J’aime la nudité (Partie 2 de 2)
J’aime la nudité pour ce qu’elle permet : le respect, l’égalité et la beauté. Le corps humain qui nous définit est une machine complexe trop souvent jugée et caché. Toutefois, si nous apprenions à l’accepter tel qu’il est, nous serions en mesure de le voir comme un amalgame de sens et de l’érotiser au lieu de le pornographiser. Notre corps est marqué de notre histoire, avec ses cicatrices et ses vergetures. Il est si beau, qu’il me prend à rêver d’un monde complètement nu, sans artifices, ni mensonges, ni jugement. (Deuxième partie de deux)
Marqué
N’oubliez pas aussi que les marques sur votre corps sont le résultat de votre histoire. Les cicatrices sont des souvenirs corporels tangibles de votre passé. Elles sont les vestiges de tous vos apprentissages, souvent douloureux. Elles racontent votre histoire personnelle gravée sur votre peau. Sans ces marques, cette histoire qui ne serait qu’une simple légende improuvable. Jusqu’à votre mort, ces cicatrices vous rappelleront que vous avez vécu, appris ou survécu.
Également, vos vergetures ventrales sont une empreinte du plus beau cadeau que la vie vous ait faite : enfanter. Le temps passé à fixer les lignes sur votre ventre devraient être passé à admirer vos enfants car ils sont la raison de leurs présences. À l’extrémité de vos seins tombants, vos mamelons crevassés vous ont permis de créer un lien d’amour inconditionnel avec votre progéniture. Et vos cheveux gris incarnent votre sagesse et vous méritent le respect des autres. Chacune de ces marques sont des chapitres d’une biographie que vous n’oserez jamais écrire. Elles doivent faire partie de votre acceptation à la vie passée et présente.
Appris
Ne vous méprenez pas, je ne prêche pas par l’exemple. Moi aussi je subis la pression de la société et le jugement des autres. Je développe toutefois une résistance de plus en plus grande qui me permet d’accepter mon corps tel qu’il est, unique. Cette acceptation m’a empêché de m’entrainer pour sculpter mon corps, mais pour mieux vivre plus longtemps. Elle m’a permis de mieux manger au lieu de me gaver de cochonneries. Elle fait rayonner ma confiance en moi, et m’encourage à embellir celle des autres.
J’ai maintenant dans ma garde-robe que quelques morceaux de vêtements, plus utiles que beaux, plus confortables que marqués. J’accepte de me promener en « chest » devant les autres (mais pas au centre commercial, ça c’est non! Pour tout le monde!). Je ne me sens pas insulté lorsque je compare mon teins à celui des autres; je me dis que je préfère être blanc que d’avoir le cancer de la peau. Je trouve mon poil généralisé plutôt réconfortant et mon nez disproportionnel me donne une faculté olfactive du tonnerre, autant pour me rappeler un souvenir passé grâce à une odeur que pour esquiver un nuage de pet.
Rêvé
Des fois, je me mets à rêver que plus personne ne porte de vêtement (pas dans un sens pornographique s’il-vous-plait). Je m’imagine que la gêne serait extrêmement accablante au début, mais comme tout le monde serait nu, nous nous y habituerions tous assez vite et diminuerions tranquillement les réflexes de se cacher. Dans les premiers jours, nous laisserions dissiper les désirs érotiques et les érections involontaires. Nous diminuerons tranquillement nos jugements dans les premières semaines. Et, le temps de le dire, nous apprécierions la personne devant nous pour ce qu’elle est réellement, pas pour ce qu’elle veut faire paraitre, dans toute sa vulnérabilité naturelle. Bon, ça ne serait peut-être pas chaud pour les grelots, mais ça laisserait tomber les préjugés de premières impressions et ça ne nous ferait pas de tord de temps en temps au Québec.
J’aime la nudité (Partie 1 de 2)
J’aime la nudité pour ce qu’elle permet : le respect, l’égalité et la beauté. Le corps humain qui nous définit est une machine complexe trop souvent jugée et caché. Toutefois, si nous apprenions à l’accepter tel qu’il est, nous serions en mesure de le voir comme un amalgame de sens et de l’érotiser au lieu de le pornographiser. Notre corps est marqué de notre histoire, avec ses cicatrices et ses vergetures. Il est si beau, qu’il me prend à rêver d’un monde complètement nu, sans artifices, ni mensonges, ni jugement. (Première partie de deux)
Le corps humain…
Le cops humain est une machine mystérieuse et sophistiquée. Il est tellement complexe que, malgré des milliers d’années d’études sur celui-ci, nous n’en connaissons qu’une infime partie. Par exemple, il nous suffit de penser aux capacités du cerveau que nous n’exploitons qu’à 10%, aux rêves qui guident nos émotions inconsciemment, ou aux centaines de maladies toujours incurables.
Le corps humain est aussi d’une splendeur artistique. Quand on réussit à contempler le corps nu pour son art et son érotisme, on réalise qu’il est plus qu’une simple image sexuelle. La nudité naturelle bien présentée et respectée est d’une beauté qu’il m’est difficile à expliquer. Nous avons été conçus pour être utile et survivre, mais pourquoi pas aussi pour être admiré. Il n’y a rien de plus naïf qu’un enfant nu qui ne le sait même pas et qui joue. Il n’y a rien de plus éducatif qu’une fillette qui découvre ses seins de future femme ou un adolescent qui expérimente ses premières érections publiques. Il n’y a rien de plus réconfortant que le visage d’un enfant satisfait par la tétée d’un sein maternel enflé. Et il n’y a rien de plus comique qu’une paire de fesses blanche qui brille dans la pénombre d’un bain de minuit.
La nudité est une découverte infinie. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas deux personnes pareilles parmi les huit milliards d’humain sur la terre. C’est comme une galerie d’art de huit milliards de tableaux ou de statues prêt à être admirés.
Jugé
Toutefois, nous nous efforçons de le cacher constamment et nous le camouflons derrière plusieurs couches de vêtements. Ceux-ci ont été créés pour nous protéger de notre environnement externe, mais ont maintenant un rôle et un impact beaucoup plus lourds. Ils ont aujourd’hui le pouvoir de créer une valeur ou d’infliger une honte à ce qu’ils enveloppent. Grâce à un morceau de tissus, le corps humain a le pouvoir malsain d’appartenir à un groupe sociétal, ou à une marque. Et cette marque prend un malin plaisir à catégoriser les humains, s’assurant même des fois que son groupe cultive une haine envers les autres dissemblables.
De plus, même s’il nous est permis de cacher le corps humain grâce aux vêtements, il nous arrive très souvent de vouloir le modifier. De passer des heures à essayer de le modeler sous le poids de la fonte, à le rétrécir sous l’humidité de la sueur ou à l’effacer sous l’étendage de crèmes et de maquillages. Nous disons vouloir le façonner à notre goût, mais ce mensonge nous évite d’avouer que c’est au goût des autres que nous voulons ressembler. Il nous est impossible d’aimer notre corps tel qu’il est et nous acceptons que la société choisisse quand nous devrions l’aimer ou le détester. Nous préférons nous plier à SA définition de la beauté humaine que de travailler sur notre propre perception.
Érotisé
Et quand il nous est impossible de le cacher ou de le modifier à notre goût, nous fermons les lumières. Combien de moments intimes avons-nous refusé par crainte du jugement de l’autre? Comme si la sensualité se limitait à la minceur de nos courbes ou à la fermeté de nos protubérances.
Lors de nos échanges sexuels, nos corps servent d’instrument à capter les sensations et à exprimer les émotions. Au-delà du plaisir visuel, il y a quatre autres sens qui n’attendent qu’à être exploités. L’odorat c’est le parfum naturel de son corps qui a terminé une journée. Le touché c’est le frémissement de ses doigts longeant nos flancs. Le gouté, cette saveur unique d’une perle de sueur qui glissait le long de sa nuque. L’ouïe, c’est le son de sa respiration qui évolue au rythme de la frénésie du moment.
Au lieu de s’attarder à ses milliers de stimuli qui n’attendent qu’à être perçus, nous n’accordons une importance qu’à ce nous voyons. Trop souvent, nous tentons de recréer l’image d’un souvenir pornographique ou d’un fantasme suggéré par la masse. Nous laissons rarement notre imagination prendre le dessus, laissant tomber nos préjugés et oubliant de quoi nous aurons l’air.
Le corps humain est érotique. Il fait pour être senti, touché, goûté, entendu et vu. Il est fait pour être aimé. Ne passez pas à côté de l’amour pour un bourrelet de trop ou une tache mal placée.
La décision la plus difficile de ma vie
Des décisions comme celle que j’ai dû prendre, ça ne se choisit pas en tirant à pile ou face. Un changement de vie majeur s’annonce pour moi (encore?) et il est le résultat de l’atteinte de plusieurs objectifs personnels dans les dernières années. Il m’oblige toutefois à abandonner mon bonheur actuel afin de pouvoir en bâtir un plus grand ailleurs.
Comment décider
Tout d’abord, il est important que je mentionne que cette réflexion a été un processus extrêmement difficile qui s’est échelonné sur plusieurs mois. Les dernières semaines étaient encore plus éprouvantes, car je sentais la pression de devoir trancher au plus vite, avec la venue de la directrice qui allait me demander si j’étais prêt à me commettre à Stepping Stones pour une autre année. Cette période affectait mon quotidien, me rendait terriblement irritable et me poussait à me refermer sur moi-même. Je devais prendre une décision, mais j’en étais incapable. Tout ce que je réussissais à faire c’était de m’informer sur toutes mes options, des plus simples aux plus compliquées, en passant par les plus folles. Au moins, j’accumulais du contenu à réfléchir, mais il m’était impossible de trancher. J’avais besoin d’une retraite.
Je me suis donc renfermé pendant 3 jours dans un chalet, isolé de tout le monde, sans ne dire à personne où j’étais, sans aucune distraction ni électronique, que mon carnet de voyage des 3 dernières années, mes articles passés, mes notes, du papier, un crayon et des méditations guidées (et de la bouffe bien sûr, je n’allais quand même pas jeûner).
Mon premier jour était réservé tout d’abord à me vider l’esprit grâce aux méditations et à me la remplir de mon histoire. Pour ce faire, j’ai lu et relus tout ce que j’avais écrit depuis que j’avais pris la décision de quitter le Québec en 2016. Je me suis souvenu des raisons de mon départ, de mes objectifs, de mes découvertes, des émotions que j’avais ressenties, des pensées, des apprentissages que j’avais faits et des réponses que j’avais trouvées. Je suis aussi passé par les raisons qui m’avaient poussé à revenir au Malawi en 2017 et celles qui m’avaient encouragée à rester pour une 2e année consécutive en 2018. Grâce à cette journée complète de décrochage, j’ai réussi à me recentrer sur qui je suis et ce que je veux dans la vie.
Ma deuxième journée de réflexion servait à faire le tour de la question « Que se passerait-il si je quittais le Malawi pour revenir au Québec? ». Je devais coucher sur papier tout ce que je devais faire et préparer pour me permettre de venir au pays, mais surtout toutes les émotions qui me venaient à cette idée. Je devais agir et penser comme si ma décision était déjà prise, et visualiser ce qui arriverait. La troisième et dernière journée était semblable, mais devait tourner autour de l’option « Que se passerait-il si je restais au Malawi? ». J’ai aussi profité de ma retraite pour clarifier des questions comme : « Quels sont mes rêves? », « Quels éléments composent mon bonheur? », « Quels sont mes désirs en amour? », « En quoi suis-je unique? » et « Pourquoi je veux des enfants? ».
Ça été trois jours chargés d’émotions, de rires, de joie, de tristesse, de pleurs, d’anxiété, de nostalgie, d’espoir, de désespoir, mais surtout de réponses.
Cette technique décisionnelle m’avait été recommandée par une amie en 2017 pour m’aider à choisir entre continuer mon aventure ou revenir au Malawi pour être directeur d’école. J’avais pris deux semaines pour faire le tour de la question « Continuer » et seulement deux jours pour « Malawi », car le cœur avait parlé. Dans le cas présent, j’ai utilisé la même technique et, encore une fois, elle a fonctionné.
Considérer toutes les options
Ma retraite m’a tout d’abord rappelé que je désirais être papa depuis aussi longtemps qu’octobre 2016. J’avais toutefois repoussé le projet pour plutôt me permettre de réaliser un autre rêve qu’était celui de voyager. Ce même désir de paternité avait refait surface en avril 2017 lorsque je devais choisir mon aventure ou mon arrêt au Malawi. En restant au Malawi, j’avais accepté de reporter pour une 2e fois mon intention d’avoir des enfants. Et une 3e fois quand j’avais reconduit mon contrat de directeur d’école pour une autre année. Chaque fois, j’étouffais un rêve qui devenait de plus en plus viscéral et incontrôlable. Toutefois, pendant la dernière année, j’avais espoir que ma relation et mon rapprochement avec les filles d’Alice (Doreen et Vanessa) réussiraient à combler mon besoin d’être père. J’avais tort.
Même si je passais mes journées entières avec elles, que je leurs offrait tout ce que je possédais et que je leur donnais une éducation spéciale, jamais je ne pouvais mériter l’amour qu’elles dévouaient pour leur mère naturelle. J’étais incapable d’obtenir cet amour inconditionnel qu’un enfant biologique donne à ses parents (et c’est tout à fait normal). Non seulement elles ne pouvaient pas m’aimer tel un père biologique, mais j’éprouvais le même sentiment à leurs égards. Ne vous méprenez pas, notre amour mutuel est exceptionnellement fort, je les appelle mes filles, elles m’appellent papa. Toutefois, le lien unique et absolu qui les lie à leur mère est imbattable (et je n’ai jamais eu l’intention de le battre). Tous les parents qui me lisent comprendront de quoi je parle. Je devais donc l’accepter ou avoir mes propres enfants. Une chose est certaine toutefois, ma relation privilégiée avec elles a légitimé mon appel parental et a consolidé mes capacités paternelles. Elles sont la raison pour laquelle je crois en mes aptitudes à être un bon père.
J’ai aussi considéré des options comme : l’adoption internationale, les mères porteuses et même celle de m’obliger à une relation amoureuse au Malawi.
Confronté à toutes ces pensées, j’avais besoin de revenir à la base et définir pourquoi je veux tant un enfant. L’une de mes méditations m’a permis de comprendre que mon besoin de créer cet amour inconditionnel m’habite, et que même si je l’oublie ou le fuis, il continuera d’exister et reviendra me hanter un jour. C’est un amour inné, qui surprend par son intensité intrinsèque, qui ne se réfléchit pas et qui n’a pas besoin d’être bâti, contrairement à celui d’un amour de couple ou lors d’une adoption. C’est de cet amour dont je rêve depuis si longtemps. Avoir un enfant me permettra d’y accéder, mais aussi de transmettre mes valeurs, mes acquis et ma vision de la vie.
Pour finalement choisir
Cette décision est la plus difficile qu’il m’a été demandé de prendre de toute ma vie, car je dois abandonner mon bonheur actuel afin de pouvoir en bâtir un plus grand ailleurs. Mais peu importe le choix que je fais, ma vie sera heureuse, car j’ai appris que le bonheur m’appartient et qu’il est intrinsèque à chacun.
Cependant, certaines décisions impliquent un passage difficile vers un bonheur futur et supérieur. Ma capacité d’acceptation sera mise à rude épreuve pour accueillir le rythme effréné de l’occident; pour résister à la pression de la performance nord-américaine; pour m’éloigner des technologies illusoires; pour voiler les artifices futiles, éphémères et fugaces; pour retrouver une communauté de partage aussi remarquable qu’au Malawi; et pour redévelopper une unité familiale telle que j’avais avec Alice, Doreen et Vanessa.
J’aurai toutefois la possibilité de me donner le temps de tomber en amour et d’envisager la venue de mon propre enfant. Je pourrai l’élever dans un environnement où j’aurais eu de la difficulté à le faire ici au Malawi. Mon pays d’accueil des deux dernières années possède d’extraordinaires qualités et avantages, mais n’offre pas un milieu rêvé pour un enfant, du moins pas selon ma vision personnelle de l’éducation.
Contrairement au jour où j’ai tout vendu pour quitter le pays, je ne fuis rien cette fois. Je ne me sauve pas d’un « mal-être » comme je le faisais il y a presque trois ans. J’ai atteint mes objectifs de détachement matériel plus que je le souhaitais, et je me suis rapproché énormément de mes véritables valeurs tels l’altruisme, l’authenticité, la générosité, le partage, l’amour et l’amitié. Ces trois dernières années m’ont beaucoup appris. Elles m’ont permis de devenir plus sincère à moi-même et me permettrons, je l’espère, d’être encore plus heureux au Québec.
Prendre la décision a été difficile, mais ce qui suivra sera beaucoup plus laborieux. Lors des prochains mois, je devrai progressivement renoncer à ce (et ceux) que j’aime ici. Mon retour en octobre ne sera pas de tout repos non plus. Je suis aujourd’hui incroyablement riche de l’intérieur (cœur et esprit), mais, à l’extérieur, je recommencerai presque à zéro.
Un excellent début
Même s’il y a encore beaucoup à vivre dans mon processus émotionnel, j’ai reçu l’excellente nouvelle d’avoir été choisis pour le poste de directeur de l’école Jeunes musiciens du monde de Sherbrooke. Avant de voir l’affichage de poste, ou même de connaître l’organisme, j’avais rêvé d’une telle opportunité, car elle allie mes passions et mes talents : arts, gestion, éducation, enfants, immigration et culture. Elle comporte aussi des conditions que j’avais toujours voulu à mon retour : 30 heures par semaine, localisée à Sherbrooke, avec une petite équipe et une clientèle 50 % immigrante.
Lors de mes exercices de visualisation précédents, je m’étais imaginé plusieurs sphères de ma vie combinant toutes ces passions et conditions, mais jamais je n’avais osé imaginer qu’elles seraient toutes comblées par mon emploi.
Suivre la musique de son coeur
Il y a de cela quelques années, j’ai participé à une fin de semaine de retraite (La Flambée). Pour l’occasion, on m’a demandé d’écrire un texte sous le thème de la musique de son cœur. Un texte qui me surprend par son intemporalité et sa large portée. J’aimerais vous partager ce texte qui, peut-être, vous aidera comme il m’a aidé.
Vous pouvez m’écouter le lire, sinon simplement le lire en silence ou avec la musique « The Letter That Never Came » de Thomas Newman. Lisez tranquillement en prenant le temps de savourer chaque phrase.
Semer l’amour c’est… suivre la musique de son cœur.
Faites comme moi et fermez les yeux.
Faites comme moi, fermez les yeux et tendez l’oreille.
Tendez l’oreille tout d’abord vers vous-même. Vers votre moi.
À priori, est-ce que, comme moi, vous avez l’impression de ne rien entendre? Est-ce que vous pensez vraiment qu’un silence complet règne à l’intérieur de vous? Eh bien, c’est faux.
Moi j’entends mon cœur. J’entends les battements de mon cœur. J’entends aussi ma respiration, qui s’harmonise à celle de mon cœur. J’entends leurs rythmes, synchronisés. Ce rythme qui représente la vie. Ma vie. Sans cette vie, je ne pourrais pas exister. Je ne pourrais pas non plus entendre cette petite voix qui me parle de temps à autre. Ni ces souvenirs qui surgissent et qui engendrent une gamme variée d’émotions à l’intérieur de moi. Sans mon cœur, je ne serais pas en mesure d’entendre mon moi.
Tendez maintenant l’oreille vers votre famille. Celle qui, comme moi, m’a mis au monde, celle qui m’a fait grandir, celle qui m’a tout appris. Celle que, un jour, à mon tour, je mettrai au monde, celle que je rêve de faire grandir et celle pour qui je serai toujours là. C’est cette famille qui me guide. C’est elle qui me sert de modèle, et qui, des fois, me sert aussi de contre modèle. Mais c’est toujours elle qui me permet d’avancer. C’est elle qui m’a montré à danser. Danser parmi les autres.
Tendons finalement l’oreille vers l’autre. Entendons la musique de l’autre. Si différente, mais en même temps si harmonique. Je ne peux changer la musique de l’autre. Je ne peux pas non plus lui imposer ma propre musique, parce que notre musique, à chacun, prend tout son sens dans le rythme de chacun de nos cœurs. Mais ça ne fait pas de sa musique, ni même de la mienne, une mauvaise musique. C’est simplement SA musique, celle qu’il ou elle suit avec son cœur.
On devrait tous suivre la musique de son cœur. Moi, aujourd’hui, je suis la musique que ma famille m’a enseignée, celle que j’ai adaptée selon ce que j’ai vécu dans ma vie et celle qui s’accorde parfaitement avec celle des autres. Oh, ce n’est pas toujours une musique qui est facile à suivre. C’est une musique qui change, une musique qui doute… trop souvent. Mais quand je m’arrête, que je ferme les yeux et que je tends l’oreille. C’est à ce moment-là que j’entends mon cœur et c’est à ce moment-là que je constate que j’ai en moi une pure et merveilleuse symphonie et qu’il me suffit de suivre cette mélodie et de lui faire confiance. Je n’ai qu’à suivre la musique de mon cœur puis tout va bien aller.
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La diversification religieuse
On aime tous avoir le choix. Ça nous procure souvent une impression de libre arbitre ou un sentiment de liberté individuelle. Mais pouvons-nous vraiment choisir notre religion, comme nous le ferions avec une marque de tomates? Au Malawi, j’assiste continuellement à cette consommation de croyances et à cette idée que notre spiritualité est purement intrinsèque, sans influence externe. Comme si nous achèterions une marque de tomate, seulement parce qu’elle nous fait vibrer de l’intérieur.
Consommation alimentaire
Quand tu entres dans un marché au Malawi, sur les cent vendeuses, il y en aura cinquante qui vendront des tomates. Toutes les mêmes cristies de tomates, toutes la même cristie de variété, toutes la même cristie de grosseur et toutes le même cristie de prix. Des milliers et milliers de tomates à perte de vue. Tu en viens à choisir les tomates du plus beau sourire. De plus, je ne sais pas comment, mais j’ai ouï-dire que c’est quand même assez payant de vendre des tomates.
Et je n’ai pas encore parlé des oignons…
Consommation religieuse
Comme la consommation de tomates, la religion est encore très importante au Malawi : 75 % de la population est chrétienne (incluant protestante et catholique) et 20 % sont musulmanes. Toutefois, au contraire de la variété légumière, il doit y avoir des dizaines de milliers d’églises (bâtiments) dans le pays. De plus, il existe des dizaines de différentes branches d’églises chrétiennes (croyances), et chaque branche présente de légères différences : Living waters, Church of Central Africa Presbyterian (CCAP), Bible believe, 7th day, Assembles of God, etc.
On dirait que, pour maintenir l’engouement, les différents pasteurs démarrent leur propre version de la religion. Certains prêcheront Jésus, d’autres Marie, d’autres les femmes, d’autres les enfants, d’autres accepteront certains péchés, d’autres valoriseront certains aspects de la société, d’autres seront le samedi, d’autres n’auront pas d’autel, d’autres auront des murs bleus, d’autres sentiront la lavande, d’autre mangeront des hosties au blé entier.
Chaque individu se fera présenter une panoplie de différents choix chrétiens, auxquels il pourra goûter et choisir pour une plus ou moins longue durée. Sa fidélité sera aussi longue ou durable que sa satisfaction et que le respect de ses valeurs personnelles.
Marketing religieux
Nous assistons là à la diversification religieuse, une technique très pratiquée en marketing, dans notre société de consommation occidentale. Les Africains peuvent donc consommer leurs croyances, comme nous le faisons avec nos meubles ou nos vêtements. Aussi, comme nous le faisons très souvent, nous consommerons des biens qui correspondent à notre groupe d’appartenance. Nous copierons nos amis ou les modèles qui nous ressemblent. C’est aussi le cas pour l’église africaine, où la plupart du temps, les membres choisiront une église parce que leur famille ou leurs ami(e)s ont choisi(e)s la même. La différence entre une église et une autre est tellement minime que les membres adapteront leurs croyances afin qu’elles correspondent à celle de l’église choisie, et non le contraire. Ils le feront souvent inconsciemment, rarement sciemment.
En fin de compte, que ce soit lorsque l’Occidental consomme ou lorsque l’Africain croit, l’individu répond plus souvent à un besoin d’appartenance sociale qu’à un besoin physiologique ou d’accomplissement. Ce qui peut nous questionner à savoir si nous avons réellement besoin de l’un ou de l’autre…
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Ma vie au Malawi | Nourriture
Je ne crois pas que le Malawi soit une destination intéressante pour les « foodies ». Heureusement, je me contente de peu, tant que ça remplit mon bedon. Malgré tout, je mange bien et en bonne quantité, mais pas très varié. Sixième et dernier article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.
Ingrédients
Au Malawi, particulièrement à Nkhata Bay, la diversité de mes repas dépend de la disponibilité des ingrédients et de ma créativité culinaire. Ceux et celle qui me connaissent savent très bien que le 2e est une lacune chez moi. Heureusement, j’habite avec une femme plus créative que moi.
Ce que j’apprécie particulièrement d’ici, c’est que nous cuisinons avec des ingrédients de base, ni transformés, ni pré-préparés. Je sais exactement ce que j’ai dans mes recettes : aucun agent de conservation, aucun de sucre ajouté, aucun nom bizarre avec beaucoup de « A », « E », « L » et « Y ».
C’est ce qui me fait peur au Québec. Nous avons de moins en moins conscience de ce qu’il y a dans la nourriture que nous achetons. Et comme on veut que ça aille bon goût, mais que ça ne contienne ni gras, ni sucre, ni sel, les compagnies doivent compenser avec plein d’autres ingrédients nocifs. Je ne veux pas m’attarder sur le sujet de la nutrition, mais je constate le problème depuis que je cuisine au Malawi.
Voici donc une liste d’ingrédients et d’aliments avec lesquels nous devons composer :
Fruits et légumes
En tout temps
- Aubergines
- Bananes
- Carottes
- Citrons
- Fèves vertes
- Oignons
- Oranges
- Patates irlandaises
- Patates douces
- Pommes (1 $ chaque)
- Poivrons verts
- Tomates
Saisonniers
- Ananas
- Avocats
- Mangues
- Tangerines
Autres
- Bœuf
- Nsima
- Pain
- Poissons (Butterfish, Chambo, Chat, Usipa)
- Poulet
- Riz
- Spaghetti
- Beurre d’arachides
- Confiture
- Miel
- Sel, poivre, caris
Repas
À la maison, nous cuisinons, sans four, avec seulement un BBQ au charbon. Pour chaque repas, nous trouvons des combinaisons selon le schéma suivant:
La semaine, nous déjeunons avec de simples sandwichs au beurre d’arachides. La fin de semaine, nous varions entre crêpes, pains dorés, patates sautées ou pouding au riz.
Il serait possible de trouver d’autres ingrédients ou de manger des plats occidentaux, mais ils sont beaucoup plus dispendieux et seulement disponibles à Mzuzu, à 1 h de route.
À suivre...
J’ai publié quelques articles sur ma vie au Malawi. Ils ont exposé et décrit les détails de ma famille, ma maison, mon travail, ma routine, mon budget et ma nourriture. Maintenant, je serai plus actif sur Facebook. Je prendrai régulièrement le temps de relater des événements au fur à mesure qu’ils surviennent. Ce blogue servira alors aux partages de plus longues ou profondes réflexions ou événements.
Ma vie au Malawi | Budget
Mes décisions m'ont forcés à vivre simplement (certains diront pauvrement), avec un faible revenu, mais surtout avec des dépenses au seuil minimal. Ce mode de vie m'a toutefois poussé à une belle réflexion sur la valeur de l'argent. Cinquième article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis an et demi déjà.
Décision non monétaire
Quand j’ai pris la décision de rester au Malawi pour un an, je ne l’ai pas fait pour des raisons monétaires, loin de là. Je savais très bien, qu’au mieux, je réussirais à ne pas utiliser mes modestes économies le temps de mon séjour. Je savais aussi que pour y arriver, j’apprendrais à réduire mes besoins au minimum et requérir peu pour vivre.
Si vous questionnez les gens autour de vous, ce qu’est le strict minimum pour eux, vous serez surpris de la diversité des réponses que vous obtiendrez. Même chose si vous demandez s’ils sont riches ou non. Personne, ou presque, ne vous répondra « oui ». C’est tout à fait normal, nous nous adaptons à notre environnement et nous fixons nos besoins minimaux selon notre revenu. Nous modelons aussi nos dépenses conformément à nos revenus.
De mon côté, j’ai fait le choix d’une vie tout en simplicité, à faible revenu. L’une des raisons pour laquelle j’étais partie en octobre 2016, c’était parce que j’accordais une importance trop grande à ce que je possédais et que cette composante m’éloignait de mes autres valeurs fondamentales comme l’altruisme, la générosité et l’authenticité. Je me suis donc jeté dans des contextes qui me forcèrent à me simplifier; qui m’obligèrent à trouver mon bonheur dans des choses non matérielles et plus accessibles.
Grâce à cette nouvelle habileté, entre autres, je m’exige moins de dépenses et je m’accorde la liberté de choisir des emplois quelques fois moins bien rémunérés, mais qui me passionnent et qui ont un motif authentique pour moi. Comme celui que j’occupe actuellement et ceux que je chercherai plus tard.
Mes revenus et dépenses sont les suivants (en dollars canadiens):
1re année
De septembre 2017 à 2018, je recevais un salaire mensuel de 115 $ (65,000 kwachas malawiens) et j’avais l’hébergement, les dîners de semaine à l’école et tous les soupers inclus. Toutes les autres dépenses découlaient de mon maigre salaire (déjeuners, repas de fin de semaine, transports, loisirs, sorties, soins, etc.).
Il est aussi important de souligner que Butterfly (l’auberge où j’habitais) offrait ses repas à un prix raisonnable pour des voyageurs de quelques jours, ou pour des bénévoles d’un mois, mais beaucoup trop dispendieux à long terme, pour un salaire réduit comme le mien. Quand tu fais 115 $ par mois, mais qu’un repas t’en coute 7 $, ça n’en prend que 16 et ton budget vient d’éclater. Il m’était aussi impossible de cuisiner ma propre nourriture sur place, sans réfrigérateur ni appareil pour cuire.
De toute façon, en mai 2018, avec mon amitié grandissant avec Alice et ses filles (voir mon article « Ma vie au Malawi | Vie familiale » ), je leurs ai demandé de déménager ensemble dans une maison et de partager moitié-moitié les coûts mensuels:
Location de maison | 30 $ |
Électricité | 10 $ |
Eau | 10 $ |
Charbon (pour la cuisson) | 10 $ |
Nourriture | 30 $ |
Autres | 25 $ |
115 $/mois |
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2e année
Depuis septembre 2018, je bénéficie d’un salaire de 180 $ (100,000 kwachas malawiens) par mois. Cependant, je me suis prouvé que je pouvais vivre (ou survivre selon certains) avec seulement 115 $. C’est pourquoi j’ai décidé que j’utiliserais tout le surplus pour mieux nourrir Alice, Doreen et Vanessa plus. Elles mangaient en bonne quantité, mais sans aucune variété et avec une carence en certaines vitamines. Le poisson, les feuillages et le Nsima (pâte de maïs) à chaque les repas ce n’est pas suffisant pour combler tous les besoins nutritifs, surtout pour deux fillettes en pleine croissance.
Je n’ai pas plus d’argent au final, mais mes actions me rendent heureux, c’est tout ce qui compte.
À suivre... Ma nourriture
Ma vie au Malawi | Travail
Un travail passionnel devrait-il aussi être nommé "travail"? Ma passion c’est d’être entouré d’enfants et d’avoir un impact chez les autres. En tant que directeur et professeur d’une école primaire, je me conforme à mes passions. Troisième article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.
Stepping Stones International Primary School en bref
Seule école primaire internationale privée dans la région de Nkhata Bay.
150 étudiants et étudiantes de la 1ère à la 6e année (nous ajouterons une 7e et dernière année en 2019-2020)
Un ratio de 50/50 étudiants payants et gratuits. Pour chaque étudiant qui paie des frais de scolarité, nous acceptons un enfant pauvre gratuitement. Un enfant qui n’aurait jamais la chance de recevoir une éducation privée de qualité comme celle que l’on offre. Parmi ces enfants pauvres, le tiers sont commandités.
7 professeurs, 1 homme à tout faire et une cuisinière à l’emploi (en plus des contractuels de construction ou de jardinage)
Un maximum de 30 étudiants par classe. Nous nous différencions des autres écoles publiques, car nous n’avons pas des classes de 80 à 100 élèves. Avec un nombre réduit d’étudiants, nous pouvons offrir une éducation personnalisée et cibler plus facilement les élèves en difficulté.
Enseignement en anglais seulement. Ni les étudiants ni les professeurs ne peuvent utiliser les langues locales pour s’adresser aux autres. Autant en classe, pendant les pauses et dans l’autobus.
Transport gratuit. Un autobus scolaire transporte plus de 80 étudiants entre la maison et l’école. En plus, un taxi amène 13 étudiants supplémentaires d’un autre village environnant.
Couverture des curriculums de l’Angleterre et du Malawi.
2 x 40 étudiants
1 x 80 étudiants


Mes rôles
J’assume à la fois, les rôles de manager de l’organisation et de directeur de l’école. En plus, je conduis l’autobus matin et soir.
Les tâches de manager et de directeur s’entrecroisent et varient entre : gérer l’argent; répondre aux besoins des professeurs, des parents et des élèves; accueillir et inscrire les nouveaux élèves; supporter le bon fonctionnement de l’école; superviser la construction de nouveaux bâtiments; embaucher le personnel et distribuer les payes; maintenir la discipline; encadrer les bénévoles; et j’en oublie probablement la moitié…
J'étais aussi enseignant...
L’an passée, ainsi qu’en début de cette année scolaire, je devais aussi enseigner à temps plein.
En tant que qu’enseignant, je donnais quotidiennement les cours d’anglais, de mathématique, de science et d’éducation physique aux élèves de 5e année. Je préparais et livrais aussi les cours d’informatique deux fois par semaine et les cours de « vie personnelle et sociale », une fois par semaine aux 4e, 5e et 6e année.
Comme nous enseignons deux curricula, nous n’avons pas vraiment de plan de cours officiel de fourni. Nous devons étudier les deux curricula et construire chacun de nos cours à partir de zéro. Pour le faire, nous avons accès à une banque limitée de livre de l’enseignant en provenance de l’Angleterre, du Canada et du Malawi, desquelles nous pouvons nous inspirer. Nous devons utiliser un peu de chacun des livres pour créer un cours complet.
À suivre... Mon quotidien
Ma vie au Malawi | Vie familiale
Cette deuxième famille ne remplacera jamais ma vraie famille, mais elle comble des besoins capitaux à mon bonheur. Mon amitié avec Alice et mon rôle parental envers Vanessa et Doreen correspondent à mes ancrages sacrés. Deuxième article d’une série de six, je vous partage cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenu occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.
Plusieurs d’entre vous le savez, je rêve d’avoir des enfants. J’ai beau être entouré de plus de 150 quotidiennement, j’ai besoin d’une plus grande proximité avec « mes » enfants et j’aime savoir qu’ils ont besoin de moi, autant que je dépends d’eux.
Pendant mes premiers mois ici, j’ai tranquillement développé une amitié avec la manager de Butterfly, Alice. Ce qui était de simples « Bonjour, comment ça va? » est devenu des visites de plus en plus fréquentes chez elles et des vacances en famille. Nous avons, entre autres, fait de la peinture faciale, passé une journée d’équitation, et été en aventure camping, trois jours à Usisya. J’habite aujourd’hui avec elles, nous partageons une maison des plus modestes, dans un village annexé à Nkhata Bay (voir les quelques photos à la fin de cet article)
Alice
Alice a deux filles, Doreen (12 ans) et Vanessa (6 ans), de deux pères différents, 100% absents. Le père de Vanessa a été présent pendant les 3 premières années de sa vie, pour ensuite avoir été « gentiment » invité à quitter la maison, à la suite de continuelles disputes, de batailles et maltraitances physiques de sa femme et de sa fille, prétextant être saoul (ce qui semble pardonner de presque tout comportements stupides ici au Malawi). Aujourd’hui, ni le père de Vanessa, ni celui de Doreen, ne subviennent aux besoins de leurs propres enfants.
Alice a un copain, qu’elle voit occasionnellement, et est ma meilleure amie. Elle ne veut vraiment pas se réengager sérieusement avec quelqu’un et je la comprends. Elle est indépendante et adore sa liberté. Plusieurs femmes devraient prendre exemples sur elle, au lieu de pâtir dans une relation de couple malsaine. Elle subvient à ses propres besoins, et ceux de ses filles. Elle travaille chez Butterfly, mais effectue aussi un retour aux études pour terminer son secondaire et ensuite devenir comptable. Elle n’avait pas encore pu terminer ses études parce que, très jeune, elle était tombée enceinte de sa première fille.
Doreen et Vanessa
À travers mes visites, je me suis attaché à elles. Doreen à 12 ans, a un comportement très féminin et veut toujours bien paraître. Elle est aussi super responsable et mature pour son âge. En connaissez-vous beaucoup des jeunes filles de 12 ans qui se lève à 5h30 tous les matins pour laver la vaisselle familiale avant de se rendre à l’école, pour ensuite faire les courses et cuisiner pour le souper de toute la maisonnée?
Il n’est toutefois pas question pour elle de marcher en ma compagnie pour se rendre en ville, ni de se montrer de l’affection en public. Elle me réserve tous les câlins et les « je t’aime » dans l’intimité de notre maison. Comme elle est plus agée, l’attachement a été plus long, mais combien fort maintenant. Elle me le démontre d’une façon différente que Vanessa, mais j’ai quelques fois l’impression que c’est plus fort.
Vanessa, elle, c’est tout le contraire. Elle n’a aucune gêne à me serrer dans les bras ou me donner des bisous devant les autres. Elle est constamment près de moi, toujours en contact physique avec une quelconque partie de mon corps. Des fois on marche main dans la main, d’autres elle s’assoit trop près de moi, ou sur moi, et d’autres fois elle s’immobilise et espionne au-dessus de mon épaule lorsque je travaille à mon bureau. Elle a une personnalité majoritairement masculine, n’accorde presque aucune importance à son allure et est extrêmement intelligente pour 6 ans.
Je les appelle mes filles, elles m’appellent papa, elles sont les enfants dont j’ai toujours rêvé. Les enfants qui, peut-être, empêcheront l’éventualité de mon retour au Québec, pour un processus d’adoption… Sinon, je devrai affronter la situation la plus difficile de ma vie: dire adieux à mes deux filles d’adoption et une amie qui m’est très chère (Juste à en parler aujourd’hui, j’en ai la boule à la gorge).
À suivre... Mon travail
Ma vie au Malawi | Introduction
Peut-être que mon quotidien et ma routine pourront intéresser quelques-uns d’entre vous? J’ai été encouragé à vous partager quelques articles sur ma vie au Malawi (famille, maison, travail, budget, alimentation). Sur cette vie qui me rend heureux, cette vie qui m’a tenue occupée et celle qui m’a fait rester dans cette magnifique communauté depuis un an et demi déjà.
J’ai publié mon dernier article il y a de cela un an. La raison est simple, je croyais que le quotidien de ma nouvelle vie au Malawi ne pouvait intéresser personne. Je pensais que je n’avais rien de captivant à partager. Que, malgré que je n’eusse jamais été aussi heureux, personne n’aimerait m’entendre parler de mon quotidien et de ma routine. On m’a toutefois dit que j’avais tort. Que ce qui pouvait me paraitre normal et monotone était passionnant pour mes lecteurs et lectrices.
C’est sur cette idée que j’ai décidé de publier quelques articles sur ma vie au Malawi. Ils exposeront et décriront les détails de ma famille, ma maison, mon travail, ma routine, mon budget, ma nourriture et peut-être plus. Ensuite, je serai plus actif sur Facebook. Je prendrai régulièrement le temps de relater des événements au fur à mesure qu’ils surviennent. Ce blogue servira alors aux partages de plus longues ou profondes réflexions ou événements.
Faire le choix
L’objectif n’étant pas de vous convaincre que je suis comblé ou que la vie est meilleure au Malawi. J’ai personnellement fait le choix d’être heureux ici et d’accepter les avantages et les irritants de ma vie ici. Je crois que nous pouvons tous faire les mêmes choix, peu importe où nous nous trouvons dans le monde.
Apprendre à être heureux
Pour moi, le Malawi m’a permis de trouver et accueillir certaines composantes de ma définition du bonheur. Il m’a introduit à une meilleure alimentation, à un rythme ralenti, à des responsabilités valorisantes, à des attentes raisonnables de mes performances, à un amour familial inconditionnel, à un côté humain souvent déstabilisant.
Tous des apprentissages qui seront applicables indépendamment de l’endroit où je me trouverai plus tard. Tous des acquis cruciaux pour m’éviter de revenir à ma vie précédente meublée de surplus de poids, d’anxiété, d’épuisement professionnel et de solitude. Et attention! Je ne blâme ABSOLUMENT pas mes emplois, mes collègues, ma famille ou mes amis. Je n’avais aucune raison d’être malheureux. Je n’avais simplement pas appris à être heureux. Ce à quoi j’espère m’être amélioré depuis les deux dernières années.
Sur ce, je vous laisse découvrir mon nouveau bonheur dans ces articles à venir…