Une rencontre qui questionne

C’est pendant une courte marche d’après-midi dans le quartier où mon hôtel se trouve à Sumbawanga, après avoir fait l’achat d’une délicieuse et rare pomme rouge, que j’ai senti un regard sur moi. En me retournant, je l’aperçois, cette fillette d’à peine 10 ans, souriante, les yeux brillants en ma direction. Nos regards se croisent à peine une fraction de seconde, car aussitôt ses yeux se baissent au sol, son visage caressé par la douceur de son voile jaune; elle est musulmane.

En m’assoyant au sol, près d’elle, je lui offre une partie de ma pomme, qu’elle refuse, mais me pointe de l’offrir à sa plus jeune sœur qui joue dans la boue à ses côtés. Tout au long de ma dégustation, que j’essaie d’étirer au maximum, elle me scrute lorsque je ne la vois pas. Sa curiosité combat ce qu’on lui a enseigné à ne pas faire : fixer un homme du regard.

Je tente ensuite ma chance avec mon lecteur mp3. Je lui tends mes écouteurs en lui faisant comprendre qu’elle peut écouter ma musique. Elle refuse encore une fois. Puis, elle décline même mon célèbre jeu de cartes! J’observe qu’avant chacune de ses interactions avec moi, son regard cherche celui d’un homme assis non loin. Cherche-t-elle son approbation ou sa distraction?

Une fois ma pomme grugée jusqu’au dernier pépin, j’abandonne devant mon impuissance face à ses traditions religieuses. Je la quitte et nous échangeons un dernier regard soutenu du plus beau des sourires.

La religion musulmane me fascine, m’intrigue et me frustre. Tant de potentiel et d’amour étouffés derrière ces voiles. Des femmes de tête, des leaders de demain et des modèles à suivre resteront anonymes à cause de cette coutume. Cette rencontre éphémère m’aura beaucoup apportée. Cette beauté à la peau foncée aura réussi à me troubler et à me blesser. J’ai la conviction qu’un plus profond échange avec ce diamant de vie m’aurait tellement appris et m’aurait changé. Déception. Regret.

Malheureusement, mon opinion est fondée et teintée par mon ignorance; une réaction à la source même du racisme, du sexisme, des préjugés et de plusieurs horreurs de ce monde. Je m’en excuse et promets de me sortir de cette naïveté le plus rapidement possible.

Je suis retourné prendre une photo d’elle, prétextant vouloir tester mon appareil.

La faim

Ici en Tanzanie, je souffre continuellement de la faim car celle-ci présente deux problèmes : elle passe avec le temps et elle disparaît peu importe ce que tu ingères.

Le problème avec la faim c’est qu’avec le temps, elle passe. Tu n’en souffres donc que quelques minutes, ensuite elle disparait et tu te sens mieux; au pire tu as moins d’énergie, mais de quelle énergie as-tu vraiment besoin quand tes journées se résument à rester assise devant ta table à tomates à attendre un client aux deux heures?

Et si jamais tu te décides à manger lorsque la faim se présente, tu avales ce que tu as sous la main, aussi malsain que ça puisse être : boule de pâte frite (« fatball »), triangle de friture avec trois minuscules graines de viandes à l’intérieur (« Mandosi »), canne à sucre (eau sucrée naturellement), beigne, etc. Sinon, tu attendras ton plus copieux repas, sans diversité nutritionnelle, qui sera la même chose qu’hier et que demain : Nsima (pâte à base de cassava ou de maïs) accompagné de fèves et d’une minuscule portion de légumes verts (feuille de citrouille, chou vert ou moringa). Car l’autre problème de la faim, c’est que peu importe ce que tu ingéreras, elle va aussi disparaître.

Ici en Afrique, ça prendrait plus d’éducation pour mieux comprendre les besoins nutritionnels du corps et les apports nutritifs d’une alimentation diversifiée, mais aussi plus de temps pour cuisiner au lieu de s’emparer de la malbouffe vendu dans la rue. Toutefois, ça prendrait avant tout de l’argent et l’argent, on n’en chie pas (encore).

Mais moi, qu’est-ce que j’en sais? Encore qu’ici, en Tanzanie, j’ai la connaissance, le temps et l’argent, je soufre quand même de la faim et d’une mauvaise alimentation à tous les jours.


Provoquer le déséquilibre (Partie 2 de 2)

(Suite) Quand je regarde derrière moi, je ne peux m’empêcher d’être fier de cette aventure aussi édifiante que celle d’Aider Sans Compter. Après sept mois de voyage, de découvertes, de bénévolats, de hauts et de bas, incluant les évènements survenus dans les dernières semaines, je ressens le profond besoin de prendre des décisions courageuses et radicales qui provoqueront un nouveau déséquilibre.

Hier

Aujourd'hui

Malgré toutes les nouvelles limites personnelles que j’aurai repoussées dans les sept derniers mois, je sens aujourd’hui que j’ai atteint un équilibre et une zone de confort prématurés qui m’ont donnés l’impression que j’étais prêt à m’arrêter de voyager et à m’installer à un endroit à plus long terme.

C’est toutefois en étant confronté aux dilemmes des dernières semaines (l’offre d’emploi, la bourse, le retour à la maison et la continuité de mon aventure) que j’ai constaté que j’ai encore de la difficulté à prendre des décisions et que j’ai toujours des réponses à trouver sur mon avenir. J’avoue que je ne saurais pas encore clairement répondre à la question : « Qu’est-ce que tu veux dans la vie Francis? ».

Je suis cependant parvenu à définir une partie de la réponse. J’ai entre autres découvert certains nouveaux ancrages sacrés qui composent ma recette personnelle du bonheur. En plus de devoir côtoyer des enfants sur une base régulière et d’avoir un impact chez les autres, je sais que je dois arrêter de fuir, que je dois créer pour moi et que je dois expérimenter les arts pour être heureux. Pour le peu que ça puisse représenter, je veux trouver ma voie… ma vocation. J’ai beaucoup accompli et expérimenté dans ma vie jusqu’à présent et il ne me reste maintenant qu’à choisir une trajectoire de vie plus claire et plus fidèle à moi-même.

Il faut bien comprendre que je suis loin d’être malheureux. Au contraire, je suis plus heureux que je ne l’aie jamais été. J’ai cependant de la difficulté à comprendre pourquoi et comment. Trouver les réponses à ce genre de grandes questions de la vie se fait sur plusieurs années et nécessite souvent de grandes provocations dans l’équilibre de la vie.

Je vais donc tenter de déclencher un déséquilibre dans mon aventure, ce qui engendra peut-être l’émergence de certaines émotions du cœur. Le genre d’émotions qui contribuent à discerner mes vérités du bonheur.

Demain

Je m’aventure donc en Tanzanie sans aucune réservation et sans aucun plan. J’ai même évité dernièrement toute conversation avec les autres voyageurs sur ce qu’ils ou elles recommandent de faire ou voir dans le pays.

Le seul élément sur ma « liste à faire » est la visite du quartier, de l’ancienne maison et des amis de la famille André pour laquelle j’ai fait du tutorat pendant un an avant mon départ. Je leur ai fait la promesse que je ferais tout en mon possible pour entrer dans le camp de réfugiés où ils ont tous grandi (les cinq enfants, incluant le plus vieux de 17 ans, sont tous nés dans le camp de Nyarugusu).

Pour me permettre de m’éloigner, de me perdre et d’atteindre des régions inaccessibles de cet immense pays, j’ai fait l’achat d’une moto que je revendrai à la fin de mon parcours ainsi que d’une carte papier du pays. J’aimerais pouvoir tourner à droite lorsque tout le monde tourne à gauche.

Au menu : faim, soif, fatigue, coups de soleil, froid pendant les nuits, barrière de la langue, bris mécaniques, crises de larmes, fous rires, rencontres inoubliables, etc.

Je vais souffrir physiquement… je vais guérir émotionnellement.

Il se peut fort bien que cet article soit l’une des dernières nouvelles que vous aurez de moi dans le prochain mois.


Provoquer le déséquilibre (Partie 1 de 2)

Quand je regarde derrière moi, je ne peux m’empêcher d’être fier de cette aventure aussi édifiante que celle d’Aider Sans Compter. Après sept mois de voyage, de découvertes, de bénévolats, de hauts et de bas, incluant les évènements survenus dans les dernières semaines, je ressens le profond besoin de prendre des décisions courageuses et radicales qui provoqueront un nouveau déséquilibre.

Hier

Je suis fier d’avoir eu le courage de prendre une telle décision, d’avoir tout vendu et d’avoir fait le saut dans cette aventure.

Au tout début, l’Afrique du Sud fut une excellente introduction en m’offrant un bel avant-goût de l’Afrique tout en douceur. Cape Town, quoique très européenne, avait une tonne d’activités vacancières à offrir, ce dont j’avais besoin après tant de mois à travailler et à préparer mon voyage. Ensuite, mes deux grandes randonnées, Bulungula et Drakensberg, ont, quant à elles, défié mes capacités physiques. J’étais toutefois encore dans un état d’esprit de voyage limité par le temps. Le genre de voyage que l’ont fait en vacance, avec un billet d’avion de retour.

Le Lesotho est venu à la rescousse de ce rythme devenu malsain pour le type d’aventure à laquelle je m’étais engagé avec moi-même. Ce pays dynastique, si contrastant du pays qui l’entoure, avec ses montagnes vides d’industrialisation, ses paysages d’antan et ses habitants se contentant de vivre une vie qu’ils, comme plusieurs Africains, n’ont pas choisis. J’en garde le souvenir d’avoir accompli si peu en deux mois, sans aucune culpabilité, ce qui n’est pas rien chez moi. Le Lesotho a également répondu à beaucoup de mes questions au sujet de l’amour (de couple), un aspect de ma vie pour lequel j’ai l’aperception d’accumuler échec sur échec. Il m’a aussi permis d’accepter l’absence de ma famille et de mes ami(e)s pendant la période des Fêtes, en m’entourant d’une famille d’accueil intégrante et aimante. Le Lesotho a finalement ralenti ma vitesse de croisière, une nécessité avant de continuer mon chemin vers le nord.

Comme j’avais été au Lesotho plus longtemps que prévu, j’ai pris la décision de me simplement traverser le dispendieux Zimbabwe. Je garde toutefois d’excellents souvenirs de mon safari à vélo dans le parc national de Matopos et de ma locomotion en train vieux de 50 ans. C’est également dans ce pays que j’ai introduit le camping dans mon voyage pour me permettre de mieux improviser mes destinations et de réduire les coûts d’hébergement.

C’est ensuite en Zambie que j’ai rejoint quelqu’un avec qui je prévoyais voyager pendant quelques semaines. J’ai appris de cette expérience que j’ai maintenant des idées plus arrêtées sur ma vision de la vie, du voyage et plus particulièrement du bénévolat. Les règles du bénévolat éthique (voir les règles 1, 2 et 3) font maintenant partie intégrante de ma manière de voyager et il m’est difficile de développer une amitié sincère avec des voyageurs qui n’acceptent pas ou contredisent ces règles. C’est en Zambie que j’ai également eu l’opportunité d’observer une organisation solide (Tikondane) qui, selon moi, ne saura pas survivre à la passation de pouvoir entre la fondatrice et la relève. La Zambie m’avait cependant bien préparé à ce qui m’attendait au Malawi, car, sur papier, les deux pays se ressemblent énormément, mais je garde un ressenti plus froid et impersonnel de la Zambie. Cette dissonance est toutefois fondée sur mes expériences personnelles et j’ai entendu de très belles choses au sujet de la Zambie de la part d’autres voyageurs que j’ai croisés.

En définitive, le Malawi fut mon pays préféré jusqu’à présent. Ce pays extraordinaire correspond sur tous les aspects à la description préconçue que j’avais de l’Afrique avant mon arrivée, mais est quand même parvenu à me surprendre sur plusieurs points. Un beau mélange de simplicité, de pauvreté, de chaleur humaine et de paysage. Son lac couvre 20 % de la surface totale du pays et sa population entière dépend littéralement de cette étendue d’eau douce tant pour la pêche que pour l’irrigation et le nettoyage. Il fait partie du quotidien des Malawiens, comme il a fait partie de mon quotidien pendant les trois mois de mon séjour.

Ce sera au Malawi que j’aurai enseigné l’anglais et que j’aurai monté et présenté une pièce de théâtre sur le VIH avec de fabuleux élèves du primaire. Ce sera aussi ici que j’aurai postulé pour un contrat d’un an comme coordinateur de bénévoles internationaux pour H.E.L.P. Malawi, mais pour lequel je n’aurai pas été choisi. Et ce sera finalement ici que je n’aurai pas été choisi comme gagnant pour la Bourse « Osez l’Aventure » de Frédéric Dion 2017. Cette bourse aurait, oui, été une aide financière précieuse et une belle visibilité dans les médias, mais elle aurait surtout été une belle reconnaissance de grands aventuriers Québécois qui croient en mon projet et qui veulent m’encourager.

Après sept mois de voyage, de découvertes, de bénévolat, de hauts et de bas, incluant les évènements survenus dans les dernières semaines, je ressens le profond besoin de prendre des décisions courageuses et radicales qui provoqueront un nouveau déséquilibre.


Nkhata Bay | Malawi (Photos et vidéos)

C’est quand tu crois avoir découvert le meilleur endroit sur la planète que tu en déniches un autre mieux encore. C’est le cas de Nkhata Bay au Malawi. Après quatre semaines, j’y laisse ma plus grande fierté : une pièce de théâtre que j’ai montée avec 25 élèves de 4e année du primaire et que nous aurons présenté à plus de 650 étudiants dans 5 écoles locales. Je vous laisse regarder le résultat, ainsi que d’autres clichés de mon séjour.

Nkhata Bay | Malawi

Pièce de théâtre The Hiding Hyena

En trois semaines, j’aurai monté une pièce de théâtre avec 25 élèves de 4e année du primaire. J’ai commencé par adapter le livre « The Hiding Hyena », écrit et dessiné en 2004 par des élèves d’une école primaire ici même au Malawi. Le livre, et la pièce, traite du VIH et du sida. Les élèves et moi avons aussi fabriqué tous les décors, accessoires, costumes et masques.

Tous les jours pendant la dernière semaine, nous avons joué devant un total d’environ 650 étudiants dans 5 écoles locales. Je suis extrêmement fier de la performance de mes vedettes, sachant qu’en plus, ils ont joué dans une langue seconde, l’anglais.

Photos et vidéos de mon séjour


Le manger qui me nourrit

C’est quand même fou de penser que je n’ai jamais aussi bien mangé qu’ici en Afrique. C’est aussi assez étonnant que je sois revenu à mon poids d’il y a 10 ans (185 lb; 84 kg). Une chose est toutefois certaine, je n’y vois que des avantages.

Les gens qui me connaissaient avant mon départ l’ont tous remarqué et certains m’en ont même fait part : j’ai perdu beaucoup de poids. J’ai littéralement fondu de plus de 50 lb (23 kg) en seulement cinq mois, faisant ainsi passer mon poids corporel de 240 lb (109 kg) à 185 lb (84 kg). Une masse qui avait déserté ma vie depuis près de 10 ans.

Pourtant, je ne fais absolument rien pour perdre du poids. Je ne manque de rien et, quelques fois, je m’oblige même à manger plus pour freiner ma perte de poids. Je crois y être parvenu depuis les dernières semaines.

Je me suis alors mis à réfléchir aux raisons qui expliquent cette transformation.

Je sais ce que je mets dans ma bouche

Pour réduire considérablement mes dépenses, j’ai une alimentation indépendante et je cuisine mes propres repas (« Self-catering »); sauf lorsque je suis en déplacement d’une destination à l’autre. J’achète donc toujours mes propres aliments : fruits, légumes, pain, œufs, riz, pâtes, épices, condiments, breuvages, gâteries, etc. Nécessairement, en Afrique, il est difficile d’obtenir des aliments qui ne sont pas cultivés ou produits à l’intérieur du pays. La mangue ou le piment vert n’a donc que quelques heures de route dans le corps lorsque je l’achète au marché local. Encore, il m’est très fréquent d’acheter mon oignon ou mon maïs littéralement aux abords du champ où il a grandi. Fraîcheur garantie!

Ensuite, je rentre à la maison et je cuisine mes propres repas, à partir des ingrédients de base que je viens de me procurer : rien de transformé, de précuit ou de pré assaisonné. De plus, aucun agent de conservation, ce qui peut cependant compliquer la préservation et qui me fait presque jouir à la vue d’un réfrigérateur. Je sais donc TOUT ce que je mets dans mes recettes, dans mon assiette et dans ma bouche.

Tous les jours, je dois faire preuve d’imagination et de débrouillardise, car les conditions que je viens d’énumérer ne facilitent pas toujours une cuisine facile et rapide. Malgré tout, je réussis à profiter de délicieux repas tels des salades fraiches, des sauces maison, des sandwichs, des sautés de légumes et j’en passe. De temps en temps, je me permets aussi des viandes et poissons comme du poulet, du mouton, du tilapia ou du chambo.

Salade de couscous et saumons
Sandwich avocas, tomates et fromage, avec riz

Le temps que ça prend

Pourtant, je n’avais pas l’impression de mal manger lorsque j’étais au Québec. Oui, je me permettais un peu de « merde de clown » de temps en temps et beaucoup trop de Subway® (c’est vraiment économique lorsque tu te limites aux six pouces du jour, souvent sans trio), sinon je mangeais à la maison. Cependant, je réalise que je mangeais souvent de la nourriture prête à consommer, cuite au micro-onde, sans aucune variété et surtout BOURRÉE de sucre. Je présume que j’adoptais ces habitudes par manque de temps ou par lâcheté.

Pouvez-vous croire que c’est en Afrique, où la faim affecte une grande partie de la population, que je mange le mieux, en bonne quantité et d’une étonnante variété? Est-ce que c’est parce que j’ai le temps de cuisiner? Est-ce parce que je PRENDS le temps de mieux me nourrir?

Paire de seins de bas de dos

Plus léger qu’une plume de 185 lb

Je peux affirmer que je me sens très bien dans mon corps, que j’ai de super belles selles odorantes (connaissez-vous quelqu’un évacue du caca à l’odeur de lilas vous?) et que le poids que j’ai perdu n’a que des avantages :

  • Réduire la charge endurée par mon dos, mes hanches, mes genoux et mes pieds. Ce qui m’a permis de supporter de plus longues marches et randonnées (voir mon article « Marcher avant de courir »)
  • Me permettre d’ajouter une tente et un matelas de 6 lb (2,7 kg) à mon sac à dos sans trop en souffrir;
  • Perdre mes seins de bas de dos ;
  • Rendre mes vêtements amples et confortables (trop des fois);
  • Donner une deuxième vie à ma ceinture.

Changer pour s’améliorer

Je n’écris pas cet article dans un but de faire la leçon à qui que ce soit. Je ne dis pas non plus de tout changer et de tous devenir gourou de l’alimentation. Je constate seulement qu’il est possible de changer ses habitudes alimentaires comme on peut le faire avec nos habitudes comportementales ou de consommation. Il faut seulement faire le choix. Dans mon cas, le choix a été plus facile à faire dans un souci d’économie et dans un contexte de rationnement de l’offre en Afrique. J’espère cependant avoir la force de faire le même choix à mon retour à la maison.

Sauté de légumes avec frites maisons
Spaghetti sauce aux légumes

Finaliste pour la bourse Osez l'aventure!

Dernièrement, j’ai tenté ma chance pour une deuxième année consécutive pour la bourse Osez l’aventure de Frédéric Dion. J’ai appris cette semaine que je suis finaliste! Ça me touche toujours énormément de savoir que d’autres personnes croient en moi et en ce que je fais. Il ne me reste maintenant qu’à souhaiter que je sois sélectionné le 9 mai.

Merci à tout ceux et celles qui croient en moi!


Q & R : Comment faire pour rentrer 1 an et demi de voyage dans un sac à dos de 36 litres? | Les Bloopers (Vidéo)

Ce n’est pas toujours évident de produire une vidéo en Afrique. Ici, en plus de tout ce que nécessite la production vidéo, je dois aussi trouver un endroit tranquille, sans trop de bruit et à l’abri des enfants qui sautent devant les caméras comme si j’étais un producteur d’Hollywood. Voici donc les obstacles rencontrés lors du tournage de mes capsules sur le sac à dos.


Mon cœur bat à Nanthomba | Partie 2 (Photos et vidéos)

Encore une fois, je quitte un endroit incroyable, le cœur gros. Comme dans le cas du Lesotho, j’y laisse une partie de moi. Une partie de mon âme, parce que je ne me suis pas senti chez moi comme ça depuis longtemps, mais aussi une partie de mon savoir, pour y avoir enseigné l’anglais et l’informatique. Ce n’est toutefois rien comparativement à ce que j’aurai reçu en retour.

Moi à Nanthomba, Malawi

Depuis la dernière fois où je vous ai parlé de mon implication, j’ai continué à m’impliquer sur les mêmes projets. J’ai accompagné quotidiennement mes élèves en difficulté et je leur ai organisé diverses activités pour favoriser leur apprentissage de l’anglais. Par exemple, pour briser la glace, j’ai commencé par leur faire fabriquer leur propre étiquette de nom (« name tag »), que je leur faisais colorier et leur faisais inscrire au verso leurs âge, sexe, village et animal préféré. J’ai ensuite organisé une compétition de lecture et d’épellation de mots (évidemment, les enfants formaient leurs équipes selon leur sexe… c’est encore comme ça en Afrique). J’ai ensuite abordé les structures de phrases avec deux activités. Dans la première, ils devaient sélectionner les bons cartons où y étaient inscrits des pronoms, des verbes et des compléments, et y composer des phrases complètes. Dans la deuxième, ils devaient souligner, avec la bonne couleur, chacun des éléments des phrases que je leur donnais. J’ai terminé avec une chasse au trésor dans laquelle j’avais dispersé quelques dictionnaires pour enfant un peu partout dans la bibliothèque. Je leur demandais ensuite de piger une lettre de l’alphabet et de me trouver cinq mots commençant par cette lettre. Pour les plus vieux, j’ai ajouté le défi de m’écrire une phrase avec chacun des mots. Les plus rapides méritaient plus d’autocollants, selon le nombre de lettres qu’ils complétaient.

J’ai aussi continué à enseigner de l’anglais après les heures de cours. J’avais en moyenne 20 enfants par classe, les lundis, mardis et jeudis. Les activités étaient préparées par ma collègue Sarah et je n’avais qu’à donner les cours. Le défi pour moi était surtout de gérer une grande quantité d’élèves, particulièrement les plus jeunes de 4e année du primaire. Beaucoup de professeurs de l’école disciplinent les étudiants à travers les menaces, la peur et, quelques fois, par la violence physique. Les élèves difficiles sont donc souvent conditionnés à ne répondre qu’à de tels comportements face à l’autorité. De mon côté, je refusais d’utiliser ces méthodes datant des années 1950. Le résultat immédiat n’était peut-être pas le même, mais au moins, j’encourageais une relation de respect dans mes classes.

En plus de ces activités quotidiennes, j’ai organisé un après-midi de visionnement d’un film. Ça peut paraitre facile à première vue, mais ce n’est pas si simple lorsque tu dois prévoir la génératrice, acheter l’essence pour la faire fonctionner, trouver la salle à utiliser, installer des rideaux pour bloquer la lumière, installer l’équipement qui était entreposé au fin fond de nulle part, assurer son fonctionnement dont tu es le seul à comprendre, ainsi que gérer une foule de près de 200 élèves. L’activité fut toutefois un succès et les enfants ont adoré le film Wall-E.

J’ai finalement participé à une journée d’éducation et d’activité sur le VIH/Sida avec de jeunes adolescents. Cette journée était chapeautée par l’organisme Peace Corp et une visite du parc national était offerte aux enfants le lendemain.

Semer l’espoir

Avec 40 à 60 élèves par classe, ce n’est pas toujours évident d’offrir un enseignement personnalisé à chacun et chacune (même à 30 élèves, mes ami(e)s enseignant(e)s du Québec comprendront). Les élèves en difficulté que j’avais dans mes classes faisaient donc partie de ces enfants qui nécessitent seulement un peu de temps, d’attention et de distinction. En seulement quelques semaines, ces enfants ont progressé à une vitesse incroyable et la plupart d’entre eux et elles ont vu leurs résultats scolaires améliorés en anglais pour la fin du trimestre. Cela prouve qu’ils ont la capacité s’ils ont les ressources… mais les ressources sont malheureusement en carence en Afrique.

Pour deux de mes élèves, Aida Wilson, 16 ans, et Denis Simon, 12 ans, ce sera plus difficile de progresser que les autres. La première souffre d’épilepsie, ce qui lui cause un retard mental, et le second est probablement autiste. Mon défi pour ces deux trésors était de, tout d’abord, réussir à faire parler Denis en anglais et ensuite de faire lire, épeler et utiliser un mot dans une phrase à Aida. J’étais tellement content lorsque Denis m’a dit son nom et son âge et encore plus heureux le jour où Aida m’a prononcer la phrase « My name is Aida Wilson », après avoir réussi à lire et épeler elle-même le mot « name ». Mais ce qui était encore plus beau, c’était de voir toute la fierté dans les yeux de Denis et d’Aida lorsqu’ils y sont parvenus. Ce fut ma plus belle récompense.

Voici justement quelques clichés de la plupart de mes nouveaux espoirs :

Le cap sur Nkhata Bay

Après des adieux difficiles, Sarah et moi mettons le cap sur Nkhata Bay, à bord de l’Ilala, le célèbre bateau qui emprunte la seule voie navale reliant le sud et le nord du lac Malawi. Nous nous rendons tout d’abord à Monkey Bay, endroit où Hana Montana est la bienvenue et où il y a plus de bateaux échoués que flottants. C’est à partir de ce village que nous embarquons sur l’Ilala et découvrons notre cabine pour la durée du voyage. À quelques reprises, le bateau s’arrête pour débarquer et embarquer autant des passagers, que de la marchandise. C’est dans de tels chaos méthodiques qu’on peut observer toute la beauté et l’excentricité africaine.

Après 28 heures de navigation, l’Ilala nous débarque finalement sur les deux seules îles du lac Malawi, Likoma sur lesquelles nous passons quatre jours, pour ensuite prendre un autre bateau privé pour nous rendre à Nkhata Bay. Sarah continuera ses vacances pour encore une semaine, et moi, je débuterai une nouvelle aventure de bénévolat pour l’organisme local Butterfly Space .