Mon cœur bat à Nanthomba | Partie 1 (Photos et vidéos)
Après seulement trois semaines, je suis déjà en amour avec le Malawi. Je suis bénévole pour un organisme incroyable qui collabore à la réussite scolaire dans une école primaire et je visite des endroits majestueux comme Cape Maclear. Le Malawi et ses gens font vraiment battre mon cœur. Je me suis promis que seule l’expiration de mon visa de trois mois m’expulserait de ce pays, et encore.
H.E.L.P. Malawi | Nanthomba, Malawi
H.E.L.P. Malawi (Hope, Educate, Love, Protect), créée en 2002, a comme principale mission de permettre un avenir aux enfants des régions rurales du Malawi et de leur permettre, en développant leur potentiel académique, de devenir les leaders de demain. Dès ses tout débuts l’organisation voulait que ses activités soient rapidement permanentes et transférées à la communauté locale. C’est pourquoi le gouvernement a aujourd’hui l’entière responsabilité de l’école primaire de Nanthomba, classée 3e meilleure école du pays pour les hautes performances académiques de ses élèves. Une grande victoire pour H.E.L.P., mais surtout pour la communauté locale. Aujourd’hui, les principales activités de H.E.L.P. Malawi se limitent à : participer à la continuité de la qualité de l’éducation à l’école, soutenir le développement de l’anglais, de la musique, de l’informatique et de la couture grâce à des cours supplémentaires; accorder des bourses scolaires pour les élèves entrant au secondaire; encourager l’agriculture permanente en soutenant un jardin scolaire; et collaborer de diverses façons avec l’hôpital local.
Une collaboration scolaire à Nanthomba
Parce que je suis arrivé un peu tard dans le trimestre, je ne pourrai malheureusement m’impliquer que six semaines. Si ce n’était pas le cas, j’y serais incontestablement resté plusieurs mois. Cet endroit est extraordinaire et correspond vraiment à ce que je recherche dans mon aventure. Tout d’abord, l’organisation est bien établie et est respectée par la communauté locale. Elle recherche aussi à rester un atout et non une nécessité à Nanthomba en collaborant au lieu de régner.
En ce qui me concerne, je participe tout d’abord au programme d’enseignement de l’anglais offert après les heures de cours. Ce qui est bien, c’est que les élèves se font offrir le diner avant les classes, ce qui leur évite d’avoir l’estomac vide (sachant que leur dernier repas remonte à plus de 6 heures).
J’accompagne ensuite quotidiennement cinq groupes de cinq élèves en difficulté de la 4e, 5e et 6e année et je leur organise des activités pour favoriser leur apprentissage de l’anglais. Je viens tout juste de commencer, ça nécessite énormément de préparation, mais je peux vous promettre que ces élèves vont me faire pleurer au moment de mon départ tellement ils sont attachants.
J’habite littéralement à 30 secondes de l’école, dans une maison pour les bénévoles avec Sarah, la coordonnatrice des stagiaires et la responsable du programme d’enseignement de l’anglais. Une femme super intéressante, qui voyage continuellement et qui, depuis l’âge de 21 ans, n’a jamais habité au même endroit plus de deux années consécutives. J’y reçois donc régulièrement la visite des élèves de l’école et des enfants des villages environnants.
J’ai la chance d’avoir un réfrigérateur (oh merci mon dieu!), une chambre privée, un vélo pour me déplacer et l’eau courante (qui fonctionne seulement 6 heures par jour, et jamais le matin ni le soir).
Un anniversaire à Cape Maclear
Le 24 février, à l’occasion de la fête d’une amie de Sarah, nous nous sommes rendus à Cape Maclear pour 3 jours. Cape Maclear est un endroit aux abords du lac Malawi quelque peu touristique, mais adjacent à un village ce qui conduit à une ambiance unique et des rencontres impromptues. Ce fut une fin de semaine magnifique remplie de plaisir, de soleil, de bonne bouffe, de jeux d’eau avec les enfants, de nuits courtes et de maux de dos (pour des raisons que j’ignore, mon matelas de camping recelait des dizaines de minuscules perforations, me rabattant au sol après seulement 10 minutes).
Les jeunes musiciens talentueux qui chantent pour la fêtée.
Tikondane Community Center | Katete, Zambia (Photos et vidéos)
Mon passage ici fut bref, mais tellement enrichissant. En seulement quatre semaines, j’en ai appris énormément sur la permaculture et sur la gestion d’une organisation communautaire. J’y ai aussi rencontré de merveilleuses personnes et tissé quelques liens. Je suis toutefois partagé sur mes sentiments face à cette expérience.
Tikondane Community Center | Katete, Zambia
Un peu de tourisme avant Tikondane
Après mon passage au Zimbabwe, je traverse en Zambie. Comme Katete se situe à l’autre extrême de la Zambie, je rejoins un ami de Hong Kong qui m’a contacté via le site Travel-Buddies.com pour se joindre à moi, et nous visitons la région de Livingstone.
Tout d’abord, nous ne pouvons pas manquer les chutes Victoria. C’est un lieu touristique, mais vraiment impressionnant qui remplit bien notre première journée ensemble.
Le lendemain, nous nous rendons dans le village de Mukuni, à quelques kilomètres de Livingstone. Ce village, quoique tout près d’une ville fortunée, est d’une pauvreté surprenante. À notre arrivée, on nous oblige à faire un don 5 $ pour encourager la communauté et on nous force à prendre un guide pour visiter le village. Tête de cochon comme je suis, je refuse le guide et nous feignons de nous rendre au marché du coin pour ensuite nous glisser entre les huttes du village et échapper à la guide bourrue qu’on nous avait assignée. Ça en valait la peine, car il n’est pas habituel pour les villageois de Mukuni de voir deux « muzungi » (hommes blancs) marcher par eux-mêmes et ils se permettent de nous approcher pour amorcer la discussion. À mon plus grand bonheur, les enfants s’attroupent autour de nous et j’en profite bien sûr pour sortir mon traditionnel paquet de cartes. Les gens nous présentent leur village, nous invite chez eux et les enfants nous suivent et rient. Nous rencontrons aussi Noa, avec qui nous passons la majeure partie de notre journée et qui nous invite à sa répétition de chorale. J’y suis resté pendant près de deux heures, à simplement me laisser bercer au son de cette merveilleuse beauté vocale.
Direction Katete
Nous avons 15 heures d’autobus à faire pour nous rendre de Livingstone à Katete, en deux jours. Mon nouvel ami a le super-pouvoir de s’endormir après cinq minutes sur la route, moi pas. C’est donc un 15 heures que je passe en bonne compagnie à discuter et à partager ma musique avec moi-même. En plus, l’auberge de jeunesse où nous choisissons de dormir à Lusaka, la capitale de la Zambie, me donne l’occasion de faire la connaissance avec mes premières punaises de lit. Heureusement, j’avais des soupçons sur la salubrité de l’endroit et j’ai dormi avec ma doublure d’appoint en soie . J’ai aussi évité d’ouvrir mon sac à dos et je l’ai laissé, couvert de ma housse imperméable, dans un endroit sec et surélevé de la chambre. J’ai ainsi réussi à limiter la contamination aux vêtements que je portais et à certains articles. Nous arrivons donc à Tikondane Lodge le 23 janvier.
Tikondane Community Center
Il y a de cela 18 ans, une enseignante médicale allemande à l’hôpital St-Francis à Katete constata que le niveau d’alphabétisation était anormalement bas dans la région et décida d’enseigner la lecture et l’écriture aux habitants locaux. Après seulement quelques mois, une de ses étudiantes lui avoua que pour les villageois, bien avant le besoin d’être capable de lire et d’écrire, venait le besoin d’avoir un emploi. C’est alors qu’elle ouvrit une auberge et un restaurant, offrant du coup des emplois à plusieurs personnes des environs.
Au cours des années suivantes, elle ajouta une panoplie de projets communautaires tels une école préscolaire et primaire, des cours aux adultes, des programmes d’aide alimentaire pendant la saison des sécheresses, etc. Tous ces projets ont comme objectif d’aider les communautés de Katete à sortir de la pauvreté.
19 étapes pour sortir de la pauvreté
L’une des plus grandes et promettantes des initiatives de Tikondane Community Center est les « 19 étapes pour sortir de la pauvreté ». Ce projet consiste à 19 étapes que les familles doivent suivre afin de combattre la malnutrition et afin de devenir autosuffisante avec ce qu’elles cultivent et élèvent.
En détail, les cinq premières étapes sont théoriques et expliquent le fonctionnement du corps humain et des bactéries. Les étapes 6 à 13 concernent l’alimentation, l’importance d’une diète variée et le compost. Les étapes 14 à 19 introduisent l’élevage d’espèces animales hautes en protéines, soulignent l’importance des familles réduites, proposent un modèle d’arrangement de la maisonnée et détaille la nutrition des femmes enceintes et allaitantes.
À travers ces 19 étapes, j’ai moi-même appris que le labourage des champs est plus nuisible qu’utile et que le jardin en sacs permet d’être mobile et de cultiver à l’intérieur pendant la saison de sécheresse. J’ai aussi appris que la moringa contient 7 fois les vitamines C d’une orange, 4 fois les vitamines A d’une carotte, 4 fois le calcium d’un verre de lait, 3 fois le potassium d’une banane et 2 fois les protéines d’un yogourt… Quand même puissant et nutritif comme légume.
Malgré la pauvreté, la saison des pluies, les insectes et la chaleur, Tikondane c’est surtout des gens extraordinaires, travaillants, chaleureux et intelligents. Ce sont des enfants curieux, allumés et dynamiques. C’est une communauté proche et des familles unies. Des personnes qui me manqueront, même si on ne se connait que depuis peu.
Sentiments partagés
J’ai de la difficulté à définir comment je me sens à l’égard de cette expérience à Tikondane. D’un côté, j’ai grandement appris et j’ai reçu beaucoup de gentillesse, tous les jours. Les gens ici voulaient mon bonheur. Toutefois, comme Tikondane Lodge est aussi une business, j’étais incapable de savoir s’ils le faisaient par devoir ou par pur bon cœur. Je ne veux pas dire par là qu’ils s’obligeaient à être aimables et attentionnés, mais plutôt que, certaines fois, ils auraient été plus vrais en exprimant leurs réels sentiments et opinions sur moi ou sur les moments que l’on partageait ensemble. En réaction à ce blocage de leur part, je n’ai pas réussi à aller en profondeur dans ma relation avec eux.
De plus, il existe une tension constante entre les employés et la directrice. Celle-ci, à la veille de se retirer après 20 ans d’implication, semble avoir abandonné son admiration, voire même son respect, envers les employé(e)s de Tikondane. Elle n’a aucune patience, lève le ton constamment envers eux, ne se gêne pas pour leur faire savoir leur incompétence et les dévalorise régulièrement. Nécessairement, ce genre de conduite entraîne un désengagement et une aversion de la part des membres de la communauté. Il règne donc un environnement de potinage, de calomnie et même de haine quelquefois.
Même si je n’ai été ici qu’un mois, je commençais déjà à ressentir cette ambiance sur mon moral et mon tempérament. Je n’avais déjà plus envie d’aider la directrice irrévérencieuse et la fermeture partielle des employé(e)s m’empêchait de tisser des liens. Je ne suis néanmoins pas amer à la suite de mon expérience avec Tikondane, je dirais toutefois que je ne crois pas avoir changé leur vie, ni même énormément la mienne.
Les enfants eux
Les enfants, eux, toujours aussi intéressés et intéressants, auront réussi à me changer. Que ce soit lors de nos rencontres au village ou lors des quelques fois où j’ai passé la journée à l’école préscolaire, ils auront touché mon coeur.
Journée à l'école préscolaire de Tikondane.
On joue à "1-2-3...Soleil!" et je leur parle de mon aventure.
Ma prochaine destination est Liwonde au Malawi, un minuscule village à 250 km de la ville importante la plus proche, où j’enseignerai l’anglais aux enfants d’une école primaire. C’est tellement éloigné que je dois faire mon épicerie (sauf pour les légumes) dans la capitale pour le mois complet de mon séjour. J’ai tellement hâte!
4 défis en 4 jours au Zimbabwe (Photos et vidéos)
En raison de mon séjour prolongé au Lesotho et au coût journalier élevé du Zimbabwe (dollar américain), j’ai décidé de limiter ma visite du Zimbabwe. Un pays aux paysages époustouflants et aux habitants chaleureux, que j’aurais peut-être l’occasion de découvrir en profondeur ultérieurement. Malgré mes déplacements rapides dans le pays, j’ai vécu des moments uniques et marquants. J’étais de toute façon obligé de traverser le pays pour continuer mon chemin en Zambie, mais comme je n’aime pas trop la facilité et le confort, j’ai décidé d’en profiter pour me lancer quelques défis.
Défi 1 : Auto-stop à Bulawayo
Tout d’abord, je suis entré au Zimbabwe au moyen d’un trajet de 15 heures en autobus et me suis fait débarquer à Bulawayo, l’une des plus grandes villes du pays. De cet endroit, j’ai tenté de me rendre à l’auberge The Farmhouse, située à plus de 75 km, sur le pouce! J’ai donc dût fuir l’acharnement des chauffeurs de taxi locaux, sortir de la ville (environ 10 km de marche) et continuer à marcher sur la route principale menant à l’auberge. Pour la première fois de ma vie, j’ai levé le pouce vers le ciel en espérant qu’une voiture s’arrête. Je savais que si aucune d’entre elles ne m’embarquait, j’en avais pour un minimum de 10 heures de marche. Malgré la difficulté que ça nécessiterait, j’avais accepté cette seconde option.
Heureusement pour moi, je me suis rappelé qu’en Afrique, on ne fait pas d’auto-stop en levant le pouce en l’air, mais plutôt en faisant un signe de ralentir d’une main et un signe spécifique de l’autre main pour désigner la destination finale (main ouverte, poing fermé, pointer à un 1 doigt, à 2 doigts, etc.). Comme je n’avais aucune idée du second signe, je me suis contenté d’intensifier le signe de ralentir, et ça a marché. Un homme m’a amené à un endroit non loin (Hiking spot) d’où je pouvais espérer une voiture en quelques minutes, pour 3 $ US (au lieu de 60 $ US avec la navette offerte par l’auberge) et l’opération complète en seulement deux heures. Mon premier défi a donc été relevé avec succès!
Défi 2 : Camping à Bulawayo
Il y a de cela deux jours, je me suis procuré une tente et un matelas gonflable (j’avais déjà acheté le sac à couchage en novembre dernier) pour me permettre de mieux improviser mes destinations et pour réduire les coûts d’accommodation. C’est donc ici, à Bulawayo, que j’ai fait du camping pour la première fois de mon voyage. Après avoir monté ma tente, je me suis glissé à l’intérieur à la tombée de la nuit. Même si j’ai perdu plus de 40 livres depuis octobre, je fais quand même six pieds et un pouce de longueur, et je suis resté tout aussi large des épaules. Mon matelas, même si je l’aime beaucoup, ne me permet pas de me tourner et d’y être à l’aise autant que dans mon ancien grand lit double à Makhapung. Sinon, pour le reste ça va et j’ai quand même réussi à passer une nuit légère, mais complète. Défi relevé!
Défi 3 : Parc National de Matopos à vélo
Comme dans la plupart des parcs nationaux en Afrique, tu peux visiter celui de Matopos avec un guide et une voiture. Toutefois, les parcs nationaux dont tu peux explorer à la marche ou encore mieux en vélo se font plutôt rares. Je me suis donc loué un vélo de montagne et j’ai enfourché l’engin pendant quelque 30 km pour y découvrir, sous un ciel pluvieux, des panoramas verdoyants, des cavernes anciennes, des montagnes abruptes et quelques animaux. Ce fût une journée éprouvante physiquement, mais haute en émotions et en admirations. J’avais le cul en feu, mais j’ai réussi mon défi!
Défi 4 : Un train à Hwange
Pour passer de Bulawayo à Victoria Falls, le moyen de transport le plus original et populaire est le train. Ce train est unique, car il est vieux de plus de 50 ans et passe directement dans l’un des plus grands parcs nationaux du Zimbabwe : Hwange. Comme j’étais en première classe en plus, c’était un peu comme être passager du Titanic, mais sans l’océan et sans Jack Dawson. J’ai aussi tenté d’apercevoir le plus d’animaux possible. Même si ça peut sembler simple, comme le train en est un de nuit, je devais me lever très tôt pour augmenter mes chances. C’est donc à partir de 4 h du matin que je suis parvenu à observer quelques éléphants et des cerfs (un peu décevant).
Et je traverse déjà les frontières de la Zambie…
Prélude à Thabiso
Un mélange d’amertume, de fierté et d’excitation s’empare de moi au moment où je m’apprête à quitter l’endroit qui aura été mon premier chez moi hors Québec. L’endroit qui m’aura accueilli, nommé Thabiso (rend heureux ) et qui provoquera un serrement de cœur. J’y aurai donné, aidé, appris et partagé. Je sens maintenant que je suis prêt à continuer et à avancer.
Objectif atteint?
Il y a de cela déjà presque deux mois, dans mon article « Faire la différence autrement », je vous ai fait part d’une promesse que je m’étais faite. Lors de mon arrivée à Makhapung au Lesotho, j’avais rencontré une personne qui avait perdu le goût de vivre et je ne pouvais pas me résoudre à la quitter sans avoir tenté de lui transmettre un peu de mon optimisme et de ma joie de vivre. Dès les premières fois où j’avais jeté mon regard dans ses yeux, j’avais vu en elle une personne forte, rayonnante et merveilleuse; il ne me suffisait alors que de lui faire voir à elle aussi.
Chaque matin, tout au long de mon séjour, je lui préparais le café et attachais, à l’anse, un petit papier. Sur ce papier, y était inscrit un compliment. Un compliment très simple, mais véridique et profondément significatif. Ensuite, tout au long de la journée, je m’appliquais à lui faire voir comment elle est une personne extraordinaire et comment la vie pouvait être d’une beauté rare quand on prenait temps de s’y attarder. En ignorant les laideurs du quotidien et en accentuant les joies, j’ai tenté de lui faire voir le bon côté de chaque moment. Aussi, un jour, j’ai été surpris par le rapprochement de son histoire avec celle des paroles de la chanson « Les elles » d’Ingrid St-Pierre. Je me suis donc empressé de traduire les paroles et de lui faire découvrir à son tour. Je vous offre de la découvrir aussi.
Petite moi rafistolée
Un peu plus grande
Un peu plus forte
Reprends la route la tête haute
Pour ne plus jamais la rendre
Et les quelques plumes perdues
Je les rattraperai doucement
Ficelles et papiers collants
Je bricolerai mes ailes d’avant
Et tout le ciel espère
Des envolées sans les volières
Un peu plus grande un peu plus forte
Et les quelques plumes perdues
Je les rattraperai doucement
Ficelles et papiers collants
Je bricolerai mes ailes d’avant
Tout en restant humble sur mon impact lors de mon absence, je crois avoir atteint une grande partie de mon objectif. Tout d’abord, du côté non verbal, j’ai observé une attitude différente de jour en jour : plus de sourires, rires plus fréquents, acceptation de son passé, lexique relatif à « demain », etc. De plus, je me permets de citer quelques-uns de ses partages : « Depuis 3 semaines que je te connais, tu as changé ma vie. », « Pendant de courts laps de temps dans ma journée, je me sens heureuse. Le reste du temps, je n’ai plus de pensées suicidaires. » ou « J’ai le goût de remettre ma vie en ordre et de me bâtir un futur. », mais surtout : « Avant de te rencontrer, j’avais planifié laisser mon fils à son père et mettre fin à mes jours. Tu as tout changé. Tu m’as rendue plus forte, tu m’as redonné confiance en moi et tu m’as donné des raisons de continuer. Dans quelques jours, je vais aller porter mon fils et je vais revenir à Makhapung fière, la tête haute et plus vivante que jamais. ».
Je ne sais pas ce qu’elle deviendra ou si elle continuera à croire en elle indéfiniment à la suite de mon départ, mais mon optimisme me permet d’espérer que les graines de bonheurs que j’ai réussi à semer dans son cœur continueront à faire des petits. Je me permets du moins d’y rêver, car rien ne pourra jamais empêcher le rêve.
Les dernières semaines
Même si la liste de mes accomplissements des dernières semaines ne fera jamais rayonner une énumération d’exploits de voyageur, ils n’en sont pas moins vrais, authentiques ou empreints de fierté : ma relation avec les membres de la famille s’est développée, j’ai tissé des liens avec une grande partie de la communauté et mon quotidien était chargé de partages, d’accolades, de rires, de jeux et de joies.
Dans mon quotidien, j’ai vécu des événements spéciaux comme la présence des autres membres de la famille de Mapaseka (frère, sœurs, neveu et nièce) ou le 25 décembre lorsque nous nous sommes tous rendus en ville pour célébrer le baptême du plus jeune enfant de son frère. C’est au retour, lorsque nous étions tous dans le caisson du pickup à crier « Merry Christmas! » à tous les passants, lorsque nous avons dansé aux abords de la route et lorsque nous avons chanté pendant notre longue montée à la maison que j’ai compris que je faisais vraiment partie de cette merveilleuse famille.
C’est aussi lorsque j’ai traversé le village à cheval et que les villageois criaient mon nom à tour de bras, surpris de me voir aussi à l’aise, que je compris qu’on m’acceptait et m’appréciait à Makhapung. C’est aussi lorsqu’une trentaine d’enfants faisaient la file pour se faire nettoyer les oreilles et se voir offrir une manucure maison que j’ai me suis senti flatté et utile. C’est également la veille du jour de l’an où l’on m’invitait à me joindre aux danses traditionnelles et aux célébrations que j’éprouvais un énorme privilège. Ou bien, c’est le jour où les enfants du village ont décidé de me bâtir une propre petite maison à Makhapung, que je me suis senti comblé.
C’est finalement, lors du dénouement de mon aventure à Makhapung, le jour de mon départ, lorsque les enfants nous voulaient pas retourner à la maison au coucher du soleil, lorsque je reçus les plus beaux messages d’adieux de la famille et lorsque chaque membre de la communauté me gratifiait d’accolades, de sourires et de larmes que je pris conscience de l’énorme deuil que j’aurais à faire.
Un manque se crée, un vide se comble
Je ne regrette pas d’avoir accepté cette invitation incongrue de cette passagère de Makhapung, dans cet autobus à Underberg. Je suis content d’avoir développé une nouvelle grande amitié avec Mapaseka. Je suis fier d’avoir eu le courage, seulement après deux jours, de changer mes plans, de demander à rester plus longtemps et de vouloir m’impliquer. M’impliquer dans un village où il n’y avait jamais eu de visiteurs plus de trois jours, ni même de programme de bénévolat déjà mis en place. D’avoir offert un peu de mes connaissances, mais surtout de mon humour et de mon ouverture d’esprit. D’avoir tranquillement gagné la confiance de la famille, des enfants et, ensuite, des adultes du village. Mapaseka me manquera, sa famille me manquera, Makhapung me manquera, les gens me manqueront, les enfants me manqueront aussi.
Tous ces manques seront, je l’espère, comblés par ce qui m’attend dans les prochaines semaines. Je commencerai par traverser le Zimbabwe; un pays dispendieux dont j’ai décidé d’annuler la visite, étant donné que je viens de m’arrêter plus longtemps que prévu au Lesotho. Ensuite, je visiterai la Zambie pendant quelques semaines, pour finalement m’arrêter, une seconde fois, faire du bénévolat à l’est du pays. Je ne sais pas encore où exactement ni pour combien de temps… je laisserai l’imprévu me conseiller, comme je l’ai laissé m’orienter au Lesotho.
Makhapung | Lesotho
Makhapung | Lesotho
Joyeux Noël (et Bonne année)!
Une partie de la communauté de Makhapung et moi tenons à vous souhaiter un merveilleux temps des Fêtes, rempli d’Amour et de joie, ainsi qu’une superbe année 2017.
Les climats de Makhapung (Vidéos)
Voici la gamme complète des climats qu'on peut rencontrer l'été à Makhapung au Lesotho... quelques fois dans la même journée.
Soleil
Soleil et vent
Grêle
Orage
Makhapung et moi (Photos et vidéos)
Depuis déjà un mois, je partage le quotidien d’une communauté extraordinaire : Makhapung au Lesotho. Cette communauté m’a ouvert une place dans leur vie et m’a offert ma première opportunité d’échange équitable. Alors, je compte y rester jusqu’en janvier 2017. Je vous en donne TOUS les détails.
Lesotho
Je vous ai déjà un peu parlé du Lesotho et des Basotho dans mon article "Les plans changent"
Le Lesotho est le seul pays du sud de l’Afrique dont toutes les frontières sont entourées par un seul pays, l’Afrique du Sud, et seulement quelques postes frontaliers permettent d’y accéder. Environ deux millions de Basotho y habitent et près de 40 % de ceux-ci vivent sous le seuil de la pauvreté. Depuis 2013, une route flambant neuve sillonne les nombreuses montagnes du pays. Celle-ci fut heureusement construite par les habitants, mais sous un investissement chinois.
Au Lesotho, on y retrouve le sommet le plus élevé au sud du Kilimandjaro : Thaba Ntlenyana. Je l’ai grimpé le 14 novembre. Sans toutefois être extrêmement difficile comme montée, au sommet, on se retrouve au-dessus des nuages et le vent qui y domine est très intense. J’en ai eu le visage et les lèvres brulés pendant quelques jours.
Maseru est la capitale du Lesotho et j’ai pu la visiter le 26 novembre 2016. Comme je n’affectionne pas particulièrement les villes, j’en ai profité pour me promener au centre-ville et refaire le plein de certains trucs essentiels qu’on ne trouve pas à Mokhotlong : du Nutella, du chocolat et du vin. Je ne suis aussi permis un luxe : une douche, et chaude en plus (je vous promets bientôt un article sur mes expériences de bains).
Makhapung
On peut diviser le Lesotho en deux : les hauts plateaux et les bas plateaux. En haute altitude, on retrouve le populaire Sani top, des villes telles que Qacha’s Nek, Mohale’s Hoek et Mokhotlong (endroit où je vais faire mes courses). Il y a aussi un été froid, un hiver « frette » et du vent, beaucoup de vent. En basse altitude, le vent souffle aussi, mais à plus faible vélocité. Les étés sont chauds, les hivers froids et on y trouve les villes de Maseru, Butha-Buthe et Hlotse. C’est aussi en basse altitude qu’on peut, si on porte bien attention, y apercevoir le village de Makhapung, où je réside.
Une moyenne de 100 Basothos habite Makhapung, incluant un étranger : moi. On y trouve une proportion presque égale d’hommes et de femmes, ainsi qu’une quantité plus élevée d’enfants. Les femmes s’occupent de la maison, de la cuisine, du jardin et des enfants. Les hommes, eux, travaillent dans les villes aux environs, ou sont bergers et promènent le bétail le jour durant afin de lui offrir une alimentation et un exercice adéquat. Ils et elles parlent tous et toutes sesotho et quelques-uns et unes anglais, de base. Comme dans tout bon village du Lesotho, il y a des petits commerces, un bar, un puits, des jardins, des animaux, et une guérisseuse traditionnelle.
Enfants du village de Makhapung
Dance basotho avec les enfants du village
Mon quotidien
Au quotidien, j’ai longtemps été en mode « observation » et je le suis encore. J’apprends à cuisiner, à nettoyer, à aller aux toilettes, à me laver et à laver mes vêtements… des tâches si simples au Canada. Régulièrement, j’aide à la maison en buchant, en jardinant, en allumant le feu ou en peinturant. Rappelons aussi que tout se fait sans aucune électricité. Donc l’éclairage, la cuisson et le chauffage de l’eau se font au gaz ou au bois.
Lorsque les nuages s’absentent la nuit, j’ai droit à l’un des plus beaux spectacles de ma vie : un ciel incroyablement étoilé! Je m’étire donc le coup pendant plusieurs minutes et je consomme les astres. J’ai justement écrit un article sur le sujet : « Un ciel ÉTOILÉ ».
Une fois par semaine, c’est l’épicerie. On prend le taxi-bus vers 8 h 30 le matin et on se rend à Mokhotlong, la ville la plus proche, à 20 km de Makhapung. Comme il n’y a pas encore de supermarché où on peut tout trouver au même endroit, chaque commerce offre une partie de ce qu’on a besoin : fruits, légumes, fèves, riz, pain, du porridge, des œufs, cannages divers, etc. Afin de tout obtenir, nous devons compter trois à cinq endroits différents et environ trois heures. On revient ensuite les mains pleines en taxi-bus. C’est pendant cette même journée que je m’installe dans un café internet et que j’en profite pour vous partager mes expériences.
Mon implication
Je suis constamment à la recherche de différentes façons de m’impliquer. Comme le village n’a jamais reçu de bénévoles, ils n’ont jamais réfléchi à ce qu’un étranger comme moi peut leur apporter. Pour les aider, je leur ai fourni une copie de mon CV simplifié. Toutefois, ce n’est pas toujours évident de provoquer du nouveau tout en respectant leurs habitudes journalières des villageois et le rythme africain.
Pour le moment, l’école primaire locale et l’école de bergers m’ont demandé de donner des cours d’informatique (Introduction, Word, Excel, PowerPoint, Paint, etc.) aux professeurs, aux 3es années (brève introduction seulement) et aux 6es années. L’école étant maintenant terminée depuis le début décembre, j’ai mis en place un horaire hebdomadaire de classes ouvertes à tous, ainsi que quelques activités supplémentaires les samedis. Cet horaire couvrira toute la période pendant laquelle je crois rester à Makhapung. Oui, j’ai décidé de passer le temps des fêtes au Lesotho. Mon appartenance et mon attachement à cette petite communauté me permettront de supporter la distance qui me sépare de ma famille et de mes proches, surtout en cette période particulièrement philanthropique de l’année.
École de bergers
Comme je vous le disais, les hommes (et souvent les jeunes garçons) s’occupent des animaux du village et quittent la maison très tôt le matin pour y revenir en fin de journée. Une femme du village trouvait désolant qu’ils n’aient pas accès à une éducation adéquate. Plusieurs ne savaient pas lire ni écrire, autant en anglais qu’en sesotho. Elle a donc commencé à inviter les bergers des environs chez elle à la tombée du jour, vers 19 h, pour leur offrir un bon repas et de nouvelles connaissances. Quelques années ensuite, des missionnaires canadiens lui ont offert de construire une école spécialement pour les bergers. Aujourd’hui, c’est une moyenne quotidienne de 65 bergers (30 seulement en été) qui se déplacent à cette école pour apprendre.
En parallèle, j’aide aux activités du village comme à l’accueil des visiteurs ou la reconstruction de la route principale. J’ai aussi entrepris d’apprendre le français à Mapaseka, car elle a régulièrement des groupes de la France à guider.
Technique pour retourner une énorme pierre... à jus de bras
Bulungula | Afrique du Sud (Photos)
Bulungula | Afrique du Sud
Après deux nuits à Coffee Bay et une randonnée de deux jours, je me suis enfin retrouvé dans un village typique comme je les aime. Bulungula abrite une communauté traditionnelle Xhosa et ses habitants se maquillent régulièrement le visage avec de la terre glaise et parlent le xhosa, une langue composée de "clics". Je m’y suis arrêté sept jours et j'en suis tombé amoureux.
Résumé de mes activités
- Habiter dans une auberge colorée et paisible: Bulungula Lodge;
- Déjeuner aux crêpes sur la plage pendant le lever du soleil;
- Me permettre une randonnée équestre;
- Participer à une journée "Pouvoir aux femmes" pendant laquelle j’ai :
- Été maquillé selon la tradition Xhosa;
- Réparé les murs d’une hutte avec un mélange de terre et de caca de vache;
- Transporté du bois et de l’eau sur ma tête;
- Broyé du grain de maïs pour les poulets;
- Découvrir un village, une langue et un peuple traditionnel Xhosa, dont je suis tombé amoureux;
- Avoir l’honneur d’être invité à un rituel Xhosa, pendant lequel on sacrifie et mange une des vaches familiales afin de purifier les nouveaux enfants nés depuis le dernier rituel.