant leurs habitudes journalières des villageois et le rythme africain.

Pour le moment, l’école primaire locale et l’école de bergers m’ont demandé de donner des cours d’informatique (Introduction, Word, Excel, PowerPoint, Paint, etc.) aux professeurs, aux 3es années (brève introduction seulement) et aux 6es années. L’école étant maintenant terminée depuis le début décembre, j’ai mis en place un horaire hebdomadaire de classes ouvertes à tous, ainsi que quelques activités supplémentaires les samedis. Cet horaire couvrira toute la période pendant laquelle je crois rester à Makhapung. Oui, j’ai décidé de passer le temps des fêtes au Lesotho. Mon appartenance et mon attachement à cette petite communauté me permettront de supporter la distance qui me sépare de ma famille et de mes proches, surtout en cette période particulièrement philanthropique de l’année.

École de bergers

Comme je vous le disais, les hommes (et souvent les jeunes garçons) s’occupent des animaux du village et quittent la maison très tôt le matin pour y revenir en fin de journée. Une femme du village trouvait désolant qu’ils n’aient pas accès à une éducation adéquate. Plusieurs ne savaient pas lire ni écrire, autant en anglais qu’en sesotho. Elle a donc commencé à inviter les bergers des environs chez elle à la tombée du jour, vers 19 h, pour leur offrir un bon repas et de nouvelles connaissances. Quelques années ensuite, des missionnaires canadiens lui ont offert de construire une école spécialement pour les bergers. Aujourd’hui, c’est une moyenne quotidienne de 65 bergers (30 seulement en été) qui se déplacent à cette école pour apprendre.

En parallèle, j’aide aux activités du village comme à l’accueil des visiteurs ou la reconstruction de la route principale. J’ai aussi entrepris d’apprendre le français à Mapaseka, car elle a régulièrement des groupes de la France à guider.


Mes premiers pas

Voilà… Dans seulement un dodo j’aurai les fesses sur mon siège d’avion en direction de cette nouvelle aventure. Un long chemin m’attend, mais un aussi long a occupé ma pensée et mon temps depuis la dernière année. Qu’est-ce qui m’a mené à cette décision? Comment me suis-je préparé mentalement, physiquement et techniquement? Comment entrevois-je cette odyssée, qui, sans contredit, a commencée il y a plusieurs mois ? Voici un survol des réponses à ces questions. 

Pourquoi?

Il y a quelques semaines, une personne que je venais tout juste de rencontrer et qui ne me connaissait pas, m’a posé cette question, m’obligeant à bâtir une réponse claire, sincère et qui résultait de mes derniers mois de réflexions personnelles.

Je lui ai donc raconté mon expérience marquante au Ghana, où j’ai eu deux grandes révélations personnelles; deux vérités qui définissent qui est Francis; deux certitudes profondes de ma personne qui devront être présentes tout le reste de ma vie. Je lui ai parlé de mon besoin d’être entouré d’enfants, qui ce soit à travers le bénévolat, l’adoption ou mes propres enfants. Et je lui ai confié que j’ai besoin, comme plusieurs, de me sentir utile et de sentir que j’ai un impact chez les gens qui croisent mon chemin. J’ai besoin de sentir que j’inspire les autres, ne serait-ce qu’un peu.

Dans cette prochaine aventure, j’espère donc découvrir d’autres grandes valeurs profondes et intrinsèques comme celles qui m’ont frappé de plein fouet au Ghana. De plus, l’aspect humanitaire me permettra de combler mon besoin de présence des enfants et mon besoin d’apporter des changements concrets dans les communautés que je visiterai. je veux sortir de ma “routine” quotidienne et de mon cadre de vie actuel pour permettre à mon esprit et mon coeur de laisser entrer toute nouvelle idée ou émotion, ce qui me permettrait d’en découvrir plus sur moi.

Mais maintenant que mon objectif personnel est défini, comment ai-je mis en scène un tel changement?

Préparations mentale, physique et technique

J’ai commencé par lire… énormément. Au début, je lisais seulement des livres sur l’état mental et sur le mode de vie qu’implique le voyage à long terme. Des livres tels que « Vagabonding: An Uncommon Guide to the Art of Long-Term World Travel » de Rolf Potts, « Vivre pour se sentir vivant » de Albert Bosch, « L’homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle, « Le tour du monde en stop » de Ludovic Lehler et « La Frousse autour du monde » de Bruno Blanchet.

Ces livres m’ont permis de comprendre dans quel état psychologique je devrais me mettre si j’entamais ce grand voyage. Ils ont réussi à me faire rêver et ils m’ont convaincu que je serais capable d’adopter un tel état d’esprit. Si je voulais réussir et apprécier une telle aventure, je devais la voir comme on voit la vie en général, avec ses hauts et ses bas, avec ses avantages et ses inconvénients, avec ses moments encourageants et ses moments qui nous donnent le goût d’abandonner. Il y a beaucoup de choses que j’aime dans ma vie actuelle et il y a des choses qui me dérangent. Il y aura aussi, là-bas, énormément de choses à apprécier, mais aussi d’autres qui me contrarieront. C’est la beauté de la vie, en voyage ou non.

Pendant les quelques mois qui suivirent la plantation de cette graine dans mon esprit, je suis passé par le doute, la peur, le vertige, l’envie, l’excitation et la fierté. J’ai connu une période où mon conscient voulait partir, mais où mon inconscient (à travers mes rêves) voulait rester; une période de multiples discussions avec mes proches pour m’aider à comprendre et me convaincre (ou me dissuader) de passer à l’action; une période d’annonces et d’explications à mon entourage; et une période de mise en place physique et technique de ma décision.

Physiquement, je voulais simplement réduire le choc du passage d’un mode de vie sédentaire à un mode de vie actif, qui comprend de longues marches et des randonnées plus difficiles. Je me suis donc mis au jogging. Graduellement, je suis passé du gros gras qui « pompe » après dix enjambées de jogging, au gros, toujours gras mais heureux, qui a réussi à jogger un 9 km en une heure.

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Techniquement, ce sont des centaines d’heures à coordonner mon absence au Québec (et la tonne de paperasses que ça implique), à vendre mes biens, à mettre en place mon blog, à faire des recherches sur chaque destination, à organiser mon trajet et à rassembler les informations sur quoi faire, quoi voir, où dormir, quoi manger, comment me déplacer, comment aider, et ce, pour chacun des pays.

Voici un exemple de ce que ça peut donner :

Finalement, c’est aussi s’équiper pour vivre et survivre avec le strict minimum. Je ne sais pas si vous le savez, mais faire entrer toute une vie dans un sac à dos de 36 litres, ce n’est pas évident. Ça nécessite des recherches, des achats, du remballage, de la compression et BEAUCOUP de choix déchirants.

Prêt, pas prêt, j'y vais

Je suis prêt : émotivement, psychologiquement, physiquement et techniquement prêt. Je ne sais pas si mes espoirs d’échanges équitables sont réalistes et s’il me sera possible de bénéficier de la générosité des Africaines et des Africains. J’ai toutefois confiance en l’humain, je ne fais pas de promesses, et je me réserve le droit de m’adapter ou de faire évoluer mon projet.

Tant de belles choses se sont présentées à moi dans les derniers mois, des choses qui me peinent énormément de quitter, mais qui, sans ce voyage, ne me seraient jamais arrivées.

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont encouragé. Je remercie ceux et celles qui ont donné à ma cause. Je vous remercie tous et toutes de votre générosité et de votre hospitalité.

Si vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas. Une telle aventure nécessite beaucoup de préparation et énormément de recherches, il serait dommage que je sois le seul à en profiter.

Et je réitère que vous serez toujours les bienvenu(e)s à voyager avec moi. Il me fera plaisir d’ajuster mon voyage pour nous permettre de le faire ensemble.